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Rencontre avec Florine Ruthmann, doctorante au laboratoire « Lille Neurosciences et Cognition »

Florine Ruthmann, doctorante au laboratoire « Lille Neurosciences et Cognition » équipe « troubles cognitifs dégénératifs et vasculaires », nous parle des recherches menées à l’Inserm sur l'anxiété après un accident vasculaire.

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L’accident vasculaire cérébral (AVC) correspond soit à l’obstruction, soit à la rupture d’un vaisseau sanguin dans le cerveau. Il peut survenir à tout âge chez l’adulte. En raison du risque de dommages irréversibles sur le cerveau, il s’agit d’une urgence médicale absolue qui nécessite d’appeler le 15 (Samu) pour une prise en charge immédiate. En France, on dénombre chaque année plus de 140 000 nouveaux cas d’accidents vasculaires cérébraux, soit un toutes les quatre minutes. 

Bonjour Florine, avant de commencer, peux-tu nous expliquer ton parcours de doctorante ? Je sais que tu as été neuropsychologue en pharmacologie.

Florine Ruthmann : J’ai effectué mon parcours entier à Lille. J’ai une licence de psychologie puis un Master de « Psychologie des processus neurocognitifs et sciences affectives » durant lequel j’ai effectué des stages en clinique et en recherche clinique. J’ai effectué mon dernier semestre à l’Université du Minho au Portugal pour y faire de la recherche. Une fois diplômée, j’ai travaillé en qualité de neuropsychologue dans le service de pharmacologie du CHU pendant huit mois, avant de passer le concours de l’Ecole doctorale de biologie santé et de commencer mon doctorat il y a un an.

Et concrètement, en quoi consiste ton projet de recherche ?

Florine Ruthmann : Les troubles anxieux n’équivalent pas à juste « un peu de stress ». Ce sont des troubles complexes, qui se manifestent de manière variée sur le cerveau et le corps. On ne peut pas les étudier qu’à travers le ressenti émotionnel. Ils ont toute leur place en neurosciences.

Mon travail s’intéresse à l’anxiété qui s’installe après un accident vasculaire cérébral. Je cherche à savoir : Quels sont les facteurs de risques ? Comment se manifeste l’anxiété sur les patients post-AVC ? Comment traiter ces patients au mieux ?

L’AVC entraîne des dommages cérébraux, qui entraînent une réorganisation cérébrale qui entraîne l’apparition de troubles psychiatriques (anxiété, dépression) et cognitifs (attention, mémoire, traitement de l’information).

Dans mon projet, je cherche à mieux comprendre l’anxiété à travers ses relations avec les mécanismes cérébraux et cognitifs. Mes recherches s’articulent autour de 4 études :

  • Etude 1 : c’est une étude préliminaire. Nous cherchons les facteurs liés à l’apparition d’anxiété après l’AVC, pour détecter les patients à risque. Par exemple le sexe, les antécédents médicaux ou encore la présence de trouble cognitif. 
  • Etude 2 : c’est une étude liée à une cohorte de patients lillois, STROKDEM. Elle nous permet d’étudier davantage de facteurs liés à l’anxiété à long terme.
  • Etude 3 : la troisième étude est plus « expérimentale ». Nous étudions les mécanismes cognitifs et émotionnels impliqués dans l’anxiété post-AVC. Par exemple, comment les patients anxieux dirigent leur attention et comment ils sont impactés par les contenus émotionnels dans leur manière de traiter l’information. 

Ces 3 études nous en apprendront donc beaucoup sur les troubles anxieux et cognitifs après un AVC ainsi que leurs bases cérébrales. 

Dans une dernière partie, nous utiliserons ces informations pour tester les effets d’un traitement sur l’anxiété et les fonctions cognitives. Pour cela nous envisageons un modèle animal d’anxiété post-AVC.

Peux tu nous décrire ton quotidien ?

Florine Ruthmann : Ce qui est intéressant dans mon travail, c’est de réfléchir et de participer à tous les niveaux du processus d’une étude. J’ai la chance d’apprendre à tous les niveaux et d’utiliser des méthodes variées avec des gens différents. Entre la recherche bibliographique, l’élaboration d’une étude, les passations expérimentales, le traitement des données, les statistiques, la rédaction… Mes journées ne se ressemblent pas. C’est sans compter les éléments annexes, par exemple la vie du centre de recherche et ma charge d’enseignement.

Comment envisages-tu l’après- thèse ?

Florine Ruthmann : Je me vois d’abord faire des post-doctorats, si possible à l’étranger. C’est difficile d’envisager le futur dans un contexte imprévisible et compétitif, mais je me dirige avec certitude vers la recherche et l’enseignement. Garder un pied en clinique, avec des patients, serait aussi important.

Quelles sont les qualités premières pour devenir chercheur ?

Florine Ruthmann : La passion. Je ne l’utilise pas comme un euphémisme, je pense que c’est quelque chose de fort qui anime les chercheurs et chercheuses dans la réalisation de leurs travaux et qui les pousse à se consacrer à un thème de recherche et vouloir faire avancer un domaine. 

Sinon j’aime penser qu’il faut un bon équilibre entre créativité et rigueur. Créativité pour aborder un thème de recherche, avoir une approche originale, savoir imaginer au-delà de ce qui a déjà été fait, innover. Se demander « à quoi est-ce qu’on n’a pas encore pensé ? ». 

La rigueur sur le plan scientifique. Pour mettre en place, organiser, exécuter ces idées. Il faut faire de cela quelque chose qui tienne debout, qui soit rationnel, cohérent, méthodique. Tout doit être sourcé, justifié et optimisé. 

On verra bien où me mènera cette vision des choses.

Merci Florine.