L’European Innovation Council (EIC) Pathfinder est un programme de financement de l’Union européenne qui vise à soutenir des projets de recherche exploratoire. L’objectif principal de l’EIC Pathfinder est d’encourager la recherche fondamentale et le développement de nouvelles technologies dans des domaines émergents.
Pouvez-vous nous dire un mot sur votre recherche ?
Julien Barc : Mon travail s’articule autour de la génomique et de ses applications pour comprendre les mécanismes moléculaires responsables de la mort subite cardiaque chez le jeune adulte (moins de 40 ans). L’enjeu de prévention lié à ces cas de mort subite est majeur puisque ce « symptôme » est souvent le premier et les personnes touchées n’ont pas d’antécédent. À l’Institut du thorax, nous nous intéressons particulièrement aux pathologies électriques cardiaques primaires, des maladies rares où l’on retrouve des défauts électriques sans anomalies structurales.
Quel a été le déclencheur pour postuler à l’EIC Pathfinder ?
J. B. : L’appel d’offres ciblait parfaitement mes thématiques de recherche, tant dans le choix des mots que dans le cadre global : le contenu faisait par exemple référence à de grandes cohortes de patients atteints de pathologies cardiaques, des données omiques déjà disponibles, des objectifs de personnalisation de la prise en charge… Tous ces éléments faisaient écho au projet que j’avais et au travail de fond réalisé ces dernières années à l’institut du thorax. De plus, les EIC Pathfinder sont des one shot car les thématiques de ces appels sont très spécifiques et changent tous les ans. C’était maintenant ou jamais.
Comment vous êtes-vous organisé pour le montage du projet ?
J. B. : Selon moi, ce type de projet est trop complexe pour être écrit en autonomie. Il faut impérativement être accompagné. J’ai bénéficié du soutien d’Inserm Transfert sur beaucoup d’aspects hors recherche : la construction de l’agenda et du rétroplanning, la projection sur une valorisation potentielle, la gestion des aspects budgétaires… En parallèle du support à l’écriture par Inserm Transfert, j’ai rencontré les points de contact nationaux du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Leurs conseils permettent de cadrer plus précisément le projet au regard des attentes des évaluateurs. Par exemple pour le calibrage du budget, ou le nombre adéquat de partenaires. Cela permet d’être crédible face aux évaluateurs et de répondre au plus près des enjeux de politique scientifique de la Commission européenne. Ce genre d’informations ne s’invente pas.
Quels conseils pourriez-vous partager sur la construction du projet ?
J. B. : La construction du projet prend du temps, donc plus l’élaboration et l’écriture peuvent être anticipés, mieux c’est. Il faut prévoir au moins 4 mois d’écriture avec les partenaires, notamment pour des raisons de disponibilité des uns et des autres. Mon second conseil serait de connaître une partie des partenaires avec lesquels on s’engage. Cela rend les premiers échanges beaucoup plus constructifs et efficaces. D’autant que les premières étapes sont déterminantes : il y a beaucoup de brainstormings, de décisions à prendre. Par exemple sur la répartition des responsabilités, des workpackages. Dans le cadre de l’EIC, j’ai fait le choix de m’entourer de partenaires que je connais bien, et de partenaires que je ne connais pas du tout. Cet équilibre permet une bonne efficacité, sans se priver de nouveaux apports.
Que représente l’EIC Pathfinder pour vous ?
J. B. : Je vois dans cette coordination de projet européen l’occasion d’apprendre beaucoup scientifiquement en dépassant mon domaine de spécialité. Je vais également progresser sur le plan managérial. Les financements vont permettre de dynamiser mon équipe, nous allons pouvoir recruter de nouveaux savoir-faire et tous monter en compétence.
En outre, l’EIC Pathfinder permet de faire grandir son réseau, car un critère de sélection des projets porte sur leur complémentarité. Une fois que la liste des lauréats est définitive, un program manager indépendant organise des rencontres entre les différents consortiums. Ces rencontres sont très enrichissantes et peuvent ouvrir à d’autres univers, notamment en matière de stratégies thérapeutiques.
Conseils pour un dépôt de projet européen :
- Être accompagné sur les aspects non scientifiques du projet (Inserm Transfert, points de contact du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, cellule Europe…)
- Prévoir un temps de 4 à 6 mois d’écriture avec les partenaires du projet afin d’aboutir à un résultat consolidé scientifiquement mais aussi facile à lire, pour être le plus compétitif possible
- Connaître plusieurs de ses partenaires pour accélérer les premières phases d’élaboration
Montage de réseaux scientifiques européens
L’Agence nationale de la recherche soutient les scientifiques français qui souhaitent candidater aux appels collaboratifs Horizon Europe. Un financement de 36 000 € est destiné à soutenir le montage du réseau scientifique (couverture des frais de mission, de réunion, de réception…) ou à subventionner la prestation de service liée au montage du projet. Date limite de candidature : 29 février.