Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est un laboratoire L2 ?
Daria Mamaeva : A des fins de recherche, les laboratoires utilisent du matériel biologique comme les virus, bactéries, lignées cellulaires. Ce matériel est classé en quatre groupes suivant sa pathogénicité pour l’homme, son risque de dissémination dans la collectivité et l’existence ou non d’une prévention ou d’un traitement efficace.
Ces agents biologiques doivent être manipulés dans des salles techniques spécialisées. A chaque groupe correspond un niveau de confinement de la salle, dont les exigences augmentent avec le risque induit. Les agents biologiques de groupe de risque 2 doivent être manipulés dans des laboratoires de sécurité biologique de niveau 2 appelés communément L2.
La mise en œuvre de matériel biologique ne peut se faire sans la mise en place d’un protocole rigoureux. Une personne qualifiée nommée référent / référente L2 est désignée pour l’application de ce protocole.
Vous êtes référente L2 au sein de l’Institut des Neurosciences de Montpellier (INM). Pourriez-vous nous décrire vos missions ?
D. M. : Les missions d’un référent L2 en général sont organisées autour de trois axes :
- l’évaluation des risques liés à une activité donnée ;
- une veille active quant au respect de la réglementation relative au risque biologique ;
- la formation de tout nouvel utilisateur du L2.
Concernant l’évaluation des risques en particulier, j’assure par exemple le suivi de la maintenance des équipements, l’entretien des locaux. Je signale et propose des solutions pour tout incident, accident ou dysfonctionnement à notre responsable du pilotage, Charlotte Dumonte. J’ai également des missions plus transversales comme effectuer une étude de marché, un achat et une installation de nouvel équipement. J’organise et j’anime également des réunions du comité de pilotage ou du groupe de travail L2, ainsi que des formations et réunions d’information pour les utilisateurs.
Qu’est-ce qui vous a motivé à prendre en charge cette mission ?
D. M. : La mission de référente L2 m’a été confiée par la direction de l’INM sur la base de mes connaissances dans le domaine de la biologie cellulaire et des risques biologiques. Je l’ai acceptée parce qu’elle constitue un défi motivant et parce que c’est important pour moi d’offrir à mes collègues un espace de travail à la fois confortable et totalement sécurisé.
Quelles qualités selon vous sont nécessaires pour réaliser cette mission ?
D. M. : C’est une mission qui conjugue à la fois rigueur et sens de l’organisation, responsabilité et pédagogie.
Comment faites-vous passer vos messages de prévention à l’attention des utilisateurs ? Sont-ils toujours suivis d’effet ?
D. M. : Dans ma mission je suis aidée en permanence par un groupe de travail L2 que j’ai créée et dont j’anime les discussions. Ce groupe est constitué d’utilisateurs désirant participer activement à l’organisation et au fonctionnement du plateau. Ensemble, nous échangeons sur nos actions réalisées et celles en cours ou à venir. Être un collectif nous donne du poids et un certain crédit face à nos interlocuteurs. Lorsque le message de prévention est clair et persuasif, les utilisateurs appliquent les règles de bonne volonté.
A travers la formation des nouveaux entrants, je sensibilise les futurs utilisateurs aux risques dont nous sommes exposés dans un milieu confiné. Présentation générale, visite des locaux, QCM élaboré par le groupe de travail L2, sont autant d’outils permettant une bonne appréhension du sujet.
Après une courte durée d’apprentissage au sein de leur équipe, les stagiaires sont évalués par un membre du groupe de travail L2 afin de vérifier les acquis des bonnes pratiques du laboratoire. Si les résultats du contrôle sont bons, ils obtiennent la possibilité de travailler en autonomie.
Globalement donc, grâce à nos actions de sensibilisation au quotidien les messages passent et sont entendus.
Comment s’organise votre relation avec l’assistant de prévention ?
D. M. : J’interagis beaucoup avec Florence François, assistante de prévention de l’INM. Nous travaillons de façon synergique. Nous menons des réflexions communes et prenons souvent les décisions ensemble. Notre partenariat est une véritable force.
Qu’est-ce que vous aimez dans la mission de référent L2 ?
D. M. : Le côté relationnel et humain tout d’abord à travers les contacts quotidiens avec mes collègues. J’aime par ailleurs être au service des utilisateurs en les aidant à organiser leur espace de travail en toute sécurité. J’ai envie qu’ils se sentent comme les propriétaires de ces lieux de travail et prennent l’initiative de l’améliorer. Chaque année par exemple, nous organisons un grand nettoyage du plateau L2 avec la participation de tous les utilisateurs. Cette opération se transforme finalement en moment de convivialité.
Vous faites partie du réseau montpelliérain Inserm des référents L2. Quel est son rôle ? qu’est-ce que ce réseau vous apporte ?
D. M. : Le réseau des référents L2 Occitanie Méditerranée a été créé en 2017 par l’adjointe du pôle prévention de la délégation régionale Inserm, Lydie Lefrançois. Ce réseau facilite les échanges de compétences et le partage d’expérience entre les référents L2 des différentes unités de recherche Inserm locales.
Grâce au réseau, j’approfondis mes connaissances réglementaires en matière d’hygiène et de sécurité et je les mets en application par de nouvelles approches dans l’organisation du L2 de l’INM. Nous avons par exemple changé notre méthode d’inactivation de déchets dans le L2 à la suite de ces discussions. On peut dire que les réunions du réseau me guident dans ma fonction de référente L2.