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Portrait d’Inserm : Cédric Baudelin, responsable de plateforme de zootechnie

Cédric Baudelin, responsable d’une des trois zootechnies expérimentales du Centre régional d'exploration fonctionnelle et de ressources expérimentales (Crefre) de Toulouse, nous en dit un peu plus sur lui et son métier à l’Inserm.

National
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Pouvez-vous nous dire un mot sur votre parcours ?

Cédric Baudelin : Ayant toujours eu une affinité pour la biologie et plus particulièrement le monde animal, je souhaitais à l’origine devenir technicien agricole ! C’est un professeur qui m’a parlé d’une formation d’animalier de laboratoire. Cela m’a intéressé, et j’ai donc intégré le seul lycée technique en France qui dispensait cet enseignement, à Vendôme, dans le Loir-et-Cher. Pendant quatre ans, j’ai appris le métier de zootechnicien : le soin des animaux, les conditions d’une bonne alimentation, d’un bon hébergement, et énormément de gestes techniques. À l’issue de cette formation, je me suis installé en région parisienne car il y avait beaucoup d’opportunités dans le domaine de la zootechnie et de besoins en recherche. Ma carrière a démarré en agence d’intérim spécialisée en chimie et pharmacie ! Cette période m’a permis de voir beaucoup de structures et d’organisations différentes. À l’issue du service militaire, j’ai pu encadrer pour la première fois une activité de zootechnie et participer activement à des projets de recherche. quatorze ans plus tard, j’ai quitté la région parisienne pour suivre ma compagne à Toulouse, où elle avait été mutée. Et j’ai rejoint l’Inserm.

Pourriez-vous nous présenter le Centre régional d’exploration fonctionnelle et de ressources expérimentales où vous travaillez ?

C. B. : Généralement, la partie zootechnie d’un laboratoire est juxtaposée à une structure de recherche spécifique. Ici, nous collaborons avec différentes équipes, et nous mettons à leur disposition nos compétences, nos équipements, et nos infrastructures. Nous sommes une unité mixte de service. Partant d’une activité d’abord centrée sur la gestion d’hébergement, nous avons progressivement ajouté d’autres services, tels que la création de modèles, la microchirurgie, le phénotypage, l’imagerie du petit animal, la cryoconservation…

Nous disposons de nombreux outils pour chacune de ces activités : PET scan, IRM, caméras gamma, imagerie 3D… Tous ces outils nous permettent de réaliser de l’exploration fonctionnelle, de la caractérisation de modèles sains et de modèles pathologiques. Cela peut permettre par exemple de développer des thérapies contre le cancer dans le cadre d’études précliniques. 

La gestion d’un service de zootechnie demande beaucoup de travail et de temps. Le maintien du statut sanitaire des animaux implique de disposer d’équipements particuliers et de mettre en place des procédures drastiques : sens de circulation, environnements à température constante, filtration de l’air… Ces paramètres nous permettent de conserver un environnement stable ainsi qu’une bonne protection sanitaire. Tout est strictement contrôlé et encadré, pour proposer des conditions d’hébergement standardisées et répondant aux besoins physiologiques et comportementaux des animaux. Cette exigence est la condition d’une recherche longitudinale de qualité, car si nous sommes incapables de maintenir ces paramètres, la qualité des résultats pourrait être remise en cause, et les données produites moins, voire non pertinentes. L’accréditation “ Bonnes pratiques de laboratoire ” obtenue en 2016, témoigne de cette rigueur.

© Inserm / François Guenet

Comment travaillez-vous avec les chercheurs ?

C. B. : Nous collaborons essentiellement avec les équipes de recherche académique : une vingtaine d’équipes du Centre de recherches en cancérologie de Toulouse, et quelques équipes du privé. Nous encadrons toutes leurs activités au sein de notre service et dispensons des formations générales et spécifiques selon les besoins. 

Concrètement, dans le cadre de nos projets, les acteurs de la qualité gèrent la dimension documentaire, et le directeur d’études supervise la réalisation sur base du cahier des charges remis par le financeur de l’étude. Pour certaines activités satellites, d’autres laboratoires peuvent être mobilisés, par exemple pour des analyses portant sur l’histologie, la biochimie ou la numération.

© Inserm / François Guenet

Comment est pris en compte le bien-être animal ?

C. B. : Beaucoup de choses évoluent dans le bon sens avec une prise en compte importante des questions éthiques, notamment depuis 2010 et l’adoption de la directive européenne portant sur le bien-être des animaux de laboratoire. Au-delà de l’aspect éthique, il y a eu aussi une prise de conscience globale qu’un animal qui n’est pas stressé, c’est un modèle qui nous permet de rechercher plus efficacement sur les maladies. C’est pour cela que nous avons placé le curseur très haut en matière de qualité d’hébergement et de suivi des animaux. Cela passe aussi par le fait de réduire le plus possible les gestes invasifs. On ne peut pas encore s’affranchir de l’animal, mais nous avons beaucoup progressé sur la partie anesthésie, analgésie, prise en charge de la douleur et bien-être. Le geste doit être non douloureux. Par exemple, lorsque l’on doit réaliser le profil génétique d’un animal, il faut réaliser des prélèvements. Maintenant, nous prélevons de petits échantillons par biopsie, comme pour des humains. Autre exemple, sur la préhension, il y a quelques années, il arrivait que les équipes déplacent les souris par la queue, or ce n’est pas physiologique. Nous avons travaillé sur des modes de manipulation différents pour améliorer le confort des souris. 

Votre travail est très encadré, juridiquement ?

C. B. : Oui. Pour lancer un projet d’expérimentation animale, le chercheur doit nécessairement suivre une formation spécifique axée sur les modèles animaux et attester d’une formation continue. Chaque projet doit être validé par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, après avoir été évalué favorablement par un comité d’éthique. La relecture est faite par cinq personnes : un concepteur, un applicateur, un soigneur, un vétérinaire, et un candide, c’est-à-dire une personne qui ne travaille pas dans la recherche, et va aider à vulgariser la partie présentation. Ce point est important car chaque projet est publié sur le site du ministère et sur celui de la commission européenne. Ce résumé non-technique doit donc être compréhensible par le grand public. Les membres du comité vont questionner la mise en œuvre, c’est-à-dire les procédures, la prise en charge de la douleur, son intensité, le suivi. Tous ces critères sont évalués et une feuille méthodologique très structurée encadre le projet. S’il est déployé, c’est cette méthodologie que nous suivrons sur le plateau.

Votre intégration au campus de cancérologie de Toulouse a‑t-elle un impact sur votre structure ?

C. B. : Cela nous apporte de la transversalité : nous avons des équipes académiques, de recherche pure, et des liens directs et indirects avec les hôpitaux. La proximité avec les patients apporte également un caractère concret au travail que nous faisons chaque jour car nous voyons l’application des recherches que nous menons ici. J’ai perdu mon père à 66 ans, emporté par un cancer du pancréas, et c’est une thématique qui est beaucoup abordée ici. Cela m’encourage de savoir que nous contribuons à la lutte contre les cancers. Pour prendre un exemple, nous travaillons parfois avec les patients de l’hôpital. L’objectif est de prélever un échantillon de leur tumeur pour essayer de la « typer », puis de rechercher le traitement qui aura la meilleure réaction. La plupart des tumeurs étant spécifiques, les traitements nécessitent des dosages très précis qui doivent être testés en amont pour être les plus efficaces possibles. 

Par ailleurs, nous accueillons souvent des étudiants chirurgiens, que nous soutenons dans le cadre de leur formation. Lorsqu’ils se spécialisent, les chirurgiens ont souvent besoin d’affiner leurs compétences techniques, de développer des innovations pour améliorer la prise en charge des patients, par exemple en travaillant sur l’utilisation des biomatériaux à visée clinique. 

Pour vous, que représente l’Inserm ?

C. B. : Il y a cette idée de grande famille. C’est aussi un travail, et une référence, qui porte une voix singulière. Cela fait 11 ans que je suis à l’Inserm, et je suis ravi des interactions que j’ai au sein de l’Institut. De plus, faire de la recherche fondamentale et appliquée me plaît. En outre, j’aurais plus de mal à travailler dans le privé, où les objectifs sont davantage financiers. Par exemple, je me dis que si demain les structures académiques ne travaillent plus sur les maladies orphelines, cela n’avancera pas assez vite. Cette dimension est importante, elle m’aide à me sentir utile. 

Que faites-vous pour vous ressourcer ?

C. B. : Je pense avoir trouvé une forme d’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Cela donne de l’énergie positive au quotidien ! J’aime les activités dans la nature. Nous avons la chance d’être dans la région des Pyrénées, et de disposer d’un cadre parfait pour de jolies sessions de randonnées. En hiver, je me frotte parfois au snowboard. Il m’arrive également de pêcher, de faire la cueillette des champignons. Autre activité, plus surprenante mais assumée : je suis trésorier d’une association d’aéromodélisme ! Cette dimension de minutie, d’infiniment petit, d’extrême délicatesse me parle.

© Cédric Baudelin

Qu’est-ce qui vous met de bonne humeur ?

C. B. : Le printemps. C’est peut-être un peu simple mais l’arrivée des beaux jours : les premiers bourgeons, les premières fleurs. Voir la nature fleurir, c’est toujours la source d’une grande émotion pour moi.

© Cédric Baudelin