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Vulgarisation scientifique – Portraits

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Sept élèves de la Faculté des lettres de Strasbourg en première et troisième année sont partis à la découverte de la vulgarisation scientifique et ont interrogé 4 doctorant​.es et post doctorant​.es Inserm sur leurs travaux de recherche, leurs passions pour la science … Ces articles sont découvrir et à partager !


Tout savoir sur la schizophrénie 



“Comment garder une estime de soi valable quand on est étiqueté malade et sorti des rails pour une vie en marge du monde ?”

Gringe, un rappeur français, libère la parole dans son livre Ensemble, on aboie en silence édité par Harpercollins en 2020. Libérer la parole autour de la schizophrénie, ça peut aussi passer par l’art. Alana Arrouet, en deuxième année de doctorat en neurosciences, nous ouvre les portes de son laboratoire de recherches.

Alana Arrouet
Alana Arrouet

Comment êtes-vous devenue chercheuse ?

Cette doctorante a démarré son cursus par un bac scientifique. Après une licence de biologie, elle conclut son cursus par un master en neurosciences cognitives. Depuis janvier 2020, elle travaille dans l’unité Inserm U1114 « Neuropsychologie cognitive et physiopathologie de la Schizophrénie » / Université de Strasbourg. La psychiatrie l’intéresse parce que c’est un domaine où les patients sont encore stigmatisés et qu’il est possible de faire beaucoup pour améliorer leur qualité de vie.

Qu’est-ce que la schizophrénie ?

La schizophrénie est une maladie psychiatrique multifactorielle, d’origine génétique et environnementale (stress maternel pendant la grossesse, maltraitance pendant l’enfance, prise de drogue très tôt durant le développement).

Quels sont les “symptômes” ?

Le diagnostic de la schizophrénie s’effectue grâce aux outils qui sont à la disposition des psychiatres. Les critères diagnostic sont fournis par le « Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders » ou DSM‑V. C’est à l’aide de plusieurs questionnaires cliniques et entretiens que le psychiatre va pouvoir diagnostiquer la maladie chez un patient. Elle se caractérise par des symptômes :

  • « Positifs » (c’est-à-dire qui vient « en plus » par rapport au fonctionnement normal d’un individu) : ce sont les hallucinations, les délires ;
  • « Négatifs » (c’est-à-dire qui sont « en moins » par rapport au fonctionnement normal d’un individu) : perte de motivation, repli sur soi.
  • Désorganisation : discours incohérent, avec le sentiment de continuité temporelle

La schizophrénie est diagnostiquée à un jeune âge entre quinze et vingt-cinq ans.

Quelles sont les difficultés à prévoir ?

On ne guérit pas, mais on peut être stabilisé. Les symptômes peuvent être atténués grâce à la remédiation cognitive. Cette intervention thérapeutique sert à retrouver un sentiment de continuité temporelle, une mémoire, et à éviter des crises hallucinatoires. Le suivi du patient est primordial, cependant parfois compliqué.

On ne guérit pas de la schizophrénie, mais grâce à des traitements médicamenteux ainsi qu’un suivi régulier effectué par le psychiatre, les patients peuvent être stabilisés et souffrir de symptômes limités. Une thérapeutique innovante est la remédiation cognitive qui consiste à atténuer les symptômes cognitifs dont souffrent les patients grâce à un entraînement cognitif

Qu’est-ce que le sentiment de persécution ?

La schizophrénie est une maladie qui atteint le psychique du patient. La période de l’adolescence est un passage perturbateur qui comprend la multiplication de conflits et du repli sur soi. C’est alors un grand sentiment de persécution qui peut être déclenché par un début de paranoïa : forme répandue de délire durant laquelle le patient croit être manipulé et tourmenté.

Est-ce que la fiction véhicule des clichés sur cette maladie ?

Le cinéma stigmatise les maladies psychiatriques, très clichés, puisque certains mènent une vie normale, en plus d’un encadrement familial. La fiction a tendance à diaboliser la maladie. Il y a certes une part de violence dans la maladie, mais ces personnes sont souvent plus dangereuses pour elles-mêmes que pour les autres.

La personne atteinte de schizophrénie a une vie de famille qui ne ressemble pas aux séries et films de fictions qui caricaturent l’image des malades atteints par cette psychose. La stigmatisation, cela n’aide pas les patients à sortir de leur silence. Seules quelques rares osent ; comme le rappeur Gringe.

Amandine Mazella et Margaux Metzinger



La recherche : une drogue pour Ozdemir Derzu


Ozdemir Derzu, jeune doctorante de 25 ans, nous a reçus pour une interview. Ses recherches, basées sur l’impact des drogues sur le cerveau, sont au coeur de l’actualité avec la crise des opiacés qui frappe le monde d’aujourd’hui. Une solution doit être trouvée rapidement et c’est pourquoi les financements sont nombreux et lui permettent de mener à bien ses recherches.

Pourriez-vous nous présenter votre parcours ?

Je suis originaire de Turquie où j’ai obtenu mon bac international avant de rejoindre la France pour faire une double Licence chimie/biologie à la Sorbonne. En 2018, je commence un master en neuroscience à la Sorbonne université. Pendant mon M1 j’ai effectué un stage de 3 mois dans l’institut de neuroscience et de psychiatrie de Paris où j’ai travaillé sur les fonctions cellulaires des
neurones et sur comment le cerveau réagit à la drogue. J’ai ensuite réalisé un premier stage sur les réactions du cerveau face aux cannabinoïdes. Ce sont des substances chimiques que l’on peut retrouver dans le cannabis et qui modifient votre comportement.
Entre mon M1 et mon M2 j’ai dû me spécialiser dans une branche des neurosciences : les neurosciences cellulaires
plutôt que les neurosciences cognitives. Pour étudier de plus près cette discipline je suis allée à Oxford où j’ai réalisé un stage dans le domaine des antidépresseurs et de l’hormone du bonheur. J’y ai observé l’influence des drogues sur une zone du cerveau, appelée
système spécifique. Celui-ci existe déjà pour d’autres raisons. J’ai terminé mon master avec un stage sur la modélisation du syndrome de sevrage aux antidépresseurs. J’ai pris beaucoup de plaisir à étudier ce phénomène car il existe encore très peu
d’études à ce sujet. Pour mon doctorat j’ai déposé plusieurs candidatures en dehors de la France mais c’est au Centre
de recherche biomédical de Strasbourg (CRBS) que j’ai trouvé le poste parfait pour ma thèse.

Justement, cette thèse, sur quoi se base-t-elle ?

Mes recherches portent sur le sevrage aux opiacés. Les opiacés sont des drogues, comme la morphine ou l’héroïne, qui influencent le système opioïde. Ce système est impliqué dans trois domaines émotionnels : la douleur, la récompense et l’humeur. À l’origine les opiacés sont utilisés pour rentrer dans un état euphorique et malheureusement cela peut tourner à l’addiction pathologique.

Après cette thèse, quel avenir envisagez-vous ?

Pour le moment je ne vois pas aussi loin. Je sais simplement que je veux continuer en post-doctorat dans dans un pays comme le Japon et les Etats-Unis pour y faire des projets de recherche de courtes durées. Ensuite j’espère enchaîner sur un contrat plus long dans la recherche académique et j’aimerais bien donner des cours. Je ne rêve pas de prix ou de récompenses pour mes recherches.
Je souhaite juste avoir un impact positif sur la société et aider à trouver des traitements pour soigner les maladies humaines comme l’addiction ou tout ce qui est en lien avec la psychiatrie comme la dépression par exemple.

Edgar Sanz & Pauline Bernhard


Le cancer, l’objet d’un combat féroce mené par de nombreux scientifiques à travers le monde entier


« Je suis optimiste » annonce Virginia par rapport à l’avenir du cancer colorectal. Nous avançons dans la bonne direction et les progrès de l’humanité ne cessent de prendre en importance nous explique notre chercheuse en cancérologie. Depuis 2019 Virginia s’est tournée dans le domaine de l’oncologie et nous explique le fruit de ses recherches.


Passionnée, engagée et travailleuse

Virginia, ou de son nom complet, Maria Virginia Giolito, n’a pas un parcours banal. Elle prend goût aux domaines scientifiques dès son plus jeune âge, dans l’ombre de ses deux brillants parents, eux même très engagés dans les sciences. Notre chercheuse obtient par la suite son Master biotechnologie et passe une formation pour devenir pharmacienne en Argentine, son pays natal. En avril 2019, Virginia arrive en France et commence son doctorat en sciences de la vie et santé avec comme thèse : la résistance au chimiothérapie du cancer colorectal. Elle travaille, au sein du laboratoire de l’Inserm dans l’Interface de Recherche Fondamentale et Appliquées en Cancérologie (IRFAC) – Université de Strasbourg.

Qu’est-ce donc le cancer au juste ?

Réussir à définir exactement ce qu’est le cancer est encore extrêmement compliqué, nous explique Virginia. En effet, chaque cancer possède un monde qui lui est propre. Par exemple, le cancer colorectal n’est pas pareil que le
cancer des poumons puisqu’ils ont des mécanismes, une structure, des propriétés différentes. Ainsi, on retrouve énormément de pistes différentes sur le cancer. Mais de façon général, le cancer est un groupe de plusieurs maladies qui se caractérisent par une forte prolifération de cellules cancéreuses (anormales) qui s’infiltrent ensuite dans différents organes du corps et créent des métastases.

Quelles sont les recherches que Virginia abordent en tant que chercheuse en cancérologie ?

Dans un premier temps, elle s’intéresse au rôle d’hormones influant sur différentes fonctions du corps humain qui contribuent à la production d’énergie, de chaleur… Ces hormones s’appellent « hormone thyroïdienne ». Elle cherche à comprendre leur fonctionnement dans les cancers colorectaux, connaître leurs effets et s’ils résistent ou non à la l’usage de substances chimiques pour traiter des maladies, appelée « chimiothérapie ». Puis, dans un second temps, elle cherche à comprendre les mécanismes et comment réguler la réception des hormones thyroïdiennes.


Pourquoi parle t‑on toujours de cancer malgré les avancées technologiques et scientifiques ?


La progression dans la lutte du cancer est très lente. Notre scientifique nous a expliqué qu’il s’agissait d’un manque d’outils et de connaissances sur le sujet. Nous ne sommes pas encore capables de détecter quand, qui, où, comment une cellule « normale » devient ensuite une cellule cancéreuse tout en passant sous le radar du système immunitaire en toute discrétion.


Existe-t-il des solutions pour lutter contre le cancer ?


« Je ne sais pas si on aura le traitement miracle » nous affirme Virginia, ce qu’elle veut entendre par « traitement miracle », c’est un moyen pour localiser et éliminer les cellules anormales. Il existe déjà des solutions, comme la chimiothérapie. Mais il faut rester prudent, car les cellules prolifèrent et sont en constant changement, bonnes comme mauvaises cellules, l’utilisation de drogues tuent et endommagent ces cellules ce qui affecte notre système immunitaire.


Comment est-il possible de mieux se protéger face au cancer ?


Il existe plusieurs solutions afin de lutter face au cancer. Premièrement, faire des messages de préventions sur les différents produits dangereux pour la santé (tabac, alcool…) et sensibiliser la population sur les risques du cancer. Secondement, réaliser des tests de dépistage (prises de sang disponible pour certains cancers…).

Yannick Tranter



L’étude du cerveau pour traiter les troubles mentaux


Pour améliorer les traitements contre la dépression, l’anxiété ou l’addiction, Florence Allain, scientifique au sein de l’unité de recherche Inserm 1114 / Unversité de Strasbourg, nous évoque son parcours qui l’a poussé à étudier le rôle du récepteur orphelin GPR151 dans l’expression de certains troubles mentaux.

Florence Allain
CRBS

L’étude de l’addiction comme ligne de départ d’un parcours dans la recherche

Une image contenant texte, intérieur, personneDescription générée automatiquementAprès une maîtrise en biologie intégrative et physiologie à Paris, Florence Allain passe sa thèse de doctorat outre-Atlantique, où elle étudie l’addiction à la cocaïne. En mesurant des symptômes pertinents à l’addiction chez des rats, elle tente de repérer de potentielles cibles thérapeutiques qui préviendraient l’apparition ou traiteraient l’expression de ces symptômes. 

“On manipulait des variables pharmacocinétiques de la cocaïne : la quantité de drogue consommée, sa vitesse d’administration ou encore l’intermittence de consommation pour générer des modèles animaux plus ou moins à risque de développer des symptômes pertinents à l’addiction. Consommer une drogue ne veut pas dire être toxicomane et comparer des comportements de consommation pathologiques versus plus récréatifs est primordial pour mieux comprendre comment le cerveau change avec le développement de la pathologie ».

Implication potentielle d’un dysfonctionnement du récepteur orphelin GPR151 dans certains troubles mentaux 

Le récepteur orphelin GPR151 est localisé majoritairement dans l’habénula, une petite structure au centre du cerveau. Pourquoi orphelin ? Car il n’existe pas de ligand endogène connu – en d’autres termes les chercheurs ne savent pas ce qui l’active de façon naturelle. Connaissant l’implication de l’habénula dans l’aversion, l’addiction ou la dépression, des scientifiques ont posé l’hypothèse que ce récepteur serait impliqué dans ces comportements pathologiques.

Différents modèles génétiques sont alors créés pour étudier soit la fonction de ces récepteurs soit la fonction des neurones sur lesquels ces récepteurs sont localisés. Des tests comportementaux sont ensuite réalisés sur ces modèles animaux. “Par exemple, pour mesurer l’anxiété, il est possible de placer des souris dans un labyrinthe en croix surélevé doté de deux bras « sécuritaires », protégés par des murs, et de deux bras plus « à risque », ouverts sur l’extérieur. Le temps passé dans ces bras nous donne une mesure d’anxiété. Par exemple, si les souris sans récepteurs GPR151 passent plus de temps dans les bras ouverts comparativement à celles possédant les récepteurs, nous pourrons émettre l’hypothèse que ces souris sont moins anxieuses et donc que les récepteurs auraient une fonction anxiogénique. Si l’inverse se produit, nous pourrons donc émettre l’hypothèse que ces souris sont plus anxieuses et donc que les récepteurs auraient une fonction anxiolytique.”

La recherche : un questionnement permanent

Comment en vient-on à se lancer dans la recherche ? Florence Allain fournit une piste de réponse à cette question primordiale, à destination des étudiants intéressés par ce domaine : “ La recherche scientifique est un domaine idéal pour les curieux de nature. Se poser une question, chercher à y répondre pour se poser une nouvelle question : c’est ça être chercheuse/chercheur à mon sens. Il faut également accepter le fait qu’on n’aura pas la réponse immédiatement et que nos hypothèses doivent constamment être affinées »

Grâce Dorcas, Aymeric Cruz et Noémie Choquet