La consommation mondiale de plastique dépasse aujourd’hui les 350 millions de tonnes par an. Dans les laboratoires de sciences de la vie, les chercheurs utilisent jusqu’à 20 fois plus de plastique qu’un citoyen européen moyen.
Le projet RedPlast-Up propose donc de faire évoluer les pratiques en se situant au niveau de l’expérimentation scientifique. Actuellement, les protocoles expérimentaux reposent souvent sur des consommables jetables en plastique, qui génèrent un coût environnemental élevé. En outre, de nombreuses études ont montré que le plastique posait d’importants risques pour la santé publique.
Librairie de protocoles écoresponsables
Le projet est né d’une initiative soutenue par l’ANR dans le cadre du programme Investissements d’avenir. Juliette Rosebery, chercheuse Inrae spécialisée dans l’écologie des microalgues aquatiques, explique sa genèse : « Dans le cadre de mes recherches, j’utilise majoritairement des consommables en verre. Mais récemment, lors d’une expérimentation un peu inhabituelle, j’ai constaté que j’avais rempli une poubelle de plastique. J’ai décidé d’approfondir la question de la gestion des consommables en laboratoire. »
Le premier objectif du projet est de créer une librairie de protocoles expérimentaux sobres, écoresponsables et facilement utilisables. Au travers de cette librairie, les scientifiques pourront rechercher si un protocole correspondant à leur expérimentation existe déjà. Si ce n’est pas le cas, il pourront créer et déposer un nouveau protocole afin d’enrichir la base de données. Cette librairie sera en accès libre.
Mesurer l’empreinte environnementale des protocoles
Le second axe du projet vise à développer un simulateur permettant d’évaluer l’empreinte environnementale de tout protocole, et de comparer différentes versions. Le mode de calcul de l’impact environnemental prendra en compte tous les appareils utilisés pour mettre en œuvre l’expérimentation. Par exemple, l’énergie consommée pour le cycle de lavage ou d’autoclavage, mais également celle nécessaire à la production du matériel employé…
Faire évoluer les pratiques en préservant le temps de recherche
Le projet souhaite prendre en compte les contraintes rencontrées par de nombreux chercheurs, ingénieurs et techniciens, telles que le manque de temps ou la difficulté à modifier des protocoles bien établis. Comme le rappelle Juliette Rosebery : « Il s’agit d’accompagner les scientifiques en créant des outils simples qui ne compromettent pas la qualité des recherches, et qui peuvent aider à concevoir des modalités expérimentales plus écoresponsables. »
Recherche durable
Les alternatives au plastique, qu’il s’agisse de réutiliser certains équipements ou d’opter pour des matériaux moins polluants, peuvent également s’avérer moins coûteuses à long terme. Par exemple, remplacer lorsque c’est possible les pipettes en plastique par des pipettes en verre réutilisables, ou encore acheter des pointes de pipette en vrac sont des solutions qui peuvent alléger l’empreinte écologique et le budget des laboratoires. Juliette Rosebery souligne : « Nous savons depuis 2023 que la réutilisation du plastique ou son remplacement par du verre s’avère très souvent économique. Cela a notamment été montré dans le cadre d’une recherche de Farley et Nicolet. »
Néanmoins, la réduction de l’usage du plastique dans les laboratoires nécessite de nombreuses étapes préliminaires. En effet, la réduction des consommables demande de pouvoir remettre en place des laveries pour le nettoyage du verre, ou encore de recruter du personnel dédié.
Partage des protocoles
Pour que la librairie de protocoles et le simulateur deviennent une réalité, les scientifiques sont invités à partager leurs protocoles d’expérimentation. Qu’il s’agisse de protocoles classiques ou de versions déjà optimisées pour la réduction du plastique. Juliette Rosebery souligne l’importance de cette démarche : « Nous avons besoin d’un maximum de données pour alimenter notre base de connaissances. Mais pour cela, il faut que la communauté scientifique nous aide. » Objectif : un déploiement des outils à horizon 2026 sur la plateforme Labos 1point5.
Pour partager un protocole de recherche, écrire à juliette.rosebery@inrae.fr