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Inserm, travail et confinement : Manon Venet

​Manon Venet, ingénieure d'études au Centre international de recherche en infectiologie de Lyon (1)​, est propulsée au cœur de la recherche contre le Covid-19. Elle livre son témoignage.   

National
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Pouvez-vous vous présenter ? 

Manon Venet : J’ai suivi des études d’assistante de laboratoire en biologie-biochimie à l’École supérieure de bi​ologie-biochimie-biotechnologies de Lyon. J’ai ensuite obtenu une licence et un master en biologie moléculaire et cellulaire (parcours biologie de la peau) à l’université Claude-Bernard Lyon 1. 

Depuis deux ans, je travaille en tant qu’ingénieure d’études au CIRI. Je fais actuellement partie de l’équipe Trafic vésiculaire, réponse innée et virus. Notre équipe vise à définir comment les virus hautement pathogènes​pour l’Homme (Zika, dengue, hépatite C, chikungunya…) sont reconnus par la réponse immunitaire et comment ils défient cette réponse. Je ne suis pas spécialiste de la famille des coronavirus : en temps normal j’étudie les interactions entre les cellules infectées par les virus de la dengue et du chikungunya et la réponse antivirale in vivo par les cellules dendritiques plasmacytoïdes (pDC).

L’épidémie de Covid-19 a bouleversé vos thématiques de recherche habituelles, pouvez-vous nous en dire plus ?

Manon Venet : Alors que je me consacrais principalement à l’étude de la dengue et du chikungunya, j’ai été missionnée pour contribuer à un projet d’urgence consacré à la recherche sur le Covid-19. Dans ce projet colla​boratif entre mon équipe, dirigée par Marlène Dreux, chercheuse en immunovirolo​gie, l’équipe de Bruno Lina, professeur de virologie et directeur de l’équipe Virpath-CIRI, et d’autres équipes du CIRI, nous tentons de percer le mystère de ce nouveau coronavirus. 

Nous sommes un groupe de collaborateurs incluant une dizaine de personnes avec des compétences complémentaires. Nous essayons de comprendre le​comportement et les mécanismes d’infection de ce virus inconnu. Je suis en train de mettre au point les conditions expérimentales pour étudier la réponse immunitaire innée chez les patients atteints de Covid-19. Depuis trois semaines, j’ai donc laissé de côté mon sujet de recherche habituel et j’ai dû rapidement m’adapter à un nouvel environnement et de nouveaux outils pour être opérationnelle le plus vite possible. 

Nos travaux permettront, je l’espère, de fournir de nouvelles connaissances sur ce virus pour le développement de thérapies adaptées. Je suis mission​née jusqu’à la fin du confinement et je verrai si je reste plus longtemps au sein de cette équipe de recherche d’urgence.

Comment planifiez-vous vos journées ?

Manon Venet : Je scinde mes semaines en deux. Je consacre certains jours à du télétravail : même si je concentre mes efforts sur le Covid-19 avec de la planification d’expériences et de l’analyse de résultats, j’en profite également pour assurer mon travail d’ingénieure (rech​erche bibliographique, analyse des résultats inscrits sur mon cahier de laboratoire, mise en place de banques et inventaires électroniques). Ensuite je me rends à l’hôpital de la Croix-Rousse pour effectuer mes manips. 

C’est la première fois dans ma carrière que je travaille sur un sujet qui fait l’actualité chaude. Je suis habituée aux recherches fondamentales ; avec le Covid-19, je travaille sur de la recherche qui a une visée plus appliquée et​en lien avec patients infectés. En tant que biologiste, j’ai affaire à une temporalité différente : en temps normal je travaille en mode « course de fond », actuellement je passe à un sprint ! C’est une méthode de travail hors du commun pour moi.

Pensez-vous que la recherche scientifique menée contre le Covid-19 connaît une saine émulation ?

Manon Venet : Oui, être au cœur du réacteur et dans le feu de l’action ajoute une motivation et une émulation personnelle. Mais cela a aussi entraîné un élan​de solidarité de l’ensemble de la communauté scientifique. Au sein de ce projet multi-équipes, la mise en commun de nos forces et expertises pour trouver un remède à ce virus inconnu est un véritable combat collectif (discussions et partages de résultats, mise à disposition de réactifs et de matériel…). 

À l’échelle mondiale, la compétition entre les équipes est encore bien présente, mais beaucoup d’efforts sont faits pour optimiser la recherche, notamment au niveau de la communication rapide des résultats avec la mise à disposition des articles en preprint, c’est-à-dire avant le processus classique d’édition qui prend plusieurs mois. Mais avant de trouver une thérapie, c’est un long chemin qui nous attend : celle-ci ne sera disponible que pour les prochaines épidémies de Covid-19. J’espère alors que cette union va persister et s’améliorer au-delà du confinement afin d’obtenir des résultats solides, rapides et efficaces.

Après cette expérience, souhaitez-vous rester sur le fondamental ou est-ce que cela vous a donné envie d’élargir vos horizons ?

Manon Venet : J’aime bien l’aspect fondamental de la science qui permet de décortiquer les mécanismes biologiques. Mais l’aspect appliqué m’attire aussi beaucoup, car il permet la mise en valeur des découvertes fondamentales en leur​donnant une réelle utilité pour la santé publique par exemple. Sachant que ce projet sur le SARS-CoV‑2 est une nouvelle thématique qui va continuer à être explorée dans notre équipe, cela me donne l’occasion de faire un peu des deux. Pour mes prochains postes, j’aimerais retrouver cette dualité.

(1) Centre international de recherche en infectiologie : Inserm
U1111, École normale supérieure de Lyon, Université Claude Bernard Lyon 1, CNRS
UMR5308