C’est avec une immense tristesse que nous avons appris le décès soudain de Mireille Montcouquiol, Directrice de recherche Inserm, co-responsable de l’équipe « Polarité planaire et plasticité » au Neurocentre Magendie, Inserm U1215, et co-responsable de la plateforme BioProt du Département Bordeaux Neurocampus labélisée par la fédération des plateformes de l’Université de Bordeaux depuis plusieurs années.
Depuis sa thèse à l’Université de Montpellier, le travail de recherche de Mireille Montcouquiol portait sur le développement des cellules sensorielles de l’oreille interne. Ces dernières années, elle s’intéressait plus particulièrement à la partie responsable de l’audition et aux mutations de gènes conduisant à des déficits auditifs, mais restait passionnée par la fonction de l’équilibre qu’elle avait commencé par étudier pendant sa thèse. Depuis une dizaine d’années, ses travaux s’étaient également étendus au développement du système nerveux central.
Née à Nîmes le 14 février 1969, Mireille Montcouquiol obtient son doctorat en neurosciences à l’université de Montpellier en 1997. Elle débute sa carrière en élucidant les bases moléculaires et cellulaires du développement de l’oreille interne (système d’audition et d’équilibre). Après son doctorat, elle complète aux USA deux contrats post-doctoraux, l’un à l’université de Virginie (Laboratoire de Jeffrey T. Corwin), l’autre au National Institute of Health, dans le Maryland (Laboratoire de Matthew Kelley).
En 2003, elle découvre le premier gène central de la polarité planaire cellulaire (PCP), Vangl2, et la protéine de polarité associée Scribble, dans le modèle mammifère de l’organe auditif. Cette étude pionnière et originale publiée dans Nature fera date et ouvrira la porte à un grand nombre d’études concernant la signalisation de la voie PCP au cours du développement physiologique et pathologique.
Lauréate du programme « Avenir » de l’Inserm en 2004, elle devient cheffe d’équipe émergente « Neurosciences du développement » au Neurocentre Magendie. Elle instaure en France une thématique inédite sur l’étude des fonctions et mécanismes de la PCP dans l’oreille interne. Elle est recrutée en tant que chercheuse à l’Inserm en 2007 et son équipe fusionne en 2011 avec celle de Nathalie Sans pour créer l’équipe « Polarité planaire et plasticité ». Elle étend alors ses recherches au rôle de la signalisation PCP dans le développement et le fonctionnement du cerveau. En unissant leur expertise complémentaire, Mireille Montcouquiol et Nathalie Sans ont été les instigatrices d’une approche qui s’avérera particulièrement pertinente pour l’étude de troubles autistiques, des déficiences intellectuelles ou encore à des déficits sensoriels comme les surdités.
Pour ses contributions majeures, Mireille Montcouquiol est promue directrice de recherche Inserm en 2014 et ses contributions scientifiques sont récompensées à plusieurs reprises dans sa carrière. Ainsi, elle est lauréate d’un prix Equipe FRM en 2016, de la Fondation de l’audition en 2019 et reçoit le prix Rachel Ajzen et Léon Iagolnitzer de la FRM en 2021. C’est une chercheuse d’une très grande valeur reconnue par tous ses pairs dans le monde de l’oreille interne et des neurosciences qui nous quitte.
Très engagée pour l’égalité des droits et des libertés ainsi que les grandes causes scientifiques et sociétales, elle s’implique dans de nombreuses instances d’organisation de la Recherche et d’évaluation locales et nationales. De plus, elle participe activement à faire rayonner les neurosciences françaises de par ses nombreuses collaborations et participations à divers congrès. Soucieuse de communiquer vers le grand public, elle s’implique activement par les réseaux sociaux mais aussi lors d’évènements sociétaux.
Nous nous rappellerons toutes et tous son dynamisme, sa gentillesse et de ses qualités humaines et morales. Elle aimait se ressourcer lors de balades dans la nature et auprès de ses chats adorés. Nous garderons avant tout le souvenir de sa passion débordante pour la science en général et pour les neurosciences en particulier. Son talent pour transmettre son enthousiasme à tous ceux qui l’ont côtoyé, surtout aux jeunes générations, reste inégalé. Mireille était une scientifique de grande valeur, investie, présente, sociale et conciliante. Une grande dame qui est, et sera, grandement regrettée.
Nous adressons nos plus sincères condoléances à sa compagne, sa famille, ses proches, son équipe de recherche et ses collègues à Bordeaux, en France comme de par le monde.
Un temps de recueillement a eu lieu jeudi 22 février à 12h dans le hall de l’Institut Magendie pour honorer sa mémoire.
Un livre d’or est disponible pour exprimer ses hommages et un espace est prévu pour celles et ceux qui souhaiteraient déposer des fleurs.