Un traitement existant contre l’épilepsie pourrait aussi améliorer le développement du cerveau : une découverte chez la souris

Paca et Corse
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Une étude menée par l’équipe de Laurent Villard, directeur de recherche Inserm au Centre de génétique de Marseille (MMG – AMU/Inserm), en collaboration étroite avec le Service de Neurologie Pédiatrique et le Service de Pharmacologie clinique et pharmacovigilance de l’Assistance publique – Hôpitaux de Marseille (AP-HM), s’est intéressée aux effets à long terme d’un médicament bien connu dans le traitement de l’épilepsie, la carbamazépine.

Ce médicament est déjà utilisé chez des enfants atteints d’une forme rare et sévère d’épilepsie génétique, appelée encéphalopathie développementale et épileptique liée au gène KCNQ2. Cette maladie se manifeste très tôt, souvent dès la naissance, par des crises d’épilepsie importantes accompagnées de retards dans le développement, notamment sur les plans moteur, cognitif et du langage.

Pour mieux comprendre l’impact de ce traitement au-delà de la simple réduction des crises, les chercheurs ont mené leurs travaux sur un modèle de souris portant la même mutation génétique que celle observée chez les enfants atteints. Les animaux ont reçu de la carbamazépine tous les jours pendant une période de 70 jours. Les scientifiques ont ensuite observé l’évolution des crises, mais aussi les capacités d’apprentissage et de mémoire, en réalisant des tests comportementaux adaptés. Ils ont également analysé la présence du médicament et de ses dérivés dans le cerveau des souris.

Les résultats sont très encourageants. Les souris traitées ont présenté une forte réduction des crises d’épilepsie par rapport à celles qui n’avaient pas reçu le médicament. Surtout, leur comportement cognitif, évalué après trois mois, était comparable à celui des souris normales, ce qui suggère un effet positif du traitement sur le développement cérébral. Les chercheurs ont également observé que le médicament, sous sa forme modifiée appelée carbamazépine-époxyde, s’accumulait progressivement dans le cerveau, ce qui pourrait expliquer ses effets durables.

Ces travaux, fruits d’une collaboration interdisciplinaire, remettent en question l’idée selon laquelle ce traitement n’aurait d’effet que sur les crises. Ils suggèrent au contraire que, lorsqu’il est administré sur une longue période, il pourrait aussi aider au bon développement du cerveau. Cela ouvre la voie à une réflexion sur les stratégies actuelles de prise en charge chez les patients, et souligne l’importance d’évaluer plus finement les effets à long terme des traitements antiépileptiques, y compris ceux qui sont déjà utilisés en clinique.

Contact chercheur
Laurent Villard
Directeur de recherche Inserm
Centre génétique de Marseille (MMG – AMU/Inserm)
Faculté de Médecine, 27 Bd Jean Moulin, 13385 Marseille Cedex 05, FRANCE
Tél. 04 91 32 49 03
Mail : laurent.​villard@​univ-​amu.​fr