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Morgane Bureau, une bonne étoile à l’Inserm

Morgane Bureau, responsable du programme Actions Marie Skłodowska-Curie, nous en dit un peu plus sur elle, son métier et son implication au sein du Clas.

National
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Pourriez-vous nous raconter votre arrivée à l’Inserm ?

Morgane Bureau : J’ai rejoint l’Institut juste après la fin de mon parcours universitaire. J’ai obtenu une licence en langues étrangères appliquées anglais, espagnol, italien, puis me suis orientée vers un master en affaires européennes. Je suis entrée à l’Inserm dans le cadre d’un CDD de 12 mois. Et 13 ans plus tard, j’y suis toujours ! Pourtant, au départ, je ne pensais pas faire toute ma carrière dans la fonction publique. Mais au final, je m’épanouis complètement dans ce que je fais.

Vous n’avez pas l’impression d’avoir fait le tour du poste ? 

Morgane Bureau : Quelques collègues me posent parfois la question : « et tu n’as jamais voulu partir ? » Je leur réponds que je n’ai pas de raison pour cela : je réalise une activité qui me plaît, qui n’est jamais la même, et dans laquelle je suis autonome. Le matin, beaucoup de gens vont au travail la boule au ventre. C’est l’inverse dans mon cas : je sais ce que j’ai à faire, et ce que je dois faire me plaît. De plus, les missions, le service, le poste ont énormément évolué avec le temps, donc même si techniquement je n’ai pas changé de département, tout a changé ! Je m’occupe toujours du programme européen Actions Marie Skłodowska-Curie (AMSC). De plus, j’ai pris des responsabilités auprès du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, en tant que point de contact national pour les AMSC. Et j’assume également la fonction de référente concernant la Stratégie ressources humaines pour les chercheurs (HRS4R) de l’établissement.

© Inserm / François Guénet

Vous êtes également point de contact national AMSC Horizon Europe auprès du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Pouvez-vous nous expliquer en quoi cela consiste ?

M. B. : Être point de contact, cela signifie que toute personne souhaitant déposer un projet AMSC avec la France peut me contacter. Nous sommes quatre pour tout le territoire, et répondons aux questions des candidats. Nous les recevons également dans le cadre d’événements dédiés. Pour moi, il y a une vraie cohérence avec mon poste : mon rôle de point de contact national m’offre une vision globale et nourrit ma réflexion à l’Inserm. Je peux par exemple transposer au niveau de l’Institut des choses que l’on fait au niveau national, et vice versa. Les deux fonctions se lient de manière très fluide. 

Nous servons aussi d’intermédiaire entre le terrain et la Commission européenne. Par exemple, les organismes nous font part des problèmes qu’ils ont pu rencontrer dans la mise en place des contrats, et nous transmettons au comité de programme, c’est-à-dire au niveau des États-membres. En résumé, les évolutions du programme de financement sont liées à une double influence : celle de la Commission et les retours que nous partageons. Par exemple, dans le cadre du programme Horizon 2020, la France a insisté pour que la Commission européenne prenne de nouveau en charge les congés de maternité, car il avait été initialement décidé de ne plus inclure cette mesure. Avec l’Espagne et d’autres pays, nous sommes parvenus à convaincre, et au final, le congé de maternité est de nouveau couvert. Ce travail de négociation est visible dans les guides de candidature qui sont publiés par la Commission, et que nous relisons également.

Quel est le profil des scientifiques qui souhaitent participer au programme Actions Marie Skłodowska-Curie ?

M. B. : Comme il y a des dispositifs pour tous les chercheurs, du plus jeune au plus confirmé, nous rencontrons une large diversité de profils. Tout va dépendre du projet de recherche : est-il question d’un projet collaboratif européen ? De former de jeunes chercheurs internationaux ? Le programme permet de répondre à ces différentes aspirations. La nature des projets que j’encadre est très variée. Je vais par exemple accompagner un projet sur les gouttelettes de sang, puis le lendemain me pencher sur la maladie d’Alzheimer, ou une recherche en sciences sociales. J’ai la chance de rencontrer des chercheurs de tous horizons. C’est fantastique.

Quelles sont vos missions dans ce cadre ?

M. B. : D’abord, j’écoute les candidats pour comprendre leur projet et identifier l’AMSC la plus adaptée à leur ambition de recherche européenne. Puis, j’explique les attentes des évaluateurs afin que les scientifiques puissent rédiger leur projet le plus efficacement possible dès le premier jet. Je réponds à leurs questions au fil de l’eau et propose une relecture complète en fin de rédaction. Notre plus-value de relecteur, c’est que nous consultons énormément de projets et de rapports d’évaluation. Analyser ces compte-rendu, voir comment les chercheurs rédigent et les notes qu’ils obtiennent nous donne une vision efficace des forces et faiblesses pour chaque critère ainsi qu’une compréhension fine des attentes des évaluateurs. Chaque année, je relis plus d’une quinzaine de projets. Une fois le financement obtenu, j’aide les délégations régionales à mettre en place le contrat. Je participe également aux actions d’information organisées par la Cellule Europe de l’Inserm auprès des chercheurs, pour qu’ils se saisissent des dispositifs européens.

© Inserm / François Guénet

Ce n’est pas trop impressionnant de se plonger dans ce type de littérature sans formation scientifique ?

M. B. : Mon travail ne porte pas sur l’évaluation de la qualité scientifique des projets, mais sur tout ce qu’il y a à côté. Ceci dit, ce n’était pas évident au démarrage, d’autant que j’avais tout juste 23 ans. Je me disais : « Je n’ai pas de bagage scientifique, quelle est ma légitimité ? » J’ai rationalisé en me rappelant que ma force reposait sur la connaissance de l’environnement européen. Et surtout, à mon arrivée à l’Inserm, j’ai eu la chance de travailler auprès d’une chercheuse, Christiane Durieux. Elle m’a pris sous son aile : « La première année, tu es très cadrée, la deuxième année, tu as un peu plus de latitude, et la troisième année, tu vas pouvoir prendre ton envol. » Elle m’a fait confiance et m’a permis de prendre des initiatives. Cela vous solidifie, surtout en début de carrière, et je ne la remercierai jamais assez pour cela. C’est également grâce à elle que j’ai compris plus rapidement le langage scientifique et la vision du chercheur.

Vous êtes aussi référente pour le label européen HR excellence in research, qui a été renouvelé pour l’Inserm en 2023. Comment cela s’est-il déroulé ?

M. B. : La Stratégie ressources humaines pour les chercheurs (HRS4R) est l’outil de la Commission européenne qui permet de mettre en œuvre les principes de la Charte européenne pour les chercheurs et du Code de conduite pour le recrutement des chercheurs. Cette stratégie reconnaît aussi les efforts que déploient les établissements pour adopter une démarche d’amélioration continue de leurs pratiques RH. L’Inserm a ainsi reçu le label HR excellence in research en juin 2016. Depuis, l’Institut est audité tous les six ans avec une visite sur site des experts de la Commission européenne et une évaluation intermédiaire en interne au bout de trois ans.

Lors de l’audit, nous avons d’abord remis un rapport sur les forces et faiblesses de l’établissement ainsi que sur nos actions, achevées ou en cours. Nous avons également réfléchi aux trois prochaines années avec de nouveaux projets. Puis deux experts sont venus sur site afin de rencontrer les acteurs opérationnels ainsi que les chercheurs. Ils ont salué notre engagement et souligné que certaines de nos pratiques serviraient d’exemples lors d’audits auprès d’autres instituts, typiquement le programme Lorier, « L’organisation Inserm pour une recherche éthique et responsable ».

Quel aspect vous intéresse le plus dans votre travail ? 

M. B. : Sans hésiter, la relation humaine avec le chercheur. Et en second lieu, le sentiment de faire quelque chose d’utile. J’interviens à une toute petite échelle car je ne suis pas sur la paillasse avec le chercheur, mais si je peux les aider à obtenir un financement pour qu’ils puissent poursuivre leurs recherches pendant deux ou trois ans, je trouve cela très gratifiant.

Avez-vous constaté des évolutions majeures sur les thématiques ou le mode d’évaluation des dossiers au niveau européen ?

M. B. : Au niveau de l’évaluation des dossiers, l’attention au genre est plus marquée depuis le 7e programme-cadre, qui remonte à la période 2007 – 2013. La Commission avait fixé un premier objectif chiffré de 38 % de lauréates, qui s’est amplifié depuis. Depuis 2021, avec Horizon Europe, les projets doivent par ailleurs inclure un plan d’égalité femmes-hommes pour être éligibles. 

Au niveau de la recherche en tant que telle, cela se traduit à deux niveaux. D’un point de vue thématique, il y a plus de projets sur les questions liées au genre. Et au niveau de l’écriture des projets, si le scientifique n’explique pas comment la différence de genre sera traitée dans son étude, il compromet son financement.

La Commission est également plus vigilante qu’il y a 15 ans sur les notions de science ouverte et de gestion des données liées au projet. Actuellement, le point d’attention majeur concerne l’intelligence artificielle : il faut expliquer comment celle-ci est utilisée, et pourquoi. Donc tout cela évolue, rien n’est gravé dans le marbre. 

Vous êtes également investie dans les activités du Comité local d’action sociale ? Quel est le point de départ de cette aventure ?

M. B. : Le yoga, que je pratiquais dans ce cadre. En 2018, la personne qui gérait l’activité au Comité local d’action sociale (Clas) a obtenu une mobilité professionnelle et ne pouvait plus s’en charger. Ne souhaitant pas que l’activité disparaisse, avec une autre participante, nous nous sommes alors proposées pour en reprendre la gestion, c’est-à-dire essentiellement les inscriptions et le règlement de l’activité. Et de fil en aiguille, je me suis impliquée davantage et ai définitivement intégré le Comité local d’action sociale (Clas), à l’occasion de la nouvelle mandature. Maintenant, en plus du yoga, je gère tout le versant communication du Clas, où nous essayons de proposer des activités diverses et variées pour que cela puisse toucher le plus grand nombre.

Le yoga ?

M. B. : Oui, le yoga est un bon complément à mon activité sportive principale, à savoir la danse rythmique et sportive, que je pratique 3 fois par semaine, depuis 25 ans. Une vraie passion ! Le yoga fait travailler les muscles et la souplesse, donc c’est bénéfique à tous les niveaux.

Avez-vous un objet qui vous symbolise ou vous accompagne depuis toujours ?

M. B. : Mes demi-pointes de danse auraient pu convenir, mais j’ai finalement opté pour l’appareil photo, parce qu’il ne me quitte quasiment jamais. C’est mon autre histoire d’amour, et j’ai fait plusieurs stages de perfectionnement pour mieux maîtriser la dimension technique de l’objet. Je suis le genre de personne capable de sortir quand il pleut à verse, juste pour aller prendre en photo les gouttes d’eau.

© Inserm / François Guénet
© Morgane Bureau
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