Quel est votre itinéraire professionnel ?
Nathalie Théret : Après un doctorat à l’institut Pasteur de Lille, j’ai été recrutée en 1991 à l’Inserm. Depuis 1993, j’exerce mes activités de recherche à Rennes où je codirige actuellement une équipe à l’Institut de recherche en santé, environnement et travail. Nos travaux portent sur le microenvironnement tumoral dans le contexte des maladies chroniques du foie. Je partage mon temps à 50 % entre la recherche et la médiation.
Comment êtes-vous devenue médiatrice ?
N. T. : Pendant dix ans, j’ai été directrice d’une école doctorale où j’ai créé une cellule de médiation. Dans la foulée, l’université de Rennes I m’a demandé d’être référente intégrité scientifique. Là, je me suis confrontée à la gestion de conflits et aux manquements à l’intégrité scientifique. J’ai mesuré à quel point la fonction de médiation était importante. D’où mon intérêt pour la mission.
Dans quel cadre s’inscrit votre travail ?
N. T. : Une médiation peut se faire à trois niveaux : dans le cadre de conflits entre personnes, entre groupes, et, à un niveau plus institutionnel, entre l’agent et son administration.
Comment se déroule une médiation ?
N. T. : La médiation repose sur l’engagement volontaire des participants. C’est d’abord une écoute confidentielle et bienveillante, sans jugement, qui permet d’identifier ou d’aider à formuler les difficultés. À partir de là, nous essayons de ré-instaurer le dialogue entre les parties prenantes en facilitant la communication. Une médiation réussie, c’est lorsque les personnes en conflit renouent le dialogue et identifient une solution acceptable par les deux parties.
Déontologue, déléguée à l’intégrité scientifique… N’y a‑t-il pas un risque de chevauchement entre les fonctions ?
N. T. : Ce sont des personnes ressources à disposition des agents qui occupent des fonctions complémentaires. Cependant, il arrive que nous soyons sollicités sur des requêtes hors de notre périmètre. Dans ce cas, nous orientons vers le bon interlocuteur.
Comment gérez-vous les conflits ?
N. T. : La première étape consiste à écouter séparément chaque personne pour identifier le contexte du conflit. En accord avec les personnes, nous pouvons consulter les services ou délégations pour recueillir des informations. Il faut souvent plusieurs échanges pour faire émerger des solutions et nous jouons un rôle d’intermédiaire. Puis, quand c’est possible, nous organisons une rencontre collective. Parfois, les agents se font accompagner par des représentants du personnel, et nous travaillons collectivement à la recherche de solutions. À l’issue de la médiation, nous rédigeons une note de synthèse destinée aux personnes impliquées.
Avez-vous des liens avec les médiateurs d’autres organismes de recherche ?
N. T. : Tout à fait. D’ailleurs, je viens de rejoindre le réseau des médiateurs de l’enseignement supérieur et de la recherche dont font partie le CNRS ou encore Inrae, et maintenant l’Inserm. Ce réseau nous permet de capitaliser sur les expériences de chacun, d’échanger sur nos pratiques pour mieux travailler.
Quelles sont vos priorités ?
N. T. : J’ai démarré ma mission en organisant des échanges avec les délégués régionaux. Ce travail de terrain est fondamental pour comprendre la façon dont sont actuellement gérés les conflits, collecter les besoins et identifier la meilleure façon de collaborer. Ces contacts me permettent de mieux faire connaître ma fonction. La médiation est un outil national qui peut paraître distant et les délégations peuvent s’en saisir et aider à le faire connaître auprès des agents.
Pour contacter le service médiation : mediation@inserm.fr