L’Inserm lance son plan d’action pour la mise en œuvre de sa stratégie européenne. Pourquoi mettre en place ce plan et comment le calendrier a‑t-il été décidé ?
Elli Chatzopoulou : Pour consolider les bons résultats de l’Institut au sein du nouveau programme-cadre Horizon Europe, et augmenter notre participation globale, il nous a paru nécessaire de poursuivre les efforts de mobilisation au service de la communauté Inserm. Plus encore, nous allons restructurer et faire évoluer nos dispositifs actuels. De cette façon, les équipes ont élaboré ce plan d’action pour la mise en œuvre de la stratégie européenne de l’Inserm. Il répond notamment à l’objectif n° 5 du Plan stratégique Inserm 2020 – 2025 : « Mieux orienter et développer la recherche avec les partenaires européens et internationaux » et à ceux du Contrat d’objectifs, de moyens et de performance qui vient d’être signé.
Ce plan d’action Europe est structuré autour de trois axes principaux qui sont « influencer, inciter, accompagner », en écho au Plan d’action national pour l’amélioration de la participation française aux dispositifs européens (PAPFE) déployé par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Pourquoi l’influence est-elle un axe aussi important à l’échelle d’une institution comme la nôtre ?
E. C. : Afin que nos laboratoires puissent participer aux projets européens, les appels doivent correspondre aux activités de recherche développées au sein de l’Institut. Outre la forte participation au programme-cadre qui permet d’être visible auprès de la Commission européenne, il s’agit ici de développer des actions d’influence sur la préparation de la programmation et de porter les priorités de l’Inserm, et de la France plus largement, dans le domaine des sciences de la vie, auprès des décideurs politiques.
De quels leviers d’action l’Inserm dispose-t-il ?
E. C. : Pour défendre des priorités et des positions communes françaises, l’alliance Aviesan permet de coordonner des visions à long terme en intégrant une approche globale sur chaque thématique plutôt qu’une approche fragmentée et parcellaire. Des évènements collectifs à Bruxelles permettent de soutenir des thématiques scientifiques majeures pour la France, par exemple le cerveau ou les cancers (deux évènements labellisés Présidence française du conseil de l’Union européenne)… Autre exemple, les acteurs d’Aviesan se mobilisent fréquemment sur l’expérimentation animale et soutiennent une position commune.
Il faut aussi continuer de mener ces actions au niveau européen pour mettre en avant nos priorités scientifiques afin que la Commission prenne en compte notre vision des défis futurs.
Enfin, l’influence passe également par notre capacité à nous approprier les nouveaux outils mis en place par la Commission européenne dans le cadre financier pluriannuel 2021 – 2027. L’objectif est d’être acteur de la construction de l’Europe de la santé, et de mieux coordonner nos actions dans les différents instruments de financement. Par exemple, le plan et la mission Cancer, la nouvelle agence European Health Emergency Preparedness and Response Authority (HERA)…
Je suis convaincue qu’il ne faut surtout pas limiter la présence de l’Inserm sur les créneaux habituels mais au contraire être un acteur global, centré sur la recherche.
Concernant le deuxième axe, « Inciter les chercheurs à déposer des projets européens », quelles actions sont-elles prévues ?
E.C. : Les actions à mettre en place sont multiples et peuvent être résumées en quatre catégories :
- rendre l’information sur les opportunités européennes compréhensible, concrète et accessible au plus grand nombre – c’est la première étape pour une incitation efficace ;
- poursuivre les évènements à l’échelle nationale et en enrichir la programmation ; mobiliser la communauté scientifique ; rendre possible l’émergence de coordinations Inserm. Il faut également déployer des actions d’incitation ciblées à l’échelle des unités de recherche et des chercheurs. En effet, lever les barrières au dépôt de projets nous permet de préparer des réponses aux appels plus complètes ;
- améliorer les mesures RH à destination des chercheurs pour une meilleure reconnaissance de l’investissement des porteurs de projets européens.
Comment la cellule Europe peut-elle intensifier son soutien aux chercheurs lors du montage et de la mise en place des projets ?
E. C. : La cellule Europe du siège, coordonnée par le département, permet d’organiser et d’harmoniser l’accompagnement proposé aux chercheurs dans les différentes délégations régionales et de partager les bonnes pratiques. Renforcer et consolider les services proposés par cette cellule est primordial.
Dans la pratique, cela veut dire que la cellule doit assurer une collaboration continue entre le siège et les délégations régionales qui sont des acteurs clé du montage et de la gestion des projets, en raison de leur connaissance des laboratoires. Nous travaillons à faire évoluer notre offre en proposant une réorganisation des services proposés en délégation régionale et au niveau national afin de renforcer le dispositif d’aide au montage actuel. Cela favorisera l’accompagnement de proximité et encouragera les chercheurs à s’investir plus facilement dans les projets européens. Enfin, il faudra ajouter des formations aux projets européens au catalogue national pour les chercheurs et maintenir le soutien aux coordinations des projets collaboratifs.
Pour conclure, l’Institut déploie une politique volontariste afin d’encourager et de guider ses chercheurs dans leur participation aux différents programmes d’Horizon Europe. Des actions concrètes sont proposées dans ce sens : certaines sont déjà mises en place, d’autres seront déployées progressivement.