Changement climatique et santé

Via ce programme d’impulsion, l’Inserm promeut des travaux destinés à caractériser les effets du changement climatique sur la santé et ses mécanismes sous-jacents, ainsi que sur l’identification de stratégies d’adaptation favorables à la santé.

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Avec ce programme d’impulsion, lancé en 2024 et coordonné par Basile Chaix, l’Inserm affirme sa volonté de se positionner au niveau national et international sur la thématique de recherche émergente des liens entre changement climatique et santé. 

L’Institut entend, grâce à ce programme, produire de nouvelles connaissances, structurer une communauté dynamique en lien avec des partenaires internationaux et attirer de jeunes étudiants ou chercheurs.

Suite à un appel à projets national, 6 projets scientifiques ont été financés. Ils vont de la recherche fondamentale à des études de terrain menées en Afrique et au Bangladesh, en passant par des projets d’épidémiologie en France métropolitaine.

Les projets financés

ThermoMito

Le projet ThermoMito explore le rôle d’une nouvelle isoforme mitochondriale du canal TRPV1, baptisée mitoTRPV1, dans la régulation de la température intracellulaire. Chez l’humain, la thermogénèse mitochondriale permet de maintenir une température corporelle stable, mais les mécanismes empêchant une surchauffe des mitochondries restent mal connus. Les données préliminaires du projet montrent que mitoTRPV1, localisé dans le réseau mitochondrial, peut réduire la température mitochondriale d’environ 10°C sans compromettre la respiration cellulaire, suggérant un rôle de thermostat. Le projet vise à comprendre son mécanisme d’action, à identifier les variants de TRPV1 ayant contribué à l’adaptation humaine aux climats, et à étudier l’impact de variants pathogènes liés à des hyperthermies sur la régulation thermique mitochondriale.

  • Durée : 24 mois
  • Budget : 119 600 euros
  • Coordination scientifique : Guy Lenaers, équipe Mitolab, unité MitoVasc, U1083 Inserm

CLIMATE

Le projet CLIMATE étudie comment le changement climatique influence la tuberculose, une maladie infectieuse majeure dont l’incidence mondiale, en hausse depuis la pandémie de COVID-19, reste particulièrement élevée dans les pays à revenu faible et moyen. Le changement climatique pourrait, en effet, aggraver indirectement la tuberculose en accentuant des facteurs de risque comme la malnutrition, les migrations, et la précarité. Or, les mécanismes exacts reliant changement climatique et tuberculose restent encore peu explorés. Ce projet interdisciplinaire vise à identifier ces interactions, à poser les bases d’une modélisation de l’impact futur du changement climatique sur la tuberculose, et à analyser les capacités d’adaptation des services de lutte antituberculeuse dans les pays à revenu faible et moyen. En combinant épidémiologie, modélisation climatique, anthropologie et études migratoires, les équipes partenaires (dont Inserm, IRD et AIGHD) travailleront notamment au Kenya et en Ouganda, deux pays particulièrement vulnérables au changement climatique.

  • Durée : 36 mois
  • Budget : 282 631 euros
  • Coordination scientifique : Maryline Bonnet, Daniel Chemtob, TransVIHMI U1175 Inserm, IRD, Université de Montpellier

HMI BaSe

Le projet HMI BaSe analyse les effets des températures extrêmes, accentuées par le changement climatique, sur la santé mentale, en se concentrant sur les mères et enfants des zones rurales du Bangladesh et du Sénégal, particulièrement exposés et vulnérables. Des données suggèrent que chaque degré supplémentaire de chaleur est associé à une augmentation des troubles mentaux, du stress, des comportements violents et des suicides. Ce projet interdisciplinaire vise à explorer les facteurs socio-environnementaux, mesurer l’impact psychologique des températures élevées à l’aide d’outils psychométriques validés, et co-construire des interventions adaptées avec les communautés locales. Il inclut également une évaluation médico-économique pour estimer les coûts directs et indirects des troubles mentaux liés à la chaleur. HMI BaSe constitue une initiative pionnière pour développer des réponses concrètes et adaptées à l’intersection entre climat et santé mentale dans les pays du Sud.

  • Durée : 36 mois
  • Budget : 319 824
  • Coordination scientifique : Valéry Ridde, Jean-Marc Goudet, ERL Inserm 12444, CEPED

Hwaves-Neuro

Le projet Hwaves-Neuro analyse l’impact des vagues de chaleur, renforcées par le réchauffement climatique et les îlots de chaleur urbains, sur la santé des personnes atteintes de maladies neurodégénératives telles que Alzheimer (AD), Parkinson (PD) et la démence à corps de Lewy (LBD). Ces pathologies, déjà fortement invalidantes, pourraient voir leurs symptômes s’aggraver sous l’effet de températures extrêmes, ce qui augmenterait le risque de passages aux urgences, d’hospitalisations et de décès. Le projet s’appuie sur les données de santé françaises (2012 – 2021) pour évaluer ces liens à l’aide de méthodes statistiques avancées, en intégrant les caractéristiques de l’environnement urbain (densité, pollution, végétation) comme modulateurs potentiels. Il permettra de mieux cerner l’effet des stress climatiques sur l’évolution des troubles neurologiques, avec des implications majeures pour la santé publique en milieu urbain.

  • Durée : 36 mois
  • Budget : 167 026 euros
  • Coordination scientifique : Basile Chaix, Giovanna Fancello, Nemesis U1136 Inserm, IPLESP

HOT-SPOT

Le projet HOT-SPOT vise à caractériser l’impact sanitaire de la chaleur en France à une échelle géographique fine, dans le contexte du réchauffement climatique et des inégalités environnementales. Il se concentre sur les hospitalisations liées à la chaleur pour diverses causes médicales, entre 2006 et 2020, en s’appuyant sur les données du Système National des Données de Santé (SNDS) et les relevés climatiques de Météo-France. En combinant des modèles statistiques avancés avec des données spatiales, le projet cherche à quantifier le rôle du changement climatique d’origine anthropique dans les impacts passés (1990 – 2020) et à projeter le fardeau sanitaire futur jusqu’en 2100. Il examinera également l’influence du contexte socio-économique et des émissions historiques de CO₂ sur la vulnérabilité des populations, afin d’identifier les zones les plus à risque et de soutenir des politiques de santé publique plus justes et ciblées.

  • Durée : 36 mois
  • Budget : 150 208 euros
  • Coordination scientifique : Bénédicte Jacquemin, Noémie Letellier, équipe Elixir, U1085 Inserm, IRSET

Heat-Preg

Le projet Heat-Preg vise à mieux comprendre et anticiper les effets du stress thermique pendant la grossesse et la période périnatale, dans un contexte de réchauffement climatique où les vagues de chaleur deviennent plus fréquentes en France. En s’appuyant sur les données de plus de 7 millions de naissances issues du Système National des Données de Santé (SNDS), le projet cherche à identifier les mécanismes physiopathologiques liant l’exposition à la chaleur (et au froid) à des complications maternelles et des issues de santé néonatales, souvent négligées dans les travaux antérieurs. Il vise également à repérer les périodes critiques d’exposition, les facteurs sociaux ou cliniques modifiant les risques, et à construire une base de données nationale dédiée pour renforcer la surveillance et guider les politiques publiques. Grâce à un géocodage précis des lieux de résidence et à des outils statistiques avancés, Heat-Preg évaluera les effets à court et long terme des températures extrêmes sur la santé mère-enfant, en intégrant les co-expositions environnementales et le contexte socio-économique.

  • Durée : 36 mois
  • Budget : 182 000 euros
  • Coordination scientifique : Johanna Lepeule, équipe Edes, U1209 Inserm, IAB

Composition du consortium

Coordinateur scientifique 

  • Basile Chaix – Nemesis U1136, Paris 

Équipes Inserm

  • Basile Chaix, Giovanna Fancello – Nemesis U1136, Paris 
  • Fabrice Carrat, Jonathan Bellet – Clepivir U1136, Paris
  • Maryline Bonnet, Daniel Chemtob – TransVIH U1175, Montpellier
  • Bénédicte Jacquemin – Irset UMR‑S 1085, Rennes 
  • Guy Lenaers, César Mattei, Florian Beignon, Léa Tuifua, Méline Wery – MitoVasc U1083, Angers 
  • Johanna Lepeule – IAB U1209, Grenoble 
  • Jennifer Zeitlin, Pierre-Yves Ancel, Pierre Delorme, Catherine Deneux Tharaux – EPOPé U1153, Paris
  • Valéry Ridde, Jean-Marc Goudet, Annabel Desgrees Du Lou – Ceped ERL 1244, Paris

Autres équipes 

  • Tarik Benmarhnia, Noémie Letellier, Anna Dimitrova – SCRIPPS, San Diego
  • Frank Cobelens – AIGHD, Amsterdam
  • Emmanuel Roux, Benjamin Sultan – ESPACE-DEV, Montpellier
  • Mathilde Savy – MoISA, Montpellier
  • Adama Faye, Mbayang Ndiaye, Marième Sougou – ISED, Sénégal
  • Selim Samiya, Mahmuda Akter, Nurul Islam BiplobSajida Foundation, Bengladesh
  • Zahidul Quayyum, Khadiza Nahin – Brac University, Bengladesh