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Elles sont l’Inserm – Carine Gimbert : lorsque l’art se mêle à la science.

Découvrez notre série d'interviews "Elles sont l'Inserm" consacrée aux portraits de femmes travaillant pour l'Inserm et partageant leur point de vue sur les questions d'égalité et de parité. Carine Gimbert en charge du Projet MiBioGate portée par l’unité Inserm 1235 Tens, s'est prêtée au jeu.

Grand Ouest
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Suite à un cursus un peu atypique, Carine Gimbert est actuellement en charge du Projet MiBioGate, porté par l’unité Inserm 1235 Tens, sous la direction de Michel Neunlist. 

Carine Gimbert, Chargée du Projet MiBioGate, porté par l’unité Inserm 1235 Tens

Aviez-vous envisagé de travailler dans la recherche médicale dès le départ ? 

Il faut le dire, j’ai un parcours plutôt atypique ! Au départ, je voulais intégrer le monde paramédical, mais pas dans la recherche : je souhaitais devenir orthophoniste. Je n’ai pas eu le concours, et ai décidé de débuter des études alliant la biologie et la chimie mes centres d’intérêts. J’ai donc intégré un IUT ABB (Analyses Biologique et Biochimique). Grâce à de super enseignants j’ai découvert le monde merveilleux des microorganismes et des biotechnologies. Une passion qui m’a amenée à poursuivre en école d’ingénieur. Lors de mes années à l’INSA Lyon (Institut National des Sciences Appliquées) en section danse étude, j’ai découvert le tissu associatif & j’ai participé à de nombreux projets autour de l’art et la science. J’ai adoré communiquer sur des projets scientifiques si bien que j’ai ensuite effectué une année de master 2 en communication scientifique (à Grenoble). 

Quel est votre parcours professionnel ? 

À la suite de mon stage de fin d’étude dans un pôle de compétitivité, la recherche était toujours présente dans un coin de tête. J’ai eu la chance de trouver un poste à Nantes, chez Biofortis. Pendant une année, j’ai travaillé à la fois au montage d’un projet collaboratif et au développement des méthodes d’analyse de microbiotes de matrices alimentaires et de l’environnement d’une usine agroalimentaire. En 2015, et grâce à de nombreuses rencontres, je me suis lancée dans l’aventure Inserm avec le projet MiBioGate. 

En quoi consiste votre métier concrètement ? 

Le projet MiBioGate est porté par l’unité TENS basée à Nantes, sous la direction de Michel Neunlist. Ce projet est majoritairement financé par la région Pays de la Loire et par les fonds propres des laboratoires partenaires du projet, au nombre de 8. C’est la Délégation Régionale de l’Inserm Grand Ouest qui s’occupe de la gestion financière de MiBioGate. Cela fait maintenant 4 ans que j’occupe ce poste. Là encore, c’est un poste atypique, puisque qu’hybride. Pour faire simple, j’ai plusieurs casquettes. D’une part je suis gestionnaire du projet. À ce titre, je m’occupe du suivi scientifique et aussi administratif, financier et RH (5 thésards et 2 post-doc ont été recrutés), en lien avec tous les services concernés des tutelles impliquées (5). D’autre part, je gère la communication du projet : communication qui passe par l’organisation d’événements et par l’animation de ce réseau. Je suis donc en contact avec beaucoup de monde. Avec un collègue grant manager, nous tâchons également de valoriser leurs recherches (par l’obtention de financement ou de collaborations). Mais ce que j’apprécie le plus, c’est valoriser les compétences des scientifiques par la diffusion du contenu qu’ils produisent, que ce soit au sein du réseau ou à destination du grand public. 

Une perception de la parité hors de la France. 

Qu’est-ce que la parité selon vous ? 

Pour moi, on parle de parité dès lors qu’on ne juge une personne que par ses compétences professionnelles et le travail effectué, sans distinction de sexe ou quelques origines que ce soit. 

Qu’en est-il de la parité femmes/hommes en général et au sein de l’Inserm ? 

La majorité des postes administratifs est occupée par des femmes. Sur des postes de communication, de valorisation ou de gestionnaire projet, c’est quasiment systématique. Je n’ai qu’un seul collègue sur un poste similaire au mien. Néanmoins, je ne pense pas que ce soit spécifique à l’Inserm. De manière générale, dans les entreprises ou les organismes, on retrouve ce même constat. Est-ce uniquement « féminin » de mettre ses compétences au service de l’autre, pour le mettre en lumière et le faire évoluer ? J’ose espérer que non et que cette tendance évoluera. 

Après côté recherche, et bien que dans toutes mes promos de biologie, les hommes étaient sous-représentés, dans mon unité, il y a globalement autant d’hommes que de femmes, que ce soit au niveau des chercheurs, que des ITA (Ingénieurs, Techniciennes, personnel Administratif). Cependant, lorsque l’on regarde les postes à plus hautes responsabilités, ce sont principalement des hommes qui officient. Je me rappelle avoir eu du mal à identifier une directrice de recherche Inserm pour une précédente demande d’interview. 

« Les femmes sont moins à l’aise à l’oral ; c’est un réel frein pour leur évolution ». Qu’en pensez-vous ? Note : cette affirmation provient de l’interview de Mme Rédini, Directrice de recherche Inserm. 

Je suis à 300 % d’accord avec ce point. On a tendance à se mettre énormément de barrières et ne pas oser. Les hommes s’autorisent souvent plus facilement à parler. Il y a bien heureusement de nombreux exemples qui dérogent à ce constat. 

Pour pallier ce type de freins, ces barrières, les femmes auront tendance à produire plus d’efforts pour prouver leur légitimité au sein de la recherche médicale. Les femmes fournissent généralement un travail écrit bien plus conséquent que les hommes. Comparer par exemple les présentations PowerPoint de femmes vs d’hommes ou la façon dont elles préparent une réunion. Cela peut servir à les sécuriser et limiter les situations où elles pourraient être déstabilisées. 

Au cours de votre carrière, avez-vous rencontré des difficultés parce que vous êtes une femme ? 

Je me suis posée moi-même des barrières, en n’osant pas postuler à certaines offres. Mais globalement, je n’ai jamais perçu de difficultés dans mon évolution parce que je suis une femme. 

Pensez-vous que le concept de parité peut être perçu différemment à l’étranger et en France ? 

Lors de mon cursus à l’INSA j’ai eu la possibilité de partir au Québec pour mon stage. C’est indéniable, la perception est bien différente. J’ai peut-être eu de la chance en intégrant ce laboratoire en particulier. Néanmoins, c’était palpable dans d’autres structures : hommes comme femmes, tout le monde était accepté sans jugement, uniquement en se basant sur les compétences, les motivations et les expériences de chacun. 

Aussi, les institutions étaient très à l’écoute du bien-être des employé(e)s, au sein du laboratoire comme en dehors. Par exemple, lorsqu’une femme annonçait une grossesse, c’était un véritable moment de joie ; là où en France la nouvelle d’une future maternité peut, malheureusement, être moins bien perçue. 

Malgré tout, il s’agit d’un point délicat. Le congé maternité est plus long que celui de paternité, cela aura donc un impact sur le planning professionnel. Quoique.. car celui-là a au moins l’avantage de se programmer à l’avance ; contrairement à tous les autres (congé maladies compris). 

Un mot de la fin ? 

Quelles sont vos ambitions pour la suite de votre parcours ? 

Mon contrat se terminant bientôt, je suis en pleine réflexion. Toutefois, en parallèle de mon travail actuel, je suis une formation d’Art-thérapeute, qui se termine sous peu. J’aimerai continuer dans ce domaine, et commencer à exercer pour gagner en expérience clinique. Malgré tout, je reste ouverte à toutes les opportunités qui pourraient s’offrir à moi, parce que ce n’est pas pour autant que je souhaiterai tourner le dos à la recherche médicale.  

Que souhaiteriez-vous dire à des jeunes qui veulent s’engager dans la recherche médicale ? 

Ne vous mettez pas la pression, et prenez conscience de votre potentiel. Ecoutez vos envies, et osez les réaliser ! 

En somme, Carine Gimbert est une passionnée de biologie, de communication et toujours prête à valoriser le travail des chercheur(e)s de l’Inserm.