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Projets européens, les conseils d’une coordinatrice

Jennifer Zeitlin est chercheuse Inserm en épidémiologie obstétricale, périnatale et pédiatrique au Centre de recherche en épidémiologie et statistiques à Villejuif. Lauréate par deux fois du trophée des Étoiles de l’Europe et évaluatrice pour l’ANR, elle explique l'importance de constituer son réseau avant de soumettre un projet et d'inscrire sa recherche à l'échelle européenne pour réussir.

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Jennifer Zeitlin a obtenu deux financements dans le cadre du programme Horizon 2020 et un troisième via le 7e Programme-cadre pour la recherche et le développement technologique (PCRD) créé par l’Union européenne. Elle a été deux fois lauréate du trophée des Étoiles de l’Europe, qui récompense des coordinateurs et coordinatrices de projets européens portés par une structure française.

Quel est votre domaine de recherche ? 

Jennifer Zeitlin : Je travaille dans le domaine de l’épidémiologie appliquée à la santé périnatale. Mon but est de comprendre les systèmes d’organisation de soins dans le contexte européen. Malgré des situations comparables sur le plan économique, on constate une hétérogénéité importante en matière de parcours de soins pour les femmes enceintes et les nouveau-nés. Egalement en termes des résultats de santé périnatale. Mes premiers travaux ont débuté il y a une vingtaine d’années et s’intéressaient au transport néonatal des enfants nés très prématurément. Mon premier projet portait sur une cohorte d’enfants nés dans 10 pays européens. J’ai donc constitué mon réseau il y a longtemps et la dimension européenne est déjà bien intégrée à ma recherche. 

Ce réseau européen dont vous parlez, comment avez-vous fait pour le développer ? 

J. Z. : Il faut aller aux congrès en Europe pour rencontrer ses pairs, se tenir au courant de leur actualité. Au fil des rencontres, une proximité se crée avec certaines équipes. Nous travaillons sur les mêmes sujets donc il y a de fortes convergences, mais je suis toujours surprise d’une manière ou d’une autre. La veille donne l’occasion de savoir qui travaille sur quoi, ce qui aide à solliciter les bonnes personnes au bon moment. Cette connaissance de l’actualité des pairs permet de convaincre plus facilement et de fédérer, car il faut être capable de faire comprendre la plus-value de votre projet aux partenaires. S’ils ne sont pas intéressés, ils ne participeront pas ! La dimension européenne est aussi très sympathique, car en plus d’apprendre beaucoup de choses, nous tissons des liens personnels qui durent longtemps.

Comment avez-vous fait pour décrocher trois projets européens dans un environnement si compétitif ? 

J. Z. : Il faut comprendre l’intérêt de mener une recherche au niveau européen, bien intégrer cette dimension dans son projet et montrer aux évaluateurs pourquoi ce choix de l’échelle européenne fait sens sur le plan scientifique. Est-ce que la réussite du projet repose sur des échantillons plus grands et des sources plus variées ? Est-ce que le projet intègre une dimension comparative entre des contextes différents ? Doit-il faire intervenir des expertises transnationales ? Il faut que la dimension européenne ait un sens et éviter l’écueil de cantonner son raisonnement à « Europe = fonds plus importants ». Un projet original construit dans ce cadre aura plus de chances de succès qu’un projet conçu pour le national et adapté pour correspondre au contexte européen. Pour s’aider au niveau du cadrage, on peut se poser la question suivante : « Pourquoi mon projet sera meilleur au niveau européen et pourquoi le niveau national n’est pas suffisant ? ».

En ce qui concerne le montage, quels seraient vos conseils ? 

J. Z. : Au début je faisais tout moi-même. Maintenant, je sollicite l’appui d’Inserm Transfert. Ils ont une bonne expérience et accompagnent à l’aide d’un référent. L’accompagnement porte sur la structuration des dossiers et l’aspect coordination : il faut définir clairement les missions et objectifs de chacun et assurer le suivi. Inserm Transfert veille rigoureusement à ce que les délais soient tenus et à ce que chaque partenaire respecte le calendrier prévu. L’équipe nous assiste également sur le montage du budget et la structuration en matière de gouvernance. Si le projet a été retenu, elle peut aussi coordonner celui-ci. Cela allège considérablement le versant administratif.

Comment s’est passée la coordination lors de vos derniers appels ? 

J. Z. : Elle s’est faite essentiellement à l’Inserm avec les administrateurs de notre équipe de recherche et au sein de la délégation régionale. Le niveau d’expertise et d’assistance est excellent, mais le surcroît de travail, pour des personnes déjà très occupées, est difficile. Dans mon dernier projet, nous avions un coordinateur et un administrateur dont les seuls objectifs étaient d’organiser des réunions, de suivre les livrables et de rendre compte des états financiers. C’est une aide précieuse. 

Y a‑t-il des façons pour les scientifiques de rebondir si leur dossier n’est pas retenu lors d’un appel européen ?

J. Z. : Si les organismes de financement pouvaient développer un peu plus les concordances entre les appels nationaux et européens, cela permettrait de développer un système de seconde chance. Ce système est plus développé dans d’autres pays, par exemple aux États-Unis, où l’on peut soumettre des projets NIH (National Institutes of Health) qui ont été bien évalués mais non retenus au niveau international. Ceci dit, depuis quelques années, les instruments « Tremplin ERC » (T‑ERC) de l’ANR et « Impulscience » de la fondation Bettencourt Schueller vont dans le même sens. Ils permettent à des chercheurs n’ayant pas obtenu de financement européen malgré la qualité de leur projet de décrocher un financement national. L’ANR propose de son côté des subventions pour les chercheurs français souhaitant monter un projet européen via le programme MRSEI. Le concept : un financement d’amorçage, aux alentours 30 000 €, et en parallèle l’appui d’experts, qui vont évaluer et aider les participants à calibrer leur projet au plus près des attentes liées aux appels à projets européens. Malgré cela, il est courant de ne pas obtenir un appel à sa première candidature. Il ne faut pas se décourager car avec le réseau constitué, il sera possible d’améliorer le projet ou de bâtir d’autres projets pour une soumission future.

Pour en savoir plus sur les opportunités de financements européennes existantes ou être mis en relation avec des lauréats du réseau Raise, contactez la Cellule Europe : horizon.​europe@​inserm.​fr

Conseils pour un dépôt de projet européen : 

  • Participer en amont aux congrès d’envergure européenne pour savoir sur quels projets travaillent les pairs et mobiliser les bons partenaires lorsque vient le temps de constituer son consortium
  • Inscrire son projet de recherche dans une problématique spécifiquement européenne, par exemple une comparaison entre pays de l’Union européenne
  • Se faire aider par Inserm Transfert pour la structuration des dossiers et la coordination entre les équipes