Nous remercions chaleureusement tous les participants pour leurs contributions, parfois surprenantes mais toujours intéressantes. Signe de la vitalité de la recherche Inserm, il n’a pas été facile de choisir parmi ces propositions toutes uniques et de qualité. Découvrez les trois lauréats du concours ainsi que les autres coups de cœur du jury.
Les coups de cœur du jury
Emmanuel Mérieau
Chercheur au Centre de recherche translationnelle en transplantation et immunologie de Nantes, Emmanuel Mérieau nous propose une nouvelle sobre et réaliste, qui rappelle que chaque pas est précieux dans le long chemin de la découverte scientifique.
Un échec qui n’en est pas un
La nouvelle d’Emmanuel Mérieau
Pourquoi avoir choisi d’écrire une nouvelle pour ce concours ?
Emmanuel Mérieau : J’ai choisi ce format car il semblait le plus adapté pour exprimer mon idée, mais c’était une grande première. J’ai puisé mon inspiration dans le laboratoire où je travaille depuis près de 30 ans, en essayant de me représenter à quoi ce dernier aurait pu ressembler dans les années 1960. Pour être plus juste, J’ai effectué quelques recherches pour trouver des objets ou des prénoms couramment utilisés à cette époque. Par exemple, le téléphone à cadran rotatif, ou le prénom d’Alain. J’ai ensuite intégré ces éléments et écrit la nouvelle en plusieurs fois.
Christelle Soukaseum
Chercheuse au laboratoire Hémostase, inflammation, thrombose situé au Kremlin-Bicêtre, Christelle Soukaseum nous propose un récit cinématographique. L’espoir émerge lorsque le laboratoire Inserm développe un sang génétiquement modifié, capable de résister aux conditions climatiques extrêmes.
Sang brûlant
Le scénario de Christelle Soukaseum
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre processus créatif ?
Christelle Soukaseum : C’est ma sœur, qui travaille également à l’Inserm, qui m’a poussée et motivée à participer au concours. L’écriture me paraissait le plus simple et le plus rapide comme mode d’expression. Je me suis inspirée des prévisions concernant le climat et du travail que je fais au quotidien dans mon laboratoire de recherche. J’ai essayé de décrire quelque chose en lien avec les études menées au laboratoire, c’est-à-dire sur l’hémostase.
Manel Zennadi
Post-doctorante au Centre de recherche en neurosciences de Lyon, Manel Zennadi nous plonge dans l’esprit et les actions du professeur Jouvet, dans un poème mêlant habilement éléments de fiction scientifique et détails du quotidien.
Jouvet dans ses pensées
Le poème de Manel Zennadi
Quel a été votre moteur pour cet exercice ?
Manel Zennadi : Quand j’étais plus jeune, je m’amusais souvent à composer des vers sur divers événements et sentiments. Avec le temps, je me suis peu à peu éloignée de cette habitude, d’autres préoccupations ayant pris place, notamment la science qui est souvent perçue comme une discipline froide et logique, j’ai alors pensé que ce concours était l’occasion parfaite pour renouer avec l’écriture et apporter un peu de magie dans l’univers de la science.
Pourquoi avoir retenu ce thème et ce format pour votre participation ?
M. Z. : J’ai été clairement inspirée par le nom donné au neurocampus sur le site du CRNL. Au moment de la parution de l’annonce du concours, je venais de lire un article passionnant sur la vie du professeur Michel Jouvet. L’article faisait référence à son amour pour son domaine de recherche, les rêves, et à sa passion pour les chats. Cette description m’a particulièrement touchée. Le contexte de science-fiction posé par le concours a fait naître dans mon esprit l’image d’un professeur dans son laboratoire, essayant de créer un casque de télékinésie, en compagnie de son chat bien évidemment.
Romain Leroux
Chercheur Inserm au sein du laboratoire IAME de Paris, Romain Leroux nous raconte l’histoire de la création d’une pomme de terre révolutionnaire contenant autant de protéines qu’un poulet. Malheureusement, le précieux tubercule hyperprotéiné se révèle difficile à digérer en raison de sa richesse en patatéine. Jusqu’à ce que l’Inserm fasse une découverte qui va tout changer…
Enfin la fin de la faim dans le monde !
L’article de presse de Romain Leroux
D’où est venue votre envie de participer ?
Romain Leroux : L’imagination scientifique et l’écriture me semblaient réunies dans ce concours qui, à partir d’un thème donné, laissait une grande liberté de création et d’expression. J’ai tout de suite pensé à m’associer avec ma mère qui est écrivaine. Dans notre famille, nous partageons à égalité le goût des sciences et des mots. Notre duo s’est donc imposé de lui-même dans la bonne humeur et la fantaisie.
Pourquoi avoir retenu ce thème et ce format pour votre participation ?
R. L. : La promesse du cours de pâtisserie a peut-être joué un rôle inconscient. On dit communément que l’on est ce que l’on mange. Bien s’alimenter est le premier gage de bonne santé. Le problème alimentaire est aujourd’hui crucial : comment manger de façon saine et équilibrée sans ruiner son budget ni dévaster l’environnement ? Nourrir la population mondiale tout en protégeant la planète est plus que jamais un enjeu collectif.
La forme de l’article de presse convenait bien à notre propos car le texte de presse permet d’expliquer les faits et les enjeux d’une façon claire et ramassée, compréhensible par tous. Il relie le sujet choisi à l’actualité et aux préoccupations de l’époque, tout en permettant la note d’humour, qui est aussi l’une des caractéristiques de notre famille.
Les lauréats du concours
Les lauréats remportent un cours de pâtisserie d’une durée de 3h30, à l’occasion duquel ils mettront la main à la pâte en compagnie d’un chef expérimenté qui leur livrera toutes les astuces pour réaliser une sélection de gâteaux de voyage : cakes, madeleines, scones, pain d’épices… Encore bravo aux lauréats et merci à tous les participants !
Maud de Dieuleveult et DAL
Maud de Dieuleveult, chercheuse Inserm à l’institut Imagine de Paris, s’est associée avec la mystérieuse DAL pour former un duo créatif qui s’est démarqué par leur association entre texte et dessin. Le projet a été inspiré par leurs expériences, notamment dans les domaines de la reproduction, du développement, de l’épigénétique et des maladies auto-immunes.
Le projet Mogad’or
La nouvelle de Maud de Dieuleveult et DAL
Quelles sont les raisons qui vous ont donné envie de participer au jeu ?
Maud : La proposition de participer avec une personne de l’extérieur a été le facteur déclencheur. Avec DAL, la participation est devenue une évidence. Nous tenions à illustrer le texte car pour moi, une image a toujours un impact particulier dans la conscience et l’inconscient des lecteurs. Celle-ci aide le lecteur à appréhender l’univers du texte tel qu’il est envisagé par les auteurs. J’ai puisé l’inspiration dans mes nombreuses lectures de BD, notamment « Tu mourras moins bête » de Marion Montaigne. Les textes et dessins, au crayon puis à la tablette graphique, ont été faits à quatre mains.
DAL : J’ai tout de suite accepté même si les délais étaient courts. C’est drôle car avec Maud, nous nous sommes rencontrées côté science et nous avons finalement collaboré côté fiction. J’aime raconter des histoires et mon cœur balance souvent entre l’écriture et le dessin. Pour ce projet, c’est l’écriture qui a pris naturellement le dessus. Pour l’impulsion créative, j’ai probablement été influencée par Bolchoï Arena de Boulet, ou encore Aseyn.
Armelle Van Es
Armelle Van Es, chercheuse Inserm au centre Maladies rares : génétique et métabolisme de Bordeaux, a proposé un objet hybride mêlant photographie, vidéo et son. Passionnée de littérature fantastique, de poésie et d’arts visuels, elle a choisi de créer une passerelle entre ces 3 univers et de capturer la complexité de l’évolution dans une vidéo baroque et originale.
D’où est venue votre inspiration ?
Armelle Van Es : Je fais très souvent des photos et des vidéos de moments bruts, pris sur le vif, par exemple en filmant ma meute de terriers écossais, au nombre de 6. Ces enregistrements peuvent m’inspirer et j’aime à en retravailler certains.
La photo qui ouvre la vidéo a été choisie suite à une discussion avec une amie professeure de français. Pour nous deux, l’image évoquait le poème « Vie antérieure » de Charles Baudelaire. Aimant tout particulièrement la littérature fantastique et de science-fiction, par exemple Edgar Allan Poe, Lovecraft ou encore Ray Bradbury, j’ai essayé d’insuffler un peu de mes lectures au reste de la vidéo. D’un point de vue plus scientifique, j’ai tenté de synthétiser le plus simplement possible le processus complexe de notre évolution en le mêlant au poème de Charles Baudelaire. On pourra également déceler d’autres références, par exemple aux Pensées de Pascal, et bien sûr à Charles Darwin.
Didier Pinault
Didier Pinault, chercheur Inserm au centre Translational Neuroscience and Psychiatry de Strasbourg, a apporté une touche poétique au concours avec un poème illustré qui explore le lien entre la recherche scientifique et l’art culinaire. Son poème, accompagné d’une photomicrographie de son travail et émaillé de métaphores pâtissières, évoque les défis, les joies, les réussites, mais également la complexité du travail des chercheurs.
La poésie, qui plus est illustrée dans votre cas, s’est-elle imposée comme une évidence ?
Didier Pinault : Tout est parti d’un élan spontané. Le format, ouvert et totalement libre, a tout de suite titillé mon esprit de chercheur. Les poèmes ont toujours été des compagnons de route et la poésie possède cette magie singulière de pouvoir évoquer, en quelques mots seulement, une multitude d’émotions, de sensations et d’images. J’ai décidé de combiner avec mon poème une photomicrographie de ma galerie « science et art ». Elle dévoile certains éléments d’un organe en cours d’exploration, le cerveau. Pour un œil non averti, elle peut évoquer une multitude de choses, servir de support à l’imagination. Et c’est dans le contexte de l’art culinaire, et plus particulièrement de la pâtisserie, que je souhaitais laisser cette liberté d’interprétation.
La photomicrographie apporte une touche visuelle qui met en valeur l’une des facettes de mes travaux : le marquage cellulaire, qui permet d’appréhender la complexité de l’architecture des neurones. C’est une technique d’enregistrement et de marquage juxtacellulaire que j’ai moi-même créée et développée lorsque j’étais postdoctorant à l’Université Laval de Québec (Pinault, 1996). Elle a été conçue dans le but de comprendre l’architecture et la fonction des neurones thalamiques. Cette technique se révèle précieuse pour comprendre le fonctionnement et les dysfonctionnements du cerveau, et ainsi contribuer à l’innovation thérapeutique.
De la vanille au chocolat, il n’y a pas qu’un pas
Le poème de Didier Pinault