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Inserm, travail et confinement : Armelle Barelli et Patrick Auberger

​Le télétravail est devenu obligatoire pour la plupart des scientifiques et fonctions de soutien à la recherche. Découvrez le regard croisé de deux agents Inserm sur cette réorganisation du travail. Pour poursuivre cette série,  Armelle Barelli, déléguée régionale Occitanie Pyrénées, et Patrick Auberger, directeur du Centre méditerranéen de médecine moléculaire (C3M) à Nice, témoignent​

National
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Pouvez-vo​us vous présenter ?

Armelle Barelli : Physicienne de formation, j’occupe le poste de déléguée régionale Occitanie Pyrénées depuis septembre 2011. La délégation est installée à T​oulouse et comprend dix unités de recherche, un centre d’investigation clinique et 550 agents Inserm. La singularité de la délégation Occitanie Pyrénées est la gestion d’un patrimoine immobilier conséquent de plus de 40 000 m². En tant que déléguée régionale, j’ai plusieurs missions. 

Je représente le président-directeur général de l’Inserm et l’Institut dans ma circonscription, notamment auprès des partenaires : universités, organismes de recherche, CHU, collectivités régionales, services de l’État…J’accompagne la gestion des laboratoires au quotidien et je suis également ordonnatrice secondaire du budget de l’Institut : je prescris l’exécution des recettes et des dépenses. Je suis la seule personne en capacité d’engager l’Inserm vis-à-vis des tiers, ce qui explique ma présence à la délégation en cette période de confinement pour, entre autres, signer des documents.

Patrick Auberger : Depuis 2012, je suis directeur du Centre méditerranéen de médecine moléculaire (C3M, unité Inserm 1065) de Nice. Ce centre multidisciplinaire, qui compte environ 180 personnes et 13 équipes de recherche, travaille sur différents domaines : cancérologie, maladies métaboliques, maladies infectieuses et maladies inflammatoires. Nous avons la particularité d’être hébergés au sein de l’hôpital L’Archet à Nice : cette proximité est importante à souligner plus particulièrement en cette période de pandémie car nous sommes au plus près des soignants et des virologues, certains étant rattachés au C3M. Cela favorise grandement les interactions, notamment pour le don de matériel. 

Comment planifiez-vous​vos journées ? 

Armelle Barelli : En cette période de crise, mes journées sont très denses : je commence à 7h30 et termine bien souvent vers 23h30. Je suis très sollicitée par courriel : en période courante, j’en reçois environ 150 par jour, à l’heure actuelle, je dois en traiter trois fois plus, notamment pour répondre aux demandes d’at​testations pour les personnels mobilisés dans le cadre du plan de continuité des activités. La délégation étant fermée, j’échange régulièrement par téléphone avec les directeurs d’unité, avec le​s représentants des cotutelles des unités (Université, CNRS, Inrae…) et bien sûr avec les personnels de la délégation, toutes et tous dotés du kit du télétravailleur depuis presque un an. Enfin, je me rends deux fois par semaine en vélo à la délégation, j’y retrouve ma collègue responsable des ressources humaines : étant délégataires de signature, nous paraphons les documents que nos collaborateurs et collaboratrices ont déposés sur Ibox. Pour maintenir le lien à distance, nous avons aussi créé des groupes WhatsApp par service ou par bureau et j’inaugure jeudi un café virtuel avec les quarante membres de la délégation.

Patrick Auberger : Tout d’abord, je prends des nouvelles de mon équipe : les mails, réseaux sociaux et le téléphone sont un maillon essentiel pour continuer à garder le lien et m’assurer que tout le monde va bien. Le plus difficile est de ne pas avoir de contact direct avec eux et j’appréhende qu’un membre de mon unité soit malade. Dès que possible, je leur envoie des comptes-rendus sur la situation et sur les consignes qui arrivent des tutelles. Ensuite, je scinde ma journée en deux : le matin, dans le cadre du PCA, je me rends au laboratoire, et l’après-midi je suis en télétravail, cela se prête particulièrement à ma fonction de directeur d’unité : je me concentre sur la lecture bibliographique, les appels à projet ainsi que l’écriture et la relecture d’articles. Je reste aussi en contact régulier avec les membres de l’équipe via les outils de visioconférence pour organiser et mettre en forme leurs données. 

Vous faites partie du plan de continuité des activités. Comment vous êtes-vous organisé p​our garantir la continuité des services et la mise en sécurité des personnels ? 

Armelle Barelli : Dès le 13 mars 2020, nous avons activé la cellule de crise régionale : nous nous sommes réunis avec les sept cadres de la délégation afin de mettre en œuvre les mesures nécessaires à la protection des agents et des infrastructures de nos laboratoires. En premier lieu, nous avons envoyé un formulaire aux responsables d’unité afin de recenser les activités sensibles : animaleries, équipements technologiques sensibles, cultures cellulaires précieuses…Ainsi, nous avons pu nommer des agents habilités à effectuer des passages en laboratoire pour veiller à la sécurité et au bon fonctionnement des infrastructures. Nous avons aussi très rapidement pris la décision d’étendre la prestation de gardiennage 24 heures sur 24 pour notre patrimoine. En filtrant le contrôle d’accès aux sites, cette décision a garanti la protection des personnes des unités de recherche et de service. A Toulouse, nous n’avons pas de recherches menées sur Covid-19, nous avons donc suivi les consignes de la présidence et demandé aux équipes de recherche de stopper les activités scientifiques dès le 18 mars. La cellule de crise continue à se réunir deux fois par semaine en visioconférence. 

Patrick Auberger : Dans le cadre du plan de continuité des activités, nous sommes une quinzaine à être habilités à nous rendre sur site (soit 8 % du personnel de l’unité). Quand je suis au laboratoire, je fais un tour complet de la structure pour contrôler les appareils sensibles et nous nous rendons, le secrétaire général​ou moi-même, auprès des animaliers, qui sont tous présents pour s’assurer du bien-être des animaux. Je tiens particulièrement à remercier les équipes de zootechniciens qui sont très sollicités et toujours au front. Donc même si nous fonctionnons sur un mode de travail dégradé (nous avons dû stopper la culture cellulaire et les incubateurs et faire de la congélation de cellules), nous ne sommes pas en arrêt total de travail.

Comment gérez-vous l’appel à volontaires et le don de matériel lancés dans le cadre de la lutte co​ntre le SARS-CoV‑2 ? 

Armelle Barelli : Avec la responsable des ressources humaines et la chargée de prévention de la délégation, nous sommes les points de contact pour les dons de matériel. Nous avons récupéré des blouses, des gants, des masques, des tests PCR et des réactifs que nous avons directement pu donner à nos trois sites de proximité : l’hôpital Purpan, l’hôpital de Rangueil et l’Oncopole de Langlade. La préfecture de la H​aute-Garonne nous a aussi sollicités pour fournir de l’éthanol afin de produire du gel hydroalcoolique. 

Le CIC de Toulouse n’était pas impacté en début de crise, j’ai donc pris la décision de lancer l’appel à volontaires vendredi 27 mars. J’ai déjà recensé une soixantaine de volontaires : certains effectueront du traitement de données à distance, d’autres offriront leurs services en biologie pour les tests PCR. 

Patrick Auberger : En accord avec notre délégué régional et notre responsable des ressources humaines, nous nous sommes tous mobilisés de façon naturelle et une solidarité transversale s’est mise en place. Il y a déjà quinze jours, j’ai été sollicité par la responsable du service de virologie du CHU de Nice pour un don de matériel, notamment des machines PCR. Notre laboratoire a aussi fait un don de 2500 masques et de gants.Nous essayons également de mettre nos forces en commun avec les autres unités : je suis en lien avec le directeur de l’Institut de pharmacologie moléculaire et cellulaire (IPMC) à Sophia Antipolis et nous restons en alerte pour effectuer des tests PCR, si le service de virologie du CHU nous sollicite. Avec les personnels volontaires de ces deux structures, nous serons en mesure de réaliser des tests pour les personnels soignants et pour les Ehpad en cas de sollicitation. Par ailleurs, un membre de mon équipe en master 2 médical a pu être rappelé en renfort par le service d’hématologie du CHU de Nice et ainsi libérer un médecin pour la réanimation. 

Dans cette période de crise sanitaire et avec la prolifération de « fake news », pensez-vous qu​e l’Inserm doit s’impliquer dans la pédagogie vis-à-vis de la population ?

Armelle Barelli : Tout à fait, en ces temps de crise, il est important d’avoir une communication maîtrisée. L’Inserm dispose de ressources tout à fait intéressantes pour lutter contre les « fake news » comme par exemple la série Canal détox. Avec la chargée de communication de la délégation, nous sommes très vigilantes sur les informations qui circulent sur les réseaux sociaux et dans la presse quotidienne régionale et nous veillons à mettre en avant les recherches menées dans nos laboratoires en lien avec l’épidémiologie et l’éthique. 

Patrick Auberger : Oui, en tant que scientifiques et administratifs Inserm, il nous appartient de lutter contre le désordre informationnel et d’endiguer les rumeurs. Il est important de rationaliser le discours et de relayer la parole scientifique envers nos proches et la société. À mon sens, il faut aussi faire comprendre aux gens la gravité de la situation : lorsque je me rends au laboratoire le matin, je vois encore beaucoup de monde dans les rues.