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Portrait de Caroline Robert

Caroline Robert remporte le Women for Oncology Award 2020

Bravo à Caroline Robert, directrice de recherche au sein de l'unité Biomarqueurs et nouvelles cibles thérapeutiques en oncologie. Son engagement pour la progression de carrière de ses collègues féminines oncologues a été récompensé par la Société européenne d'oncologie médicale.

National
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Quelle jeune médecin étiez-vous ?

Caroline Robert : Après mes études en dermatologie, j’ai été cheffe de service à l’hôpital Saint-Louis à Paris. À l’époque, je ne pensais pas du tout devenir oncologue. J’y voyais une spécialité triste. Mais lors de mon clinicat en dermatologie, j’ai été confrontée à des patients et « j’ai pris de plein fouet les mélanomes ». J’ai ressenti le besoin de faire de la recherche pour tenter de faire avancer les traitements. Je suis allée dans un laboratoire de recherche aux É​tats ‑Unis pendant trois ans et demi, puis je suis revenue à l’hôpital. Je me sentais alors prête à faire de la cancérologie. 

Aujourd’hui je suis cheffe de service en dermato-oncologie à l’institut Gustave-Roussy de Villejuif. Je dirige aussi une équipe de recherche Inserm sur le mélanome, aux côtés de Stephan Vagner. Mon approche translationnelle et son expertise scientifique fondamentale nous permettent d’avancer plus vite. 

En 2015, vous avez remporté le Prix Recherche Inserm. Pouvez-vous nous en dire plus ?

C.R. : Mes équipes et moi avons participé activement au développement de deux approches thérapeutiques révolutionnaires contre les mélanomes métastatiques : les thérapies ciblées et les immunothérapies. Nous avons enrôlé nos patients dans des essais cliniques de la phase 1 à la phase 3. Nous avons ainsi contribué à faire sortir le mélanome d’un désert thérapeutique qui durait depuis cinquante ans. 

Aujourd’hui, je me concentre sur la recherche clinique translationnelle pour mieux comprendre les mécanismes de résistance à ces traitements.

Portrait de Caroline Robert
Crédits : Inserm/Delapierre, Patrick

La recherche participative vous tient à cœur…

C.R : En exprimant leurs attentes, les patients élargissent notre vision de la maladie. Ils contribuent ainsi à la recherche et à l’avancée des traitements.

Dès 2003, l’Inserm a été pionnier dans cette démarche d’ouverture en donnant toute sa place aux associations de malades. La recherche biomédicale avance main dans la main avec les patients et c’est important. 

Les rapports médecins-patients ont beaucoup évolué. Nous sommes passés d’une relation paternaliste à une relation plus riche et transparente, notamment lors de l’annonce du diagnostic et du pronostic. Cette relation de confiance permet aux patients de s’impliquer dans les recherches sur l’avancée des traitements, ce qui est passionnant.

D’autant plus qu’en France, nous avons la chance de pouvoir prendre le temps de dialoguer avec les patients. Je suis une vingtaine de patients dans une journée et je prends le temps de parler avec eux pour trouver le meilleur traitement.

Nous sommes aidés par les donateurs et les familles des patients. Je pense notamment à Jean-Pierre Babel, dont la fille a été emportée par un mélanome. Il savait que j’étais impliquée dans « la bataille contre ce cancer » et grâce à son aide, nous avons monté l’opération Ensemble contre le mélanome, pour prévenir et dépister des malades et pour financer nos programmes de recherche. Notre équipe de recherche a débuté grâce à lui. 

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes médecins ?

C.R : Travailler à l’étranger, ne serait-ce que pour apprendre l’anglais qui est fondamental dans notre métier. Puis revenir en France encore meilleur dans la course. Néanmoins, arrêtons de croireque, dans notre pays, nous sommes moins bon qu’ailleurs. Notre médecine et notre recherche occupent une place de choix sur la scène internationale. 

Je les encourage aussi à faire un pas de côté dans leur carrière, à ne pas hésiter à faire un long voyage avant ou après l’internat. Je perçois une nouvelle génération qui n’a pas envie de se sentir coincée dans un domaine. Si vous êtes médecin et que vous avez envie de faire de la recherche allez‑y et vice-versa. Le cancer est un sujet trop sérieux pour travailler tout seul dans son coin. 

Qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez remporté l’ESMO Women for Oncology Award ?

C.R : L’European Society for Medical Oncology (ESMO) est la principale organisation professionnelle d’oncologie médicale. L’ESMO Women for Oncology Awardrécompense des contributions significatives au développement de carrière des femmes en oncologie. C’est un prix pour lequel on ne candidate pas. J’ai été agréablement surprise de recevoir cette distinction. 

Je soutiens et j’encadre mes collègues féminines. Je les aide notamment à gravir les échelons en oncologie. Cette récompense me donne encore plus d’énergie et de force pour poursuivre cette mission et essayer de contribuer à sauver plus de patients.

Je veux dire aux jeunes femmes médecins et chercheuses qu’elles n’ont pas à choisir entre carrière et vie de famille. ll faut à tout prix sortir de ce dilemme : fonder une famille ou avoir une carrière professionnelle. On peut articuler les deux, surtout dans notre pays où il existe de nombreux moyens de faire garder les jeunes enfants, si on le souhaite.

De plus, la cancérologie est une discipline très dynamique : c’est le moment de participer à de grands changements !

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