Appelons-le Swann. Swann est un jeune post-doctorant aussi brillant dans son travail que discret sur sa vie privée. Recommandé par son directeur de thèse, Swann a quitté son pays pour rejoindre une équipe de l’Inserm, dont les avancées en génomique sont mondialement reconnues. Swann fait l’unanimité auprès de ses collègues. Sa rigueur, sa disponibilité et son intuition comptent parmi les atouts de cette équipe, dont les méthodes innovantes permettent de défricher des champs encore inexplorés de la connaissance.
Ce que les collègues de Swann ignorent, c’est qu’à son arrivée en France, le jeune post-doc a été approché par les services de renseignement de son pays. Ainsi, l’université d’origine de Swann pourrait profiter des avancées de l’équipe Inserm sur des recherches susceptibles de conduire à une découverte majeure ou au dépôt d’un brevet.
La prisonnière
Autre exemple. L’année dernière, Adèle, qui dirigeait des recherches à l’Inserm, a été invitée à rejoindre pendant quelques mois une équipe étrangère dont les travaux convergent en de nombreux points avec les siens. Dès son arrivée, ses nouveaux collègues lui ont réservé un accueil chaleureux, et leurs échanges ont très vite été fructueux. Au-delà de relations strictement professionnelles, Adèle s’est liée d’amitié avec une jeune femme rencontrée lors d’une soirée. Peu de temps avant le retour d’Adèle en France, sa nouvelle amie lui a confié un colis à l’attention d’une connaissance.
Mais à l’aéroport, les douaniers ont identifié dans ce paquet une liasse de documents compromettants. À présent, Adèle est incarcérée au motif d’espionnage. Par leur proximité avec des informations confidentielles, les scientifiques peuvent être impliqués malgré eux dans des affaires diplomatiques.
Le FSD, les visiteurs étrangers et les missions dans les pays à risque
Fort heureusement, et contrairement à ces deux exemples, la plupart des déplacements ou l’accueil de ressortissants étrangers sont particulièrement enrichissants pour les personnels, et contribuent à faire avancer la recherche médicale. Néanmoins, ces deux récits fictifs, mais plausibles, rappellent que des précautions doivent être prises lors de tout déplacement international. À l’Inserm, le fonctionnaire de sécurité défense (FSD) veille sur les déplacements de personnel entre la France et l’étranger.
L’accueil de ressortissants étrangers, par exemple, est encadré par un document contractuel qui précise les conditions de travail à l’Inserm, ainsi que les droits et les devoirs du visiteur en matière de protection du patrimoine scientifique, technique et informatique. Les responsables d’unité doivent demander l’avis du FSD pour accueillir le ressortissant d’un pays hors Union européenne. Cette demande doit lui être adressée le plus tôt possible, dans l’idéal dès que le responsable d’unité juge la candidature recevable. Enfin, tout au long de son séjour, le visiteur est encadré par un tuteur de stage.
En sens inverse, les déplacements d’un agent Inserm à l’étranger nécessitent un ordre de mission, et toute mission dans un pays identifié à risques fait l’objet d’une demande auprès du FSD. Un nombre significatif de destinations sont considérées à risques pour des raisons politiques, militaires, terroristes, criminelles, sanitaires… Le site du ministère des Affaires étrangères classe ces pays en zone rouge ou orange. Cette liste est mise à jour deux fois par an dans Safir qui alerte les gestionnaires lors d’une demande de mission. Pour certaines, le FSD entre en contact avec les ambassades et prend des mesures destinées à assurer la sécurité des agents. Aussi les demandes d’avis doivent-elles lui être adressées le plus tôt possible.
De manière générale, toutes les missions appellent une certaine vigilance. À ce titre, le FSD propose une liste de recommandations lors de missions à l’étranger de courte durée. Ces recommandations vont des règles élémentaires de prudence et de sécurité à la vigilance en matière sanitaire selon le pays, et rappellent les mesures de sécurisation des données.
Rappel aux labos
Cette actualité est relative à la note n° 2021 – 007/Inserm/FSD du 12 avril 2021 ayant pour objet « Mise à jour des procédures de déclaration et de demandes d’avis au fonctionnaire de sécurité de défense de l’Inserm concernant les accueils dans les laboratoires et les missions à l’étranger ». Note transmise aux directeurs et directrices d’unité, ainsi qu’aux gestionnaires, et disponible sur demande auprès du FSD.
