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Fête de la Science : une décennie de découvertes et de partage à l’Institut Cochin

Cette année marque le dixième anniversaire de la participation de l'Institut Cochin (unité Inserm 1016 / CNRS / Université Paris Cité) à la Fête de la Science, un rendez-vous national devenu incontournable, et qui offre une possibilité précieuse aux chercheuses et chercheurs de l’Inserm de partager leur passion et leur quotidien aux plus curieux des nombreux visiteurs qui répondent toujours présents en nombre. À cette occasion, Julie Cocquet, chargée de recherche, et Laurence Bénit, médiatrice scientifique, relatent leur expérience et témoignent de l’importance de continuer à s’investir dans cette action, tant pour le grand public que pour les personnels de l’institut.

Paris-IDF Centre Est
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Dix ans… un bel anniversaire ! En quoi est-il primordial pour vous de vous impliquer chaque année ?

Laurence Bénit : Notre participation à la Fête de la Science est vitale : c’est une occasion idéale d’ouvrir nos portes au public et de le sensibiliser à la recherche biomédicale menée dans les laboratoires, et en lien avec les hôpitaux, ce que nos visiteurs ne savent pas forcément ! Au cours de cette décennie, nous avons accueilli pas moins de 2 000 visiteurs, un beau chiffre que nous espérons bien sûr continuer à voir grimper.

Julie Cocquet : C’est aussi très valorisant pour la centaine de scientifiques qui y prennent part, car cette action renforce le sens de leur travail en les connectant directement à la communauté, aux citoyens. Donner accès à notre laboratoire est un atout majeur qui propose au public de voir par lui-même la science en action, et pour nous, d’expliquer l’intérêt de notre travail, de présenter notre quotidien.

© Inserm (unité Inserm 1016)/Laurence Bénit à gauche, Julie Cocquet à droite

Quel regard portez-vous sur l’évolution de la médiation scientifique ?

L. B. : Nous sommes passés d’une approche unidirectionnelle de vulgarisation à une expérience plus interactive et participative. Les chercheurs ne se contentent plus de transmettre leur savoir, ils engagent un véritable dialogue avec le public. Les nouvelles approches de médiation scientifique et les avancées technologiques ont également joué un rôle clé en rendant la science plus visuelle, plus captivante.

J. C. : Pour moi, cette évolution a par ailleurs renforcé les liens entre les scientifiques eux-mêmes, car la Fête de la Science crée un moment de collaboration et de partage de leurs connaissances sous un autre aspect, plus terre à terre. Cet exercice de médiation peut parfois être difficile, mais il est devenu essentiel pour nous car il nous pousse à améliorer la façon dont nous communiquons entre nous sur nos projets de recherche. C’est un réel avantage qui nous aide au quotidien.

Avez-vous des exemples de dispositifs employés pour expliciter la recherche auprès du public ?

J. C. : Dans l’équipe à laquelle j’appartiens, nous travaillons sur la reproduction : un domaine à la fois fondamental et complexe, mais aussi accessible et universel. Nous organisons des ateliers très visuels, comme par exemple l’observation de la mobilité des spermatozoïdes au microscope à transmission. Aussi, nous avons mis en place une approche ludique en utilisant des briques de Lego pour illustrer de manière schématique la formation du placenta, son rôle et sa structure. Les visiteurs sont amenés à les manipuler pour mieux comprendre ce processus, et c’est accessible à tous les âges.

L. B. : Nous avons également créé un atelier intitulé « Peindre avec des bactéries ». Dans celui-ci, nous invitons les visiteurs à dessiner avec des bactéries sur des boîtes nutritives dont la composition permet de révéler les pigments naturels des différentes bactéries utilisées. Après une nuit de croissance des bactéries à 37°C, des œuvres colorées apparaissent. Des photos sont prises et transmises à leurs auteurs. Ce qui rend cet atelier particulièrement unique, c’est le message qu’il véhicule : l’importance du temps et de la patience dans le monde de la recherche scientifique. Ces formats créatifs et interactifs rendent la médiation scientifique plus attrayante et accessible pour tous.

© Institut Cochin (unité Inserm 1016) / Illustration de l’atelier « Peindre avec des bactéries »

Quels sont les principaux défis auxquels vous avez eu à faire face ?

J. C. : Pour moi, notre principal défi consiste à expliquer de manière accessible des sujets qui ne le sont pas toujours. Il est aussi essentiel de prendre en considération les réactions du public. Par exemple, lors de notre atelier Lego, nous avions placé une affiche informative à proximité, accompagnée d’une photographie du placenta. Cependant, nous avons rapidement constaté que cette image pouvait provoquer des malaises chez certaines personnes, compte tenu de la nature assez explicite de cet organe. Cette réaction inattendue nous a amenés à ajuster notre approche lors des années suivantes. Pour résoudre cette problématique, nous avons décidé d’ajouter un petit panneau discret qui laissait le choix au public de voir ou non cette photographie. Au fil du temps, nous avons appris à faire preuve d’adaptation !

L. B. : Un autre défi pour les chercheurs est le temps, car l’organisation d’un tel événement dans nos laboratoires demande un investissement humain considérable. Il serait idéal d’avoir une équipe dédiée à ce type d’organisation, et qui posséderaient des compétences en logistique et en gestion d’outils, tout en étant suffisamment flexible pour s’adapter à nos besoins.

Comment envisagez-vous les prochaines participations de l’Institut ?

L. B. : Au départ, nous ne savions pas quel succès cela aurait. Nous avons commencé à y participer car cela faisait partie de nos missions. Lors de la première édition à laquelle j’ai participé en 2014, nous nous sommes dit que nous allions organiser des ateliers pour nous-mêmes ! Nous n’avions aucune idée du nombre de participants que nous aurions, mais cette année-là, nous en avons eu 160.

À la fin de la journée, lors du rangement, je me souviens que des collègues ont commencé à discuter des idées pour l’année suivante… J’ai réalisé à ce moment-là que cela leur avait apporté quelque chose de positif, et j’ai vraiment compris que cela était bénéfique à la fois pour le public mais aussi pour nous, les personnels de la recherche, quel que soit notre statut. Aujourd’hui, la Fête de la Science fait vraiment partie intégrante de la culture de notre institut.

J. C. : Je suis optimiste pour l’avenir. Nous accueillons d’année en année de nombreux jeunes doctorants et chercheurs qui arrivent avec beaucoup de motivation pour faire de la médiation scientifique en trouvant de nouvelles façons d’impliquer le public et de collaborer tous ensemble. Il arrive que certains collègues ne parlent pas français, et la barrière de la langue peut être un obstacle car ils souhaitent participer mais ne savent pas comment s’y prendre. Nous les y encourageons toutefois, parce que la communication reste tout à fait possible, et aussi parce que cela témoigne de la diversité de notre institut, mais plus largement du monde de la recherche, auprès du public.

La Fête de la Science représente pour nous bien plus qu’une simple journée d’activités scientifiques. C’est une occasion unique pour le public de participer à une expérience intergénérationnelle qui émerveille les petits et les grands. C’est aussi le moment rêvé pour les chercheurs d’interagir avec les jeunes générations, et de créer ainsi un lien durable entre le public et la recherche scientifique. Cette décennie de participation témoigne de l’engagement de l’Institut Cochin à partager la recherche biomédicale avec le monde et à inspirer les générations futures.

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