Le cancer du pancréas, notamment l’adénocarcinome canalaire pancréatique (PDAC), est l’un des cancers les plus agressifs et mortels, avec un taux de survie moyen de seulement 8 à 10 mois après diagnostic. Ce défi médical majeur est au cœur du projet européen COMBAT-PDAC, financé par près de deux millions d’euros dans le cadre du partenariat européen pour la médecine personnalisée (EP PerMed). Cette ambitieuse initiative est également soutenue par l’ANR (Agence nationale de la recherche), garantissant un financement solide pour les contributions françaises au projet. Ce projet vise à mieux comprendre la diversité des cellules tumorales et à développer des traitements personnalisés plus efficaces.
Une approche multidisciplinaire au service de la recherche
Sous la coordination de Michele Solimena de l’Institut Paul Langerhans à Dresde, le consortium COMBAT-PDAC regroupe des experts issus d’institutions renommées telles que l’Institut Helmholtz de Dresde-Rossendorf, l’Institut Européen d’Oncologie (IEO) de Milan, l’Institut de Recherche et de Biomedicine de Barcelone, le Vall d’Hebron Institute of Oncology (VHIO) et le Centre de Recherche en Cancérologie de Marseille (CRCM – AMU/CNRS/Inserm/IPC).
L’équipe qui étudie le cancer pancréatique sous la direction du Dr. Nelson Dusetti, directeur de recherche Inserm au CRCM, participe à ce consortium et apporte une expertise clé dans la recherche sur le cancer du pancréas, avec une capacité unique à modéliser la réponse tumorale in vitro. « Notre équipe a développé des modèles d’organoïdes pancréatiques qui permettent d’évaluer rapidement et avec précision l’efficacité des nouveau traitements proposés dans le cadre du le consortium », explique le Dr. Dusetti. Ces modèles, directement dérivés de patients, permettent de mieux comprendre la grande hétérogénéité des réponses aux traitements observées en clinique.
Pourquoi est-ce si difficile de traiter le cancer du pancréas ?
Le cancer du pancréas est particulièrement difficile à traiter en raison de sa grande hétérogénéité, tant entre les patients qu’au sein même de chaque tumeur. Chaque tumeur pancréatique est constituée de multiples populations cellulaires distinctes, dotées de caractéristiques génétiques, moléculaires et phénotypiques variées. Cette diversité complique l’efficacité des traitements standard, car certaines sous-populations cellulaires parviennent à résister aux thérapies initiales, entraînant inévitablement des récidives et la progression de la maladie.
« Pour réussir à traiter efficacement ce type de cancer, il est crucial d’éliminer toutes les cellules tumorales dès le départ. Malheureusement, les thérapies actuelles échouent souvent à cibler l’ensemble des populations cellulaires hétérogènes présentes dans une tumeur », explique le Dr. Dusetti. Cette complexité biologique contribue non seulement à la résistance au traitement, mais également à la difficulté de développer des biomarqueurs capables de prédire les réponses aux thérapies.
Le projet COMBAT-PDAC vise à relever ce défi en adoptant une approche intégrée et innovante pour identifier des marqueurs spécifiques à ces différentes populations cellulaires. Ces marqueurs pourraient non seulement permettre un diagnostic plus précis, mais également aider à personnaliser les traitements afin de maximiser leur efficacité et de minimiser les récidives. En s’attaquant à cette hétérogénéité intrinsèque, le consortium espère ouvrir la voie à des thérapies véritablement adaptées à la complexité du cancer du pancréas.
Vers des traitements personnalisés et ciblés
L’un des objectifs clés du projet est d’identifier des biomarqueurs capables de prédire avec précision quels patients bénéficieront d’un traitement spécifique. “Grâce à ces modèles, nous pouvons non seulement évaluer l’efficacité de traitements innovants sur une large gamme de modèles issus de patients aux profils variés, mais également mettre en lumière des biomarqueurs prédictifs essentiels pour personnaliser les nouvelles stratégies thérapeutiques identifiées dans le cadre de ce projet”, souligne le Dr. Dusetti. En combinant des techniques de pointe comme l’analyse génétique approfondie, les anticorps modifiés et les lymphocytes T modifiés (cellules CAR‑T), le projet cherche à développer des stratégies thérapeutiques ciblant les nombreuses populations cellulaires distinctes présentes dans les tumeurs pancréatiques.
Un nouvel espoir pour des traitements plus efficaces et personnalisés pour chaque patient
Le projet COMBAT-PDAC représente un espoir pour les patients atteints de ce cancer redoutable. Grâce à une approche combinant recherche fondamentale et applications cliniques, le consortium vise à améliorer la survie des patients en développant des traitements plus adaptés à la complexité de chaque tumeur.
« En collaborant avec des partenaires internationaux, nous espérons apporter des outils innovants pour mieux traiter le cancer du pancréas, tout en ouvrant la voie à des solutions thérapeutiques personnalisées », conclut le Dr. Dusetti.