Ses responsables de communication en région ont ainsi replacé les jeunes au centre de leurs actions, avec la création d’outils de médiation scientifique attractifs et ludiques et via des moyens de communication innovants. Objectif : sensibiliser et former à la démarche scientifique.
La démocratisation de l’accès au savoir est devenue un axe stratégique prioritaire pour l’Inserm. Face aux enjeux sociétaux, environnementaux et sanitaires, au déluge de désinformations et à la défiance envers les institutions, rétablir une communication efficace et ouverte entre la science et la société, et en particulier sensibiliser les plus jeunes aux réalités de la recherche, est un point central des campagnes des différentes délégations régionales de l’Institut. « On espère que par ricochet cela montre les attraits du métier et insuffle des vocations », commente Pierre Da Silva, responsable communication en Grand Ouest.
Comprendre comment les jeunes communiquent
« Pour parler aux jeunes, il faut comprendre leurs codes, comment ils s’informent, et investir leurs canaux de communication », détaille Claudia Pereira, responsable communication en Occitanie Méditerranée. Pour Nicolas Emmanuelli, son homologue en Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse, « l’avenir de l’information est sur des plateformes numériques ». Ainsi, les contenus créés par l’Inserm, remis au goût du jour, sont diffusés sur les réseaux sociaux. Pour aller chercher les 12 – 25 ans, les délégations se sont associées à des créateurs de contenus avec une grande visibilité, comme Mathador et ses vidéos scientifiques humoristiques, Anaïs Roux de Neurosapiens, ou encore Tanguy Leroux avec qui l’Inserm a collaboré sur le festival InScience. Autant d’initiatives qui ont permis de cumuler près de 4 millions de vues sur les réseaux en 2023. Le projet Échosciences Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur a sorti en parallèle une cinquième saison qui confronte youtubeurs et scientifiques de la région dans dix nouvelles vidéos. Au programme : articles, infographies, photos, vidéos et podcasts.
Au cours de l’année 2023, l’Inserm a produit de nombreux podcasts interrégionaux, dont une nouvelle saison des « Carnets d’Hygée », dédiés à la santé mentale. Chaque mois, un portrait de chercheur est aussi proposé sur la chaîne de podcasts de l’Inserm Nord Ouest, qui totalise 17 000 auditeurs mensuels. Côté vidéo, des chercheuses de l’Institut parlent cerveau, obésité, santé des femmes… dans la série « Tu cherches. Trouves-tu ? » filmée en Occitanie Méditerranée et dans le Grand Ouest. Dans la même optique, on retrouve la série « Elles sont l’Inserm » et les vidéos « Paroles de chercheurs ». Les vidéos pédagogiques « La science dans tous les sens », nouvellement mises en scène par la délégation Occitanie Méditerranée, proposent quant à elles des expériences reproductibles dès l’âge de six ans.
Apprendre par le jeu
Communiquer en innovant, c’est le maître mot des services de communication de l’Inserm en région. « L’apprentissage par le jeu peut être bien plus efficace », commente Mehdi Six, responsable communication des trois délégations d’Île-de-France. Ainsi, pour faire découvrir le système immunitaire aux plus de douze ans, le jeu de réalité virtuel ViRal a vu le jour dans le Grand Ouest avec la participation de toutes les délégations de l’Institut. En 2023, le jeu remis au goût du jour a circulé dans le milieu scolaire et les festivals scientifiques.
Capitalisant sur les interactions entre les chercheurs et le grand public, de nombreux escape games ont également été développés. Créé à l’occasion du Congrès mondial de la nature à Marseille en 2021, « Alerte ! Biodiversité en danger » fut proposé à différents collèges et lycées en PACA Corse en 2023. De même, « Transplant’Action », imaginé par des étudiants du Centre de recherche translationnelle en transplantation et immunologie de Nantes, a été mis à disposition des plus de douze ans dans toutes les bibliothèques et médiathèques départementales du Grand Ouest.
L’escape game familial « MicrOB-ID » sur les maladies infectieuses, pensé par Anne Keriel, chercheuse Inserm dans l’unité Virulence bactérienne et maladies infectieuses à Nîmes, tourne en Occitanie, dans les médiathèques, les établissements scolaires, lors d’événements de culture scientifique et également dans les villes et villages les plus reculés de la région pour toucher les milieux éloignés des sciences. Les jeunes sont également invités à jouer dans les laboratoires, notamment dans le centre d’investigation clinique pédiatrique de Lille, où ils incarnent les différents métiers de la recherche clinique.
L’important, c’est de participer
Convaincues, les délégations ont créé également des jeux de plateau. En Île-de-France, le jeu de société « Respire ! » a par exemple été conçu en collaboration avec Rachel Nadif, chercheuse Inserm au Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations à Villejuif, et soutenu par l’Université Paris-Saclay. Nés de l’imagination de scientifiques du Nord Ouest, deux jeux de l’oie grandeur nature (5 x 8 m), à destination des 7 – 12 ans, l’un sur la nutrition, l’autre sur l’activité physique, sont proposés dans les écoles et les associations. Pour les plus âgés, la région a organisé pour la Semaine du cerveau – et adapté pour le milieu scolaire – un championnat de la mémoire sous l’œil attentif de chercheurs. La délégation Occitanie Pyrénées a quant à elle imaginé un jeu de rôle pour faire découvrir aux lycéens la diversité des métiers de la recherche publique.
Mêler art et science
« On a vraiment pris le parti d’innover avec différents formats », décrit Mehdi Six. Des BD humoristiques ont été distribuées sur des évènements et à l’école, mais aussi via les réseaux avec Mâtin, quel journal ! Nées en 2023, les séries BD Elles sont l’Inserm et InScience : cultive ta santé avec l’Inserm illustrent le parcours ou les travaux de scientifiques de l’Institut. Cette dernière collection, créée dans le cadre du festival InScience, a bénéficié d’un financement ANR pour la médiation scientifique de 148 000 euros en 2022, et de 89 700 euros supplémentaires en 2023.
Autre initiative : la rencontre entre science et cinéma. En Île-de-France, un partenariat entre l’Inserm, le CNRS et les cinémas MK2 a conduit depuis septembre 2022 à l’organisation de ciné-débats en présence d’experts. « On se sert du film comme support pédagogique pour faire basculer la discussion sur la science », détaille Mehdi Six. Le documentaire scientifique immersif Cell Worlds, qui mêle performance musicale, images et débats scientifiques, conçu en partenariat avec le collectif Explorers, a quant à lui été projeté au festival InScience à Strasbourg en juin 2023. Une nouvelle création, Méandres, disponible sur YouTube, a été diffusée en exclusivité aux Utopiales 2023.
L’Inserm a également rénové le monde des expositions. La délégation PACA Corse a ainsi conçu en 2023 l’exposition « Le racisme d’hier à aujourd’hui : science et préjugés » et prolongé le concept dans des vidéos échoscientifiques avec le youtubeur Homo Fabulus. Une prochaine édition est d’ores et déjà dans les rouages sur l’expérimentation animale.
« On ne manque pas d’idées, mais produire des initiatives impactantes demande la mutualisation de nos moyens et l’unification de nos forces à travers les différentes délégations du territoire », s’accordent à dire Aurélie Déléglise, responsable communication dans le Nord Ouest, et les autres communicants Inserm en région. « Le futur de la communication institutionnelle réside dans ces actions innovantes qui parlent aux plus jeunes, mais touchent et intriguent également les autres publics. »
Interview extraite du rapport d’activité 2023 de l’Inserm