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L’épigénétique à l’origine de la transmission du SOPK de mère en fille

Les équipes "Développement et plasticité du cerveau neuroendocrine" de Paolo Giacobini, directeur de recherche Inserm (Lille Neuroscience & Cognition - U1172 - Inserm Université de Lille CHU de Lille) et "Epigénétique et dynamique des systèmes de mémoire" d'Anne-Laurence Boutiller, directrice de recherche CNRS (Université de Strasbourg, UMR 7364 CNRS, Laboratoire de Neurosciences Cognitives et Adaptatives), ont découvert qu’un mécanisme épigénétique était à l’origine de la transmission du Syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) de mère en fille sur plusieurs générations.

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Le SOPK est la pathologie endocrinienne et métabolique la plus fréquente rencontrée chez les femmes en âge de procréer. Il peut entraîner des troubles de la fertilité et de la pilosité, ainsi que des complications métaboliques, comme le diabète de type 2. A ce jour, il n’existe aucun traitement spécifique.

Ce syndrome comporte une forte composante héréditaire : 60 à 70% des filles dont la mère souffre de SOPK développent des symptômes. Pourtant, les analyses génétiques n’ont pas permis l’identification de gènes spécifiques du SOPK. Plusieurs gènes de prédisposition sont connus mais ils n’expliquent même pas 10 % des cas. D’autres facteurs sont en cause. Certaines études cliniques ont suggéré un rôle possible de facteurs épigénétiques (l’épigénétique est l’étude des changements dans l’activité des gènes, n’impliquant pas de modification de la séquence d’ADN et pouvant être transmis lors des divisions cellulaires) dans le SOPK.

Paolo Giacobini et Anne-Laurence Boutillier ont exposé des souris gestantes à un excès d’hormone anti-mullérienne (AMH) pour induire l’apparition du SOPK chez leurs petits. Les animaux ont été croisés sur trois générations. À chaque génération, toutes les femelles nées présentaient les symptômes caractéristiques du SOPK.

Les chercheurs ont ensuite analysé l’ARN et l’ADN dans les ovaires des souris, à la recherche de variations de l’expression des gènes et des marques épigénétiques. Ils ont identifié 102 gènes dont l’expression diffère de celle observée chez des animaux qui ne présentent aucun symptôme du SOPK. De plus, ces différences sont corrélées avec un déficit en marques épigénétiques et affectent des gènes qui interviennent dans la fonction ovarienne, la reproduction ou encore l’inflammation (impliquée dans l’apparition de troubles métaboliques) : des fonctions en relation avec les symptômes du SOPK.

Selon les scientifiques, l’excès d’AMH chez les souris de la génération zéro lors de la gestation est responsable de l’apparition de modifications épigénétiques transmissibles, qui conduiraient à l’apparition des symptômes de SOPK sur plusieurs générations.

Les chercheurs ont ensuite traité les femelles de la troisième génération avec un produit capable d’ajouter des groupes méthyles sur l’ADN et ont constaté une disparition des traits associés au SOPK, ainsi que la restauration de l’expression normale de plusieurs gènes impliqués dans la reproduction, l’inflammation et le métabolisme.

Et enfin, ils ont analysé des échantillons de sang humain obtenus de mères et de filles atteintes de SOPK : l’ADN isolé présentait les mêmes modifications épigénétiques que celles retrouvées chez les souris présentant des symptômes du SOPK.

Ces résultats parus dans Cell Metabolism ouvrent la voie à de nouveaux concepts concernant l’origine embryonnaire de ce syndrome ainsi que de nouvelles pistes de thérapies épigénétiques dans la prise en charge des patientes atteintes du SOPK.

Pour en savoir plus : (source : Nour Mimouni, Isabel Paiva et al., Polycystic Ovary Syndrome is Transmitted via a Transgenerational Epigenetic Process. Cell Metabolism. Édition en ligne du 3 février 201)

Cette étude fait partie d’un projet financé par l’ERC Consolidator (N° 725149), conduit par Paolo Giacobini dans le but de comprendre l’origine embryonnaire du SOPK et d’envisager de nouvelles pistes thérapeutiques.