crédit photo : Jennifer Matusiak.
Parlez-nous de votre parcours professionnel
Éric Simon : Durant mon parcours, j’ai occupé les fonctions de chef des services financiers et agent comptable secondaire au sein de l’Inserm et du CNRS. En tant qu’inspecteur divisionnaire des finances publiques, j’exerçai précédemment les fonctions d’Agent comptable principal de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA). et depuis 2018, je suis délégué régional de la délégation Inserm Est.
Durant mon parcours professionnel, j’ai été en charge d’analyses financières et de l’instruction des demandes de subventions au plan régional (FEDER, FSE, CPER …). J’ai notamment participé à la mise en œuvre opérationnelle de la loi organique relative aux lois de finances (LOLF) et j’avais en charge la gestion des dépenses de l’Etat au plan départemental.
J’ai toujours eu une fonction financière, mais avec une implication à tous les niveaux et avec une envie de travailler en partenariat avec d’autres corps de métiers. J’ai toujours cherché à avoir une vision globale et pas uniquement limitée à mon poste.
Qu’est-ce que le projet Gestion des anomalies de facture (GAF) ?
E.S. : GAF est un outil de modernisation de la gestion financière des dépenses publiques. Il répond à des enjeux juridiques, comptables et financiers essentiels.
La LOLF et sa déclinaison par le décret sur la gestion budgétaire et comptable publique rendait officiellement possible la mise en place de contrôles allégés en matière de dépenses conditionnés à la traçabilité des anomalies relatives aux contrôles des factures.
Pour formaliser les anomalies, les tableaux Excel étaient privilégiés, faute de mieux, avec les lourdeurs d’utilisation et de partage des données. Il me paraissait utile d’entamer une réflexion sur une application dédiée à la gestion des anomalies de factures (GAF) et profiter de la mise en œuvre d’un dispositif rénové au CNRS initié en 2012.
Nous avons réfléchi en local à une application web simple et ergonomique pour les utilisateurs, qui permettrait une qualité de saisie et un reporting à destination du comptable et de l’ordonnateur dans l’approche global des risques en matière de traitement des dépenses, de l’engagement jusqu’au paiement final.
Mon idée initiale a été de penser qu’un service informatique disposant d’un développeur et d’une gestion de base de donnée nous permettrait en local d’initier une telle application moderne, partagée et à forte valeur ajoutée.
La vision était également que de l’unité, aux délégations régionales et aux Directions financières que les données puissent être partagées, analysées et devenir un outil de pilotage national. Projet ambitieux mais structurant qui a nécessité d’élaborer un cahier des charges précis.
Comment s’est déroulé ce travail collectif ?
E.S. : GAF a été lancé en 2012, lorsque j’occupai la fonction de chef des services financiers et agent comptable secondaire de la délégation Alsace du CNRS. Ce projet individuel est rapidement devenu collectif. Son développement a pris plusieurs années avec plusieurs phases de réflexion et de tests de recette.
L’essentiel était d’avoir un cahier des charges précis pour s’associer efficacement avec les informaticiens. Je me suis rendu compte que tout devient possible (ou presque) mais le besoin doit être mûrement réfléchi en amont.
La prise en considération et la compréhension réciproque entre acteurs métiers et informaticiens nous a permis d’entamer une réflexion vertueuse et complémentaire indispensable sur la conduite du projet sur la durée. Le sujet paraît simple, formaliser des anomalies de factures, mais est finalement très technique et nécessite une maîtrise parfaite des processus métiers et des finalités du projet.
Comme chaque projet initié en local, il faut y croire, démontrer sa pertinence dans l’intérêt des utilisateurs. Il faut aussi savoir convaincre.
La validation d’un déploiement national a été une première confirmation de la pertinence du projet. Ceci a nécessité une étape de formation et une phase d’accompagnement au changement. Aujourd’hui, tous les services financiers en délégation régionale utilisent l’application ainsi que les Directions financières du CNRS permettant ainsi une vision agrégée des données.
Mon implication m’a énormément appris sur la conduite d’un projet, l’esprit d’équipe et un peu de « politique » pour donner un avenir au projet.
Peut-on articuler cet outil avec l’objectif de simplification administrative du plan stratégique de l’Inserm ?
E.S. : Partager les bonnes pratiques et promouvoir les outils de simplification administrative est essentiel pour améliorer nos processus et moderniser l’Inserm.
L’outil de gestion des anomalies de facture peut paraitre éloigné de la mission d’accompagnement de la recherche. C’est un projet orienté finance mais qui doit permettre d’accompagner les unités en identifiant les difficultés en matière de dépenses et permettre une individualisation de l’accompagnement au vu des résultats issus des contrôles par unité. La maîtrise des dépenses à travers cette application renforce le pilotage financier de l’établissement et apporte des garanties vis à vis des tutelles et de la Cour des comptes.
GAF n’est pas transposable tel quel pour l’Inserm, mais l’expérience acquise sur ce projet nous permettra d’avancer sur la voie de la simplification administrative.
Qu’avez-vous ressenti lors de votre nomination au Cristal ?
E.S. : Bien que je ne fasse plus partie du CNRS, le délégué Alsace a souhaité m’associer à cette récompense. Je lui en suis très reconnaissant. Je suis à la fois fier individuellement et collectivement.
Avec la crise de Covid-19, les scientifiques de l’Inserm et du CNRS ont mis leurs forces en commun pour faire avancer la recherche et donner des informations scientifiques fiables à la société. Je pense que les personnels d’appui à la recherche doivent contribuer, aux côtés des chercheuses et des chercheurs, à l’avancée des outils et des techniques.
Le projet est une satisfaction personnelle, le Cristal est collectif … c’est parfait.