Découvrez le portrait de Vincent MAGLOIRE, qui consacre ses recherches à l’épilepsie, en analysant les facteurs déclencheurs des crises.
1. Parcours
Je suis Vincent Magloire, et mon parcours scientifique a débuté à Lyon, où j’ai obtenu une licence en biochimie, suivie d’un master en neurosciences à l’Université Lyon 1. Après ces études, j’ai rejoint l’Université de Berne en Suisse pour réaliser ma thèse en neurosciences dans le département de physiologie, portant sur les réseaux neuronaux de la moelle épinière.
Grâce au Fonds National Suisse, j’ai obtenu une bourse de mobilité et j’ai eu l’opportunité de travailler à Cambridge, en Angleterre, en tant que « research fellow » pendant deux ans. J’y ai acquis de nouvelles méthodologies et exploré la dynamique des réseaux neuronaux du cortex. Ensuite, en 2013, j’ai rejoint l’Institut de Neurologie de l’UCL à Londres, où j’ai collaboré avec le Professeur Kullmann et le Dr Pavlov sur l’inhibition cérébrale et son rôle dans les épilepsies.
En 2019, j’ai reçu mon premier financement indépendant de l’association britannique pour la recherche sur l’épilepsie (ERUK), ce qui m’a permis de poursuivre mes recherches à Londres en tant qu’investigateur principal. En 2023, après un échange enrichissant avec le Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon (CRNL), j’ai décidé de revenir en France. Peu après, j’ai reçu deux propositions intéressantes : un poste à l’Inserm et un financement du Wellcome Trust pour un projet de huit ans. J’ai eu la chance de pouvoir accepter les deux : l’Inserm pour la stabilité d’un poste permanent et sa culture de recherche translationnelle, et le Wellcome Trust pour son soutien financier important. Aujourd’hui, je fais partie de l’équipe TIGER au CRNL de Lyon, située à l’Institut des Épilepsies. Venez nous rendre visite !
1.2 Pourquoi avoir choisi l’Inserm ?
Mon choix de rejoindre l’Inserm repose sur deux aspects majeurs : la sécurité d’un poste permanent et la culture de recherche plus translationnelle, centrée sur les patients, notamment ceux atteints d’épilepsie. La recherche en France offre également une grande liberté d’action à moyen et long terme, ce qui est essentiel pour innover et explorer pleinement les hypothèses.
2. Quel est ton thème de recherche
Mon principal domaine de recherche est l’épilepsie. J’étudie les facteurs déclencheurs des crises épileptiques et cherche à comprendre pourquoi elles apparaissent à certains moments plutôt qu’à d’autres. Est-ce lié au sommeil, au stress, à la fatigue ? Mon objectif est de développer des outils prédictifs pour anticiper les crises. Pour ce faire, j’explore l’environnement neurochimique du cerveau avant les crises, en lien avec les différents états physiologiques, tels que le cycle veille-sommeil ou le stress.
2.2 Pourquoi ce domaine de recherche ?
Mon parcours initial m’a conduit à étudier les réseaux neuronaux impliqués dans le sommeil, la mémoire et la motricité, des sujets très fondamentaux. Cependant, j’ai ressenti le besoin de me rapprocher des problématiques concrètes des patients. Travailler sur l’épilepsie m’a permis de lier mes connaissances en neurosciences à une pathologie clinique spécifique, avec un impact plus direct sur la vie des patients.
3. Quelle est ta problématique principale
Mon objectif principal est de comprendre pourquoi et comment les crises épileptiques se déclenchent à un moment précis, afin d’identifier les facteurs qui les précèdent.
3.2 Pourquoi cette recherche est-elle importante pour la science et la société selon toi ?
Cette recherche est cruciale car environ 1 % de la population mondiale souffre d’épilepsie, et environ 30 % des patients sont résistants aux traitements médicamenteux. Pour ces patients, anticiper les crises pourrait transformer leur quotidien et celui de leurs proches. Cela permettrait également de trouver de nouvelles cibles thérapeutiques, d’optimiser les traitements et, par conséquent, d’améliorer l’efficacité des soins tout en réduisant les coûts.
4. As-tu rencontrés des défis ?
L’un des défis majeurs que j’ai rencontrés a été la gestion des financements en Angleterre, qui sont souvent attribués pour des durées très courtes, de l’ordre d’un à deux ans, rendant difficile une planification à long terme. Le retour en France a également impliqué des ajustements, notamment en ce qui concerne l’intégration de ma famille dans ce changement.
4.2 Comment as-tu surmonter ces défis ?
J’ai eu la chance d’être entouré de mentors et de chefs de départements bienveillants qui ont soutenu mes recherches. Leur encouragement et l’environnement dynamique en Angleterre m’ont permis de surmonter ces difficultés. De plus, l’accueil et la compréhension de mes collègues au CRNL m’ont facilité la transition entre l’Angleterre et la France.
5. Quelles sont tes ambitions
Je souhaite établir des liens plus solides avec les hôpitaux de Lyon et renforcer les projets translationnels, centrés sur le patient. Mon objectif est de construire des passerelles entre ma recherche fondamentale sur l’épilepsie et la réalité clinique des soins et du bien-être des patients.
5.2 As-tu des ambitions personnelles
À terme, j’aspire à devenir directeur de recherche, à diriger une équipe et à développer un réseau local, national et international de collaborateurs, comprenant des physiciens, des médecins et des neuroscientifiques. Ce réseau travaillerait sur l’environnement neurochimique lié aux épilepsies, à travers des projets européens et des initiatives soutenues par l’Agence Nationale pour la Recherche.
6. Mot de fin
Le métier de chercheur en France offre une liberté exceptionnelle. C’est cette liberté qui permet d’assouvir notre curiosité et de transformer nos découvertes en bénéfices concrets pour la société.