Une spin-off est un type de start-up, une société issue de la recherche académique, créée dans le but de valoriser et commercialiser des découvertes scientifiques. Pour Spartha Medical, entreprise co-fondée par Philippe Lavalle, directeur scientifique de la société et directeur de l’unité Inserm Biomatériaux et bioingénierie, et Nihal Engin Vrana, président-directeur général, ce modèle doit permettre de rendre accessible aux cliniciens et aux patients de nouveaux types de revêtements antimicrobiens. Ces nouveaux revêtements sont capables de réduire significativement – autour de 50 % – le risque d’infections nosocomiales et post-opératoires, ou encore de favoriser le traitement des plaies chroniques, sans recours aux antibiotiques.
Philippe Lavalle explique : « L’objectif de la création de Spartha était double : développer nos recherches sur les biomatériaux antimicrobiens avec une visée industrielle, et rendre accessibles nos solutions aux patients et aux industries d’autres secteurs tels que la cosmétologie. Les financements obtenus grâce aux partenariats noués entre Spartha et l’industrie permettent de répondre à ces enjeux. Ces fonds sont pour la majorité réinvestis dans la recherche collaborative entre Spartha Medical et l’unité Biomatériaux et bioingénierie autour de nouveaux revêtements et hydrogels antimicrobiens mais également antiviraux et anti-inflammatoires toujours à base de biopolymères. »
L’un des avantages du modèle de la spin-off réside dans le fait que les chercheurs restent maîtres de leur technologie tout en se déchargeant de la gestion des aspects réglementaires, industriels et commerciaux liés à la mise sur le marché. Ce mode de fonctionnement accélère ainsi la transition de l’idée au produit concret.
Le fait de rester chercheur Inserm était important car je souhaitais poursuivre mes projets académiques
De l’unité de recherche à la start-up
Pour porter cette innovation au-delà de son unité de recherche, Philippe Lavalle s’est entendu avec l’Inserm pour allouer 20 % de son temps au développement de Spartha Medical.
La création de la société a été soutenue par la société d’accélération du transfert de technologies (SATT) Conectus. Celle-ci a appuyé les premières étapes du montage, que ce soit la gestion de la propriété intellectuelle ou la maturation technologique, afin de faire passer l’innovation à un stade de développement suffisant pour intéresser les investisseurs et les industriels.
Le recours à un incubateur de start-up, Semia / Quest for Health, a permis de consolider le projet entrepreneurial, notamment pour ce qui a trait à la définition du modèle économique et à la trajectoire de croissance de la jeune entreprise.
Au sein du laboratoire, le lancement de la start-up s’est appuyé sur les ressources technologiques du laboratoire via la mise en place de contrats de « mise à disposition ». Le chevauchement initial des périmètres des deux structures a permis de dynamiser le domaine d’étude sur les matériaux antimicrobiens et de chercher de nouveaux financement nationaux et européens.
Actuellement, Spartha Medical fonctionne de manière autonome et se concentre sur la production industrielle, tandis que le laboratoire s’attèle à développer de nouvelles innovations. Chaque structure dispose de moyens dédiés mais collabore à travers des projets ANR et européens. Philippe Lavalle complète : « Le passage de l’académique vers l’industriel était également une source de motivation, car c’était nouveau et stimulant d’un point de vue intellectuel pour les équipes qui m’accompagnent. Ainsi les doctorants par exemple sont très rapidement immergés dans un contexte industriel. »
Recruter pour accélérer sa recherche
La création de la start-up a permis de pérenniser du personnel qui était en CDD dans l’unité de recherche (un ingénieur, un post-doctorant) et de recruter des doctorants Cifre (Convention industrielle de formation par la recherche) qui viennent compléter les effectifs. Les thèses Cifre permettent de réaliser une recherche dans le cadre d’une collaboration entre l’unité et l’entreprise tout en étant inscrit à l’université. Les fonds générés par Spartha Medical et une aide de l’État assurent leur financement.
80 % des effectifs de la start-up Spartha Medical sont de jeunes professionnels âgés de moins de 35 ans. « Pour les premiers recrutements, je conseillerais de sélectionner également des profils seniors, car au sein d’une équipe émergente à effectifs réduits, l’autonomie est importante. Par ailleurs, la présence de collaborateurs expérimentés facilite la gestion des projets, donc ce type de profils doit aussi faire partie des premières recrues. »
Spartha Medical développe actuellement trois produits médicaux et va s’installer durablement au sein de Nextmed, un écosystème d’innovation en santé situé sur le campus de l’Hôpital civil de Strasbourg.
Une approche renforcée par l’intégration de cliniciens au sein de l’unité de recherche, qui permet de mieux identifier les besoins cliniqueset d’apporter des solutions concrètes au-delà du laboratoire.
L’aventure Spartha Medical n’est pas née d’une volonté de créer une société, mais plutôt de l’envie de pousser nos innovations au maximum de leur potentiel. Aujourd’hui, nous réfléchissons à chaque projet en nous demandant comment il peut bénéficier directement aux cliniciens et aux patients
Crédit Photos : Franck Hess