Influence de la présence sociale sur le cerveau : des synapses plus efficaces

Paca et Corse
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Dans leur dernière publication dans Nature Communications Biology, Driss Boussaoud (DR CNRS), en collaboration avec Viktor Jirsa (DR CNRS) et son équipe — notamment Meysam Hashemi (post-doctorant Inserm) — à l’Institut de Neurosciences des Systèmes (AMU/Inserm), ainsi que leurs partenaires, se sont intéressés à la manière dont la simple présence d’autrui, même en l’absence de toute interaction directe, influence le fonctionnement du cerveau et le comportement.


Depuis plus d’un siècle, les psychologues savent que la simple présence d’autrui peut améliorer — ou altérer — la performance, et ce, dans de nombreuses espèces. Mais comment le cerveau met-il en œuvre ces effets universels ? Ce phénomène, connu sous les termes de facilitation sociale, n’est pas propre à l’homme ; il existe chez de nombreuses espèces. Mais comment le cerveau met-il en œuvre ces effets universels ?


Les chercheurs avaient auparavant découvert l’existence de neurones « sociaux », dont l’activité est modulée par la présence sociale (Demolliens et al., 2017). Dans cette nouvelle étude, ils vont plus loin en combinant les enregistrements neurophysiologiques chez le singe et chez l’humain, et la modélisation mathématique basée sur l’inférence bayésienne.

Ils ont montré que, chez le singe effectuant une tâche d’apprentissage associatif, la simple présence d’un autre singe augmente l’efficacité des synapses excitatrices dans des zones cérébrales liées à l’attention, comme le cortex préfrontal dorsolatéral et le cortex cingulaire antérieur.

Chez l’humain, lors d’une tâche visuomotrice, la présence d’autres personnes a amélioré les performances pour certains participants, et cette amélioration était liée à une meilleure efficacité synaptique dans les réseaux d’attention dorsaux et ventraux.

Ces effets se produisent à plusieurs échelles du cerveau : micro (neurones), méso (colonnes corticales) et macro (tout le cerveau). Les chercheurs utilisent un cadre probabiliste basé sur l’apprentissage bayésien pour montrer comment la présence sociale peut moduler l’attention et améliorer les performances.

Cette étude est la première à faire le lien entre plus d’un siècle d’études comportementales et les mécanismes synaptiques par lesquels la présence sociale module le cerveau à différents niveaux. Elle ouvre la voie à de futures recherches sur les interactions complexes entre la présence d’autrui, la dynamique neuronale et le comportement, mais aussi à des applications comme l’IA ou la psychologie clinique.

Demolliens, M., Isbaine, F., Takerkart, S., Huguet, P. & Boussaoud, D. Social and asocial prefrontal cortex neurons : a new look at social facilitation and the social brain. Soc. Cognit. Affect. Neurosci. 12, 1241 – 1248 (2017).

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