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Elles sont l’Inserm – Delphine Bardais : une réorientation réussie !

Découvrez notre série d'interviews "Elles sont l'Inserm" consacrée aux portraits de femmes travaillant pour l'Inserm et partageant leur point de vue sur les questions d'égalité et de parité. Delphine Bardais, gestionnaire polyvalente d'unité au sein de la délégation régionale, s'est prêtée au jeu.

Grand Ouest
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Suite à une réorientation, Delphine Bardais occupe aujourd’hui le poste de Gestionnaire polyvalente d’unité (GPU) et de formatrice au sein de la délégation régionale. 

Delphine Bardais, Gestionnaire polyvalente d’unité et formatrice au sein de la délégation régionale Inserm Grand Ouest

Aviez-vous envisagé de travailler dans la recherche médicale dès le départ ? 

Pas du tout, j’ai rejoint la recherche médicale après une réorientation professionnelle. Initialement, j’étais coiffeuse. C’était ma vocation depuis toute petite. J’ai exercé pendant des années, puis j’ai été reconnue inapte à mon métier : j’ai développé des allergies devenues trop contraignantes. Je me suis reconvertie dans l’administratif et après un premier emploi à MinTélécom, j’ai intégré l’Inserm. 

Quel est votre parcours professionnel ? 

Après la classe de 3ème je suis partie en apprentissage coiffure. J’ai obtenu un CAP et un brevet professionnel de coiffure. J’ai officié pendant plus de dix ans jusqu’à ce que les soucis de santé me forcent à quitter le métier. J’ai alors bénéficié du statut « travailleur handicapé » et eu accès aux reconversions professionnelles. J’ai dû faire un bilan de compétences pour déterminer les domaines dans lesquels je pourrais être la plus à l’aise ; et deux sont ressortis : soit travailler auprès des enfants, soit travailler dans la comptabilité. Le secteur de l’enfance étant un peu bouché à l’époque, j’ai donc choisi de m’orienter vers la comptabilité. J’ai fait une première formation d’adjointe administrative, puis j’ai enchaîné sur un BTS comptabilité pour me spécialiser davantage. J’ai cherché du travail, et j’ai intégré l’école des Mines (aujourd’hui MinTélécom), en CDD. Après 6 ans de CDD, et sans possibilité de CDI, j’ai postulé sur une offre de l’Inserm. J’ai intégré l’Institut en CDD, sur différents postes au sein de la Délégation. Je suis aussi allée travailler comme secrétaire gestionnaire à l’Institut du Thorax (UMR Inserm 1087). Pendant cette période, le concours de GPU (Gestionnaire polyvalente d’unité) s’est ouvert. J’ai tenté ma chance et je l’ai obtenu. Depuis 2017, je suis GPU titulaire au sein de la Délégation Régionale. 

En quoi consiste votre métier concrètement ? 

Nous sommes plusieurs GPU au sein de la Délégation. En tant que tel, nous gérons les dépenses des différentes unités de recherche du Grand Ouest. Nous procédons à la liquidation des factures, des états de frais et des gratifications de stage et nous les conseillons dans la gestion financière de leurs crédits (subventions, dotations de l’État…). Lorsqu’il y a un quelconque déplacement professionnel, nous nous occupons de toutes les formalités. C’est très polyvalent. Personnellement, j’ai aussi une casquette de formatrice. Lorsque de nouvelles secrétaires gestionnaires rejoignent la Délégation, je les forme à la base SAFir, notre logiciel de comptabilité. 

Qu’est-ce qui vous motive le plus dans votre métier ? 

La polyvalence c’est vraiment ce que j’aime dans ce métier, d’autant plus avec la partie formatrice. Je ne m’ennuie pas. C’est un poste qui nous laisse une très grande autonomie. C’est nous, avec les secrétaires, qui gérons les portefeuilles d’unités comme nous le souhaitons. C’est gratifiant d’être responsabilisée. Mais ce que j’apprécie encore davantage, c’est le contact avec les personnes. Dans mon précédent métier, c’était un point clé. Et je voulais absolument retrouver un emploi qui me permette de rencontrer des personnes et d’interagir régulièrement avec du monde. 

La maternité peut être un obstacle à l’évolution. 

Qu’est-ce que la parité selon vous ? 

Selon moi la parité, c’est une égalité de traitement entre hommes et femmes. Que ce soit dans le milieu professionnel ou non. Si on prend l’exemple du travail, cela correspondrait au nombre de femmes et d’hommes en postes, et ce à toutes les échelles, postes de responsable compris.

Qu’en est-il de la parité femmes/hommes en au sein de l’Inserm ? 

Je vais prendre le cas de la Délégation. Au niveau des cheffes de services, il y a autant d’hommes que de femmes. Si on s’intéresse aux postes administratifs, c’est très net : il y a davantage de femmes. Mais cela évolue. Dernièrement, deux hommes ont rejoint les GPU ! Globalement, ça tend à s’équilibrer. 

D’après vous, la parentalité impacte-t-elle l’homme et la femme de la même manière ? 

Selon moi, la femme est davantage impactée que l’homme. La maternité peut faire peur aux employeurs. Et j’en suis le parfait exemple. Lors de ma précédente expérience à MinTélécom, avant d’intégrer l’Inserm, on m’a proposé, au bout de 5 ans de CDD, un poste en CDI. J’ai choisi d’annoncer ma grossesse avant la fin des trois premiers mois, préférant être honnête avant d’accepter ce poste en CDI, mais le poste m’a finalement été refusé à cause de ma grossesse. 

Note : La discrimination à l’embauche pour quelques raisons, grossesse comprise, est une pratique interdite par la loi selon l’article L1132‑1 du Code du travail. Plus d’informations.  

De la même manière, au quotidien, et selon l’employeur, être une mère peut être compliqué pour le parcours professionnel. Mais ce sont des choses qui changent. Avant, c’était à la femme de garder les enfants, de s’occuper des tâches ménagères… Aujourd’hui, les papas sont de plus en plus impliqués, et des congés parentaux partagés sont désormais proposés. Mais la maternité, c’est aussi un choix. Certaines femmes sont carriéristes et ne souhaitent pas que la famille les bloque dans leur évolution. 

Je suis maman de deux enfants, 8 et 3 ans et mon mari est ambulancier. Il faut s’organiser ! À la naissance de mon deuxième enfant, j’ai décidé de passer à 80% les deux premières années puis de reprendre à 90%. Aujourd’hui, je ne travaille qu’un mercredi sur deux, autant pour profiter de mes enfants que pour gérer la vie de famille. 

Le premier confinement a été extrêmement difficile. En tant que GPU, ça s’est bien passé, puisque le service était déjà en télétravail une journée par semaine ; mais devoir tout gérer en même temps, c’était compliqué. Les amplitudes horaires énormes, les sessions très découpées, et très étalées sur la journée, jusqu’à 21h passé. J’étais à la limite du burn-out. Par la suite j’ai entendu parler des ASA* (autorisations spéciales d’absence), que je ne connaissais pas. Depuis j’ai pris du recul et je vis les autres confinements bien différemment. Les responsables prennent des nouvelles et nous soutiennent. Mon poste a été adapté à ma vie de famille. C’est un peu plus gérable. 

*Les autorisations spéciales d’absence sont des congés exceptionnels octroyés pour s’occuper de ses enfants, mais qui ne sont pas déduits des congés annuels.  

Au cours de votre carrière, avez-vous fait face à des comportements sexistes ? 

Jamais. Ni envers moi, ni envers des collègues. Et pourtant, je suis issue du monde de la coiffure qui est plutôt féminin. Éventuellement, j’ai souvenir d’une situation où deux collègues, l’une plus jeune que l’autre, ont été victimes de disparité. Ce n’étaient pas des remarques sexistes mais plutôt déplacées concernant leur âge. 

À niveau d’études équivalent, pensez-vous que les femmes doivent produire davantage d’efforts que les hommes pour prouver leur légitimité ? 

Je pense que c’est le cas, surtout lorsqu’une femme prend un poste à responsabilités ou de direction. Imposer ses directives et se faire respecter, c’est difficile au départ. Et d’après moi, ce temps d’adaptation est plus long pour une femme que pour un homme. Elle va devoir effectivement redoubler d’efforts pour gagner le respect des équipes qu’un homologue masculin. 

Selon vous, les hommes accèdent-ils plus facilement à des postes à plus hautes responsabilités ? 

Plus facilement non. Avec un même niveau d’études équivalent, il n’y a pas de raisons. Cela va surtout dépendre de la personnalité de la personne, et de sa réussite lors des entretiens nécessaires pour accéder à ces postes. 

« Les femmes sont moins à l’aise à l’oral ; c’est un réel frein pour leur évolution ». Qu’en pensez-vous ? Note : cette affirmation provient de l’interview de Mme Rédini, Directrice de recherche Inserm. 

Je pense que c’est dépendant de chacun. Se vendre, c’est vrai que c’est plus facile à l’écrit puisqu’on prend le temps de bien écrire, on peut réfléchir correctement aux termes employés ; malgré ça je me sens davantage à l’aise à l’oral. Le contact direct avec la personne et le feeling sont différents que sur le papier. Et je trouve ça aussi important que de bien écrire. Pour évoluer, je suis passée par des dossiers écrits et des oraux, et ça ne m’a pas posé de problèmes particuliers. 

Un mot de la fin ? 

Quelles sont vos ambitions pour la suite de votre parcours ? 

C’est vrai que j’aimerais évoluer encore. Pourquoi pas en tant que cheffe de service ou secrétaire générale dans une unité de recherche. Sinon, j’apprécie vraiment l’aspect formation, et me concentrer davantage à cette fonction, c’est un projet qui m’intéresserait.

Que souhaiteriez-vous dire à des jeunes qui veulent s’engager dans la recherche médicale ?

S’ils aiment les métiers polyvalents, rythmés et avec des possibilités d’évolutions, et que le contact avec les autres est essentiel, qu’ils n’hésitent pas ! 

En somme, Delphine Bardais est l’exemple même d’une reconversion réussie au sein de l’Inserm. 

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