Du latin, de la neuro et de l’immuno
Née en Sardaigne à Cagliari, Aurora Pignata débute son parcours de biologiste après un baccalauréat littéraire en Italie. C’est après avoir assisté à La nuit des chercheur.e.s en 2008 qu’elle décide de s’inscrire en licence de biologie à l’université de Turin. Elle poursuit ses études à l’ENS de Lyon dans le master Bioscience. Elle mène sa thèse dans le laboratoire de Valérie Castellani à l’Institut Melis (ex- Institut neuromyogène) de la faculté de médecine Rockefeller de Lyon. Pendant trois ans , elle étudie certaines protéines impliquées dans la mise en place des circuits neuronaux de la moelle épinière au cours du développement embryonnaire. En janvier 2020, elle rejoint l’équipe de A. Saoudi et R. Liblau à Infinity pour son post-doctorat. Elle travaille sur l’étude des pathologies chroniques qui affectent le cerveau et la moelle épinière comme, par exemple, la sclérose en plaques (SEP) au côté de Frédéric Masson et Roland Liblau, tous deux chercheurs à l’Institut.
Dans ce laboratoire, on fait face à des problématiques concrètes liées aux patients atteints de pathologies. Les cellules sur lesquelles on travaille pourraient être une future cible thérapeutique. C’est très motivant !
Faire avancer le traitement de la sclérose en plaques
Aurora travaille sur un modèle murin de SEP appelé EAE. Elle suit ce modèle au cours du temps et analyse ce qu’il se passe dans son système nerveux central (SNC) pour mieux comprendre les étapes de l’évolution de cette maladie.
Sur des tissus post-mortem humains, une population de lymphocyte a été retrouvée : les lymphocytes T (LT) résidents. Contrairement aux autres lymphocytes T en mouvement, ces LT résidents restent dans le tissu. Ce qui expliquerait, dans des contextes d’auto-immunité, l’inflammation chronique.
Les traitements actuels de la SEP n’ont pas d’action sur cette population de cellules T résidents. Une partie du projet de recherche d’Aurora consiste à identifier cette population de LT très hétérogène avec des spécificités propres à chacune de ces sous-populations. Aussi, elle observe une accumulation de ces cellules au cours des phases chroniques.
Chez le modèle EEA, en éliminant cette population cellulaire, 40% des modèles présentent une amélioration clinique.
Mieux comprendre le rôle de toutes les sous-populations de LT résidents sera nécessaire avant de passer chez l’homme.
D’autres maladies chroniques du SNC comme la narcolepsie pourraient bénéficier de ces travaux.
Prix Jeunes Talents France 2023 » Pour les Femmes et la Science »
Chaque année, 35 jeunes chercheuses de talent (20 doctorantes et 15 post-doctorantes cette année), sont récompensées pour leurs travaux scientifiques, dans les territoires métropolitain et ultra-marins. Ce prix met en valeur l’importance de leurs travaux de recherche pour faire face aux défis d’aujourd’hui et de demain, mais aussi met en lumière la contribution des femmes en science.
Une dotation de 15 000 € pour les doctorantes et de 20 000 € pour les post-doctorantes est prévue comme récompense destinée à financer la poursuite de leurs travaux de recherche ainsi qu’une formation en gestion et leadership (notamment en développement personnel, négociation, communication et prise de parole en public) visant à leur donner des outils pour affronter le fameux » plafond de verre » et mieux valoriser leurs recherches scientifiques.
Au sujet de cette formation, je partais avec des a priori j’avoue ! J’ai trouvé ça vraiment intéressant ! Des thématiques qui nous touchent au quotidien ont été abordées ! Le fait de pouvoir en parler dans un environnement bienveillant a été très bénéfique. Une vraie sororité s’est développée.