Inaugurée en 2013 en présence notamment d’André Syrota, ancien Président-directeur général de l’Inserm, cette structure de 1200 m², dont le directeur est Philippe Pasero est tout d’abord une plateforme incontournable de l’échange scientifique en biologie santé. La communauté scientifique de la discipline se réunit à Genopolys pour échanger, se former et élaborer des projets de recherche innovants.
Mais Genopolys est surtout un lieu original de diffusion de la connaissance scientifique. La science produite dans les laboratoires est ici transformée en projets pédagogiques de diverse nature. Des savoirs complexes sont par ce biais mis à la portée de tous. Chercheurs, enseignants-chercheurs, ingénieurs, techniciens, doctorants sont fortement impliqués dans la réalisation et l’animation des projets.
Genopolys est également un centre dédié à la formation des personnels de recherche à la médiation scientifique et une structure référente sollicitée par les acteurs nationaux de la culture scientifique, technique et industrielle sur les grandes évolutions de la discipline.
Une équipe qui sait de quoi elle parle
L’activité de Genopolys est pilotée par Magali Kitzmann, chercheuse CNRS et Directrice adjointe de la structure. Elle est secondée par Marie Pequignot, chercheuse Inserm. Ces deux scientifiques passionnées ont choisi il y a quelques années de donner un tournant à leur carrière pour devenir des « passeurs de savoirs ». Un changement de cap qui n’a pas toujours été compris.
Au tout début, mon activité était maladroitement perçue comme une « envie de faire de l’évènementiel et d’amuser les enfants ». Ce prisme a naturellement changé à force de travail et de communication sur l’importance de la médiation scientifique. Dernièrement, la crise sanitaire a mis encore plus en exergue la nécessité d’apporter de l’information scientifique fiable, mais surtout de la rendre accessible à tous. La place importante faite à la médiation scientifique dans le cadre de la récente loi de la programmation de la recherche* démontre finalement une prise de conscience du monde scientifique quant à la nécessité de communiquer avec le grand public.
* Extrait du rapport annexé à la loi de programmation de la recherche
Magali Kitzmann et Marie Pequignot travaillent quotidiennement avec Silke Conquet, personnel CNRS, administratrice de Genopolys et Muriel Asari, chargée de communication scientifique Inserm. Elles ont par ailleurs développé un important réseau d’acteurs de la recherche, de professionnels de la communication, d’experts de la culture scientifique, d’influenceurs sur les réseaux sociaux et d’enseignants. Toutes les réalisations de Genopolys sont donc le fruit de personnes qui savent de quoi elles parlent.
Deux types de public cible : les scolaires et le grand public
Le constat actuel interroge : les jeunes se désintéressent des sciences, les filles continuent de s’autocensurer et de penser que les filières scientifiques ne sont pas pour elles, et la société en général croule sous les fake news portées par des canaux de diffusion sans filtre.
Pour les plus jeunes, en coordination avec le rectorat de l’académie de Montpellier, Genopolys a créé entre autres de nombreux ateliers d’expérimentation pratique en biologie : ateliers sur les 5 sens, sur les organismes extrémophiles, sur les microbes, sur le blob etc.
Conçus et animés par les chercheuses de Genopolys, ils se déroulaient jusqu’en 2020 en présentiel dans la salle de démonstration du site, ce qui permettait aux intéressés d’expérimenter dans des conditions immersives. Ainsi, 85% des écoles élémentaires REP/REP+ de Montpellier sont venues au moins une fois à Genopolys. Ces ateliers sont également itinérants. En 2021, 10 établissements scolaires en zone rurale ont bénéficié de ces activités.
L’objectif est de permettre aux jeunes les plus éloignés des sciences de comprendre la démarche scientifique, d’assimiler des connaissances pour développer leur sens critique et leur donner confiance.
Depuis 2014, 7700 élèves ont participé à ces ateliers, et depuis 2018, l’opération « Apprentis-chercheurs » coordonnée par Genopolys a permis à 62 lycéens et collégiens d’être en immersion dans 31 équipes de recherche locales. Parmi eux se trouvent certainement nos scientifiques de demain.
Conférences thématiques, Ciné-sciences, débats citoyens, speed dating scientifiques, jeux vidéo, escape game, vidéos didactiques : Genopolys explore et développe un large panel d’outils de médiation pour donner accès au grand public à une information de qualité. Comprendre les concepts exposés permet une participation plus active et éclairée de la société dans le débat sur les sujets de biologie-santé. Les citoyens sont par ailleurs mieux armés pour faire le tri parmi la somme d’informations qui leur est proposée chaque jour par les médias.
Depuis 2014
4000 personnes
ont pu profiter en présentiel des actions proposées par Genopolys
Depuis 2020
3800 e‑spectateurs
ont visualisé les productions numériques de Genopolys
Un outil de médiation scientifique dans l’air du temps
Ce jeu numérique à été créé par Genopolys pour l’événement 2021 « Inscience : cultive ta santé avec l’Inserm ». Ce jeu sur fond de crise covid a été conçu afin de permettre aux joueurs de se référer à des données scientifiques sérieuses sur la pandémie, et ce de manière ludique
© Caroline Constant
Un centre de formation des personnels de recherche à la médiation scientifique
Grâce à l’expérience acquise dans le montage et l’animation d’ateliers pour le grand public, Genopolys diversifie depuis 2016 sa palette d’activités en proposant des formations à la médiation scientifique. Trois types de publics en particulier bénéficient de cette prestation :
- Les doctorants : Jusqu’en 2019, Genopolys proposait un module de 25h/an sur le thème de la conception et de l’animation d’un atelier de découverte scientifique pour un public scolaire. Depuis 2020, la formation « Osez la médiation scientifique » est proposée aux doctorants afin de leur présenter tout le panel de supports et d’outils de médiation, des plus classiques aux plus innovants.
- Depuis 2020, les chercheurs et personnels des laboratoires de recherche peuvent s’inscrire à la formation pour les encadrants « Apprentis Chercheurs » et plus récemment à la formation « Osez la médiation scientifique ». Il s’agit pour ces personnes-ressources de rompre avec le schéma classique de l’information descendante sous forme de vulgarisation des résultats scientifiques, pour apprendre à présenter un sujet scientifique de manière claire, ludique et interactive.
- Les professionnels de la communication et de la culture scientifique par l’organisation de journées de formation thématiques.
Depuis 2016
120 doctorants
formés à la médiation scientifique
Depuis 2020
47 personnels de laboratoires
initiés à la médiation
De nombreux personnels de recherche n’osent pas faire de médiation car ils ne savent tout simplement pas comment s’y prendre. Notre formation leur montre l’ensemble des outils existants et leur permet d’adapter leur discours et vocabulaire aux différents publics. En phase pratique, chacun construit un projet sur son sujet de recherche avec notre aide. En général, ils sortent de la formation confiants et motivés. Une partie de ces projets voient le jour, comme récemment le jeu d’enquête sur l’esprit critique montés par 3 doctorants, Morgane Garreau, Amandine Amalric et Jean-Christophe Perez. En suivant notre formation, ils découvrent également, souvent avec surprise, tout le travail de préparation que nécessite une action de médiation. La vision sur le métier change au sein de la communauté scientifique. C’est de bon augure pour le futur. »
Une structure qui compte dans le paysage français de la culture scientifique
L’Amcsti regroupe le réseau professionnel des cultures scientifiques, techniques et industrielles et fédère la diversité des structures, acteurs engagés dans le partage des connaissances et des savoirs. Elle compte aujourd’hui près de 200 membres répartis sur tout le territoire français ainsi qu’en Suisse et en Belgique.
Genopolys est un acteur de poids de cette association. Magali Kitzmann et Marie Pequignot co-animent par exemple actuellement un groupe de travail et de réflexion sur l’évaluation en CSTI. Le but de ce groupe de travail est de co-créer des outils et des modèles d’évaluation efficaces et utilisables par des acteurs très diversifiés (centres de science, organismes de recherche, musées et associations). Les résultats obtenus par ce groupe de travail seront présentés lors du prochain congrès de l’Amcsti en juin 2022 à Strasbourg.
Les projets à venir
Développer des actions de médiation scientifique privilégiant la durée et la qualité de l’interaction des publics jeunes avec les scientifiques
Pour faire découvrir aux jeunes la recherche et tous ceux qui la font, discuter d’expérimentation animale et de démarche scientifique, le tout en interaction directe, Genopolys lance entre autres en 2022 le projet Speeding Arrow. Des lycéens volontaires des lycées Frédéric Bazille et Jules Guesde participeront à un cycle de 11 sessions d’observation et de séminaires sur le développement embryonnaire comparé entre les espèces. Ce projet mobilisera 17 personnels de recherche dont la moitié émargent au profil d’unités Inserm locales (INM, IGF, MMDN, PhyMedExp).
Genopolys analysera les incidences des actions engagées auprès du jeune public à travers deux indicateurs d’évaluation : pour les plus jeunes, l’appropriation des contenus pédagogiques et théoriques, et pour les collégiens et lycéens, l’évolution de leur vision de la recherche et de ses métiers, ainsi que l’impact de ces projets sur leurs choix d’orientation.
Intensifier l’implication des personnels de recherche dans la médiation scientifique
La formation des personnels de recherche à la médiation scientifique va s’accentuer. Depuis la promulgation de la loi de programmation de la recherche, 1% du budget de l’ANR est réservé aux projets de culture scientifique. Ce soutien financier sera sans nul doute un moteur complémentaire pour encourager les personnels formés à se lancer dans des projets de médiation d’envergure.
Genopolys est donc une structure unique et originale qui s’intègre parfaitement à la structuration de la recherche française pour assurer sa fonction de diffusion de la culture scientifique dans les meilleures conditions.