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Troubles temporels et schizophrénie

Anne Giersch, directrice du laboratoire Inserm Neuropsychologie cognitive et physiopathologie de la schizophrénie / Université de Strasbourg vient de publier une étude sur les troubles temporels et la schizophrénie. Ces résultats sont publiés dans Schizophrenia bulletin open.

Est
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La schizophrénie est une pathologie psychiatrique qui concerne environ 0,7% de la population mondiale dont 600 000 personnes en France.
 

Le contexte

Les psychiatres ont depuis longtemps suggéré un lien entre troubles temporels et schizophrénie, dans la foulée des travaux philosophiques sur les liens entre temps et conscience.
Les patients ont une impression de disparition ou de fragmentation du temps. Plusieurs études ont d’ailleurs mis en évidence des anomalies sur les capacités de détection d’asynchronies* entre 17 et 100/200 millisecondes et une incapacité des patients à attendre efficacement une cible à laquelle il faut répondre.

L’étude réalisée par l’équipe

L’équipe a enregistré l’électroencéphalogramme** (EEG) en continu pendant une tâche durant laquelle les sujets devaient indiquer si deux carrés étaient montrés simultanément ou avec une asynchronie (les asynchronies étaient comprises entre 24 et 96 millisecondes).
Les données comportementales ont été obtenues chez 32 patients atteints de schizophrénie et 27 témoins.
Les résultats mettent en évidence un manque de prédiction de l’asynchronisme chez les patients. Les données EEG suggèrent que, probablement en raison de ce défaut de prédiction, les patients schizophrènes sur-réagissent anormalement à des asynchronies courtes. Ces dernières se produisent au quotidien car nous sommes entourés d’informations qui se succèdent dans le temps à une fréquence élevée.

Cette difficulté pourrait contribuer à la désorganisation de la pensée. Les données obtenues vont dans ce sens, en montrant une corrélation entre les troubles et la désorganisation clinique. L’idée d’impliquer la prédiction à l’échelle de la milliseconde est une idée nouvelle. Elle s’avère nécessaire pour que les patients puissent interagir avec leur environnement de manière très précise et réactive.

Les prochaines étapes

Ces résultats encouragent l’équipe d’Anne Giersch à continuer les études en laboratoire pour avoir des données complémentaires et aller vers la neurobiologie pour mieux comprendre les mécanismes des troubles.
 
Pour les prochaines étapes, l’équipe envisage de mettre au point des tests plus attractifs en réalité virtuelle, avec des tâches motrices, des jeux…. Et également utiliser les technologies mobiles pour faire le lien dans la vie quotidienne et ainsi relier l’état du patient à son environnement en temps réel (enregistrement via des tablettes afin de quantifier les difficultés auxquelles les patients sont confrontés à ce moment-là).
Exemple de mise en situation en ville, dans la rue avec un environnement en mouvement constant et avec un niveau sonore important.

*L’asynchronisme désigne le caractère de ce qui ne se passe pas en même temps,

**L’électroencéphalographie** (EEG) est l’examen qui permet l’enregistrement de l’activité électrique spontanée du cerveau à travers le crâne, au moyen d’électrodes.