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Au CIC de Poitiers, une chambre d’hôpital pas comme les autres

Le centre d’investigation clinique (CIC) de Poitiers dispose d’un équipement unique pour ses recherches : une chambre d’hypoxie qui simule l'effet de l'altitude sur le niveau d’oxygène. Plongée au cœur d’une étude pilote qui a pour objectif final d’améliorer les traitements contre le diabète.

National
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La chambre d’hypoxie du CIC de Poitiers date de 2021. Cette chambre d’hôpital, qui semble ordinaire, a pourtant une particularité : elle simule l’effet de l’altitude sur l’organisme. « En temps normal nous respirons avec 21 % d’oxygène dans l’air. Grâce à un système de ventilation ramené sur un extracteur, le pourcentage de l’air de la chambre est de 14 %. Elle permet donc d’analyser les réactions de l’organisme dans ces conditions et d’entraîner certains patients à mieux tolérer le manque d’oxygène » précise Pierre-Jean Saulnier, médecin coordonnateur et directeur du CIC.

Le diabète touche 6 % de la population française. L’axe de recherche Déclin fonctionnel et analyse multimodale (Declan) porté par Pierre-Jean Saulnier, cherche, entre autres, à comprendre les déterminants du déclin de fonction d’organes en lien avec les complications chroniques du diabète pour améliorer leurs traitements. Pour ce faire, l’équipe développe des approches de compréhension physiologiques et physiopathologiques grâce à la chambre d’hypoxie. Cet essai clinique a pour but de vérifier la précision de mesure des capteurs de glycémie en situation de « normoxie » (normale) et d’hypoxie (lorsque la disponibilité en oxygène est réduite). 

L’expérience va durer 3 heures et sera répartie en deux zones : une chambre d’hypoxie et un bureau détaché de la chambre. Les deux zones communiquent par une vitre et un interphone.

L’expérience nécessite la présence de plusieurs acteurs.

Alice Humbert est une volontaire saine âgée de 22 ans. « J’ai eu connaissance de cette expérience par mes camarades de fac. Après des tests, notamment un ECG et des prises de sang, pour s’assurer que je respecte les critères d’inclusion, j’ai accepté de participer à l’essai clinique. J’ai également été informée de tous les aspects de l’étude et j’ai signé un formulaire de consentement. En tant qu’étudiante en médecine je suis heureuse de pouvoir rendre service à la science. »

Tôt le matin, Alice Humbert est équipée par l’équipe de soin de capteurs qui serviront à mesurer sa glycémie.

Émilie Rabois, attachée de recherche clinique (ARC) assure la coordination de l’essai. Pendant l’expérience, elle est présente dans le bureau adjacent à la chambre d’hypoxie pour surveiller les constantes vitales de la volontaire saine à l’aide d’un écran. Émilie doit être en mesure de réagir en cas d’imprévu.

La diminution de la concentration d’oxygène dans le sang peut entraîner des effets indésirables. Pierre-Jean Saulnier, médecin, est donc présent aux côtés d’Alice durant l’expérience pour pouvoir intervenir en cas de malaise. 

Jennifer Lochon, infirmière de recherche, est présente en chambre d’hypoxie durant toute l’expérience. Elle est équipée d’un masque à air pour éviter la fatigue liée au manque d’oxygène. 

Corentin Faucher, doctorant, est présent au niveau de la console pour analyser, contrôler et surveiller les réactions physiopathologiques de la volontaire, notamment durant l’épreuve d’effort sur ergocycle.

11 h. L’expérience débute. Sitôt la porte passée, Alice se retrouve à 3 000 m d’altitude ! 

11 h 05. La volontaire saine, à jeun, commence par prendre un petit déjeuner précisément calibré à 60 g de glucides. 

11 h 15. Toutes les 15 minutes, l’infirmière de recherche effectue des prélèvements sanguins sur Alice Humbert qui serviront à analyser sa glycémie.

12 h 30. La volontaire monte sur l’ergocycle (vélo) pour pédaler durant une demi-heure. Le but de cette épreuve d’effort est de mesurer sa fréquence cardiaque en situation d’hypoxie.

L’ergocycle est relié au logiciel de Corentin. Ce dernier peut gérer la puissance du vélo en fonction de la fréquence cardiaque de la volontaire. Durant l’épreuve d’effort, Corentin veille donc à ce qu’Alice ne dépasse pas les 60 % de sa fréquence cardiaque maximale théorique.

Durant l’expérience, Émilie Rabois, ARC, questionne Alice à deux reprises pour s’assurer qu’elle ne souffre pas du mal aigu des montagnes qui se caractérise par des nausées, de la fatigue, des troubles gastro-intestinaux ou encore un mal de tête.

13 h. Après l’épreuve d’effort, la volontaire est placée au repos durant une heure avant de pouvoir quitter la chambre d’hypoxie. Cette période permet l’étude de son évolution glycémique en phase de récupération.

14 h. Au bout de trois heures, Alice Humbert peut quitter la chambre mais reste sous étroite surveillance au CIC durant deux heures.

15 h. Pendant ce temps, le centre de ressources biologiques (CRB) installé au sein du CIC, réceptionne les échantillons sanguins d’Alice. Les techniciennes de laboratoires, Auriane Balix et Stéphanie Guichart, préparent les échantillons. Elles effectuent un aliquotage des prélèvements sanguins, cela signifie qu’elles séparent le prélèvement en plusieurs échantillons identiques pour permettre son utilisation en plusieurs fois. 

Pendant ce temps, Sonia Brishoual, technicienne, range les échantillons d’Alice dans des congélateurs à – 80°C.

Cette étude pilote, qui a pour objectif final d’améliorer les traitements contre le diabète, nécessitera au total 15 patients et 15 volontaires sains. Avant l’été 2022, l’équipe de recherche espère pouvoir reproduire cette expérience sur 5 autres volontaires sains. Les prochaines étapes de l’étude seront d’évaluer la régulation de la fonction rénale (et de l’hémodynamique rénale) de patients diabétiques lorsqu’ils sont soumis à une hypoxie.

La chambre d’hypoxie servira également d’essai clinique chez les sportifs. Par exemple, le programme Extreme bénéficiera à la fois de la chambre d’hypoxie du CIC et des appareils de cryothéraphie d’une unité de recherche en sciences et techniques des activités physiques et sportive (Staps) de l’Université de Poitiers (laboratoire Move) pour étudier les adaptations croisées au froid et à l’hypoxie des sportifs.

© Inserm / François Guenet