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Entre maladie d’Alzheimer et Rocky Balboa : l’interview décalée de Sylvie Claeysen

Derrière le sérieux et l'exigence de leur métier, les chercheuses et les chercheurs sont-ils un peu comme tout le monde? ont-ils des rêves, des personnes qui les inspirent, des chansons coup de cœur ? Pour le savoir, découvrons les "interviews décalées".

Occitanie Méditerranée
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Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Sylvie Claeysen : Chercheuse en neuropharmacologie, j’ai obtenu mon doctorat en biochimie et biologie moléculaire de l’Université de Montpellier en 1999. Après deux années et demi de post-doctorat à l’Université libre de Bruxelles, j’ai été recrutée à l’Inserm pour mettre en œuvre ma recherche au sein de l’Institut de génomique fonctionnelle de Montpellier. C’était il y a 20 ans…déjà !

© Jade Maillou, IGF

Sur quoi portent vos travaux de recherche ?

S. C. : Mon objectif est de proposer de nouvelles stratégies thérapeutiques pour lutter contre la maladie d’Alzheimer. En collaboration avec des chimistes experts de l’Université de Caen, nous développons des candidats-médicaments qui agissent simultanément sur plusieurs cibles afin d’obtenir une synergie d’actions contre cette maladie très complexe et multifactorielle. Nous complétons les phases précliniques réglementaires et espérons démarrer prochainement un essai clinique de phase 1 avec notre molécule favorite.

Au sein du Programme Transversal Inserm Microbiote, j’explore les interrelations entre le microbiote intestinal et la maladie d’Alzheimer. Dans le cadre de l’étude clinique MICMALZ, Microbiote et Alzheimer , nous cherchons à déterminer la signature microbienne associée à cette maladie et à expliquer comment la modification de la composition du microbiote intestinal peut altérer les fonctions cognitives et la mémoire.

Quel est le jour de votre vie professionnelle que vous aimeriez revivre ?

S. C. : Ce jour où avec ma petite équipe, nous discutions de la possibilité de transférer le microbiote de nos souris modèles de maladie d’Alzheimer à des souris en pleine forme afin de voir si cela pouvait altérer leur mémoire… A ce moment de la discussion, mon mentor – un académicien de renom – est entré dans le bureau et nous lui avons fait part de nos réflexions. « Vous n’allez quand même pas faire ça ? » a‑t’il dit. « Oh que si, nous allons essayer ! ». Et voilà comment sur une idée qui semblait un peu folle pour l’époque nous avons démarré notre programme sur le microbiote et la maladie d’Alzheimer.

Quel est le cliché chez les chercheurs…qui n’en est pas un selon vous ?

S. C. : Les chercheurs sont souvent considérés comme des rêveurs, un peu sur leur planète, parfois déconnectés de la réalité quand ils pensent à leurs travaux. Cela me semble très vrai. Dans certains instants de concentration, il m’arrive de ne plus me rendre compte du temps qui s’écoule… au point d’en oublier de déjeuner ! La douche et la toilette du matin sont aussi des moments d’intense réflexion d’où surgissent de belles idées. En conséquence, je ne suis pas très rapide à me préparer !

Qui vous inspire dans votre sphère professionnelle ?

S. C. : Un grand nombre de scientifiques. Je citerais sans hésiter Joël Bockaert pour sa capacité à rassembler des chercheurs de tous horizons autour d’une question de science. Je me souviens de la fin d’un séminaire lorsque la discussion a démarré entre Martin Lohse, Michel Bouvier et Jean-Philippe Pin : la jeune scientifique que j’étais s’est dit alors qu’elle vivait un grand moment. Axel Kahn, Jennifer Doudna, Ada Yonath, Reisa Sperling, Yehezkel Ben-Ari, Gilbert Vassart, Marie-Françoise Chesselet et tant d’autres…Tous ont contribué par leurs communications ou leurs échanges à façonner la chercheuse que je suis. Sans oublier ma directrice de thèse, Aline Dumuis, qui a toujours aidé les jeunes femmes à franchir le plafond de verre.

De quelle réalisation êtes-vous la plus fière ?

S. C. : Je pourrais citer mes découvertes scientifiques, mais elles ne sont que de petits cailloux sur la montagne de la science. Je préfère penser que mon talent réside dans ma capacité à fédérer des personnes d’univers différents autour d’un projet commun. J’ai mis cette compétence à l’œuvre de nombreuses fois au cours de ma carrière. Le projet MICMALZ est ma nouvelle réalisation et ce n’est pas fini !

Quelle chanson vous met de bonne humeur pour commencer votre journée de travail ?

S. C. : The Eye of the Tiger ! c’est la bande originale du film « Rocky 3 ». Cette chanson est rythmée et me donne la pêche. Je l’écoutais avant d’aller passer mes examens à la faculté. J’écrivais ainsi plus vite et j’étais plus efficace. Je suis certaine qu’en me lisant vous ne pouvez pas vous empêcher de la fredonner. Attention, elle risque de vous trotter un moment dans la tête. D’ailleurs au labo, mon surnom c’est Sly comme Sylvester Stallone !

Si vous pouviez être quelqu’un d’autre le temps d’une journée, qui aimeriez-vous être ?

S. C. : Un chirurgien. Les déplacements familiaux et un plafond de verre que je m’étais mise toute seule m’ont empêchée de suivre des études de médecine. Le contact avec des opérations de chirurgie sur le petit animal m’a montré que j’étais douée pour cet autre type de réparation du vivant.

Que contient votre liste de vœux pour ces 5 prochaines années ?

S. C. : J’ai trois choses qui me viennent en tête :

  • Un candidat-médicament qui entrerait en essai clinique de phase 3 contre la maladie d’Alzheimer
  • L’identification de souches bactériennes protectrices de la mémoire et la création d’une start-up pour en développer la production et la commercialisation
  • Une position professionnelle épanouissante pour chacun des jeunes que j’encadre et que j’accompagne dans le monde de la Recherche.