Depuis plus de vingt ans, Nathalie Jupiter est agent de laverie au Centre de recherche des Cordeliers à Paris. Avec son binôme, elle fournit des instruments parfaitement stériles, aux quelques 90 techniciens et scientifiques de trois équipes de recherche et de la plateforme Centre d’histologie, d’imagerie et de cytométrie (Chic). Ce qui dispense le centre de trop recourir à du matériel jetable.
Pour Nathalie, les qualités d’un agent de laverie sont la rigueur et le sérieux : « Si la vaisselle est mal stérilisée, la manipulation ne fonctionne pas, et les résultats peuvent être faussés. » Aux tâches liées à cette vaisselle particulière, s’ajoutent la surveillance et l’entretien du matériel dont elle est responsable : des machines à laver qui coûtent environ 15 000 euros, et un autoclave (un appareil de stérilisation à vapeur d’eau sous pression, dont la température peut monter à 184 degrés) d’une valeur de 65 000 euros.
La laverie des Cordeliers est reliée à un laboratoire de sécurité de niveau 3 (L3), constitué de zones à atmosphères contrôlées, où l’on manipule des prélèvements biologiques infectieux et des agents biologiques de classe 3, comme le VIH et les virus des hépatites B et C. Pour travailler en L3, les agents de laverie doivent être habilités. Nathalie a suivi des formations obligatoires, indispensables notamment pour utiliser un autoclave.
Du bureau au labo
Entrée à l’Inserm en 1984, Nathalie Jupiter a d’abord occupé des fonctions administratives : au bureau des contrats de recherche, puis à l’administration du siège, et, comme gestionnaire polyvalente, à la délégation Paris-IDF Centre-Est. En 2000, elle a donné une nouvelle impulsion à sa carrière, en rejoignant l’unité 255 de l’institut Curie, aujourd’hui intégrée aux Cordeliers.
Pour l’accompagner dans ses nouvelles fonctions, elle a suivi une formation intitulée Le b.a.-ba de la biologie, et a bénéficié de l’encadrement de son ancienne cheffe d’équipe qui a également été sa tutrice. « J’ai eu envie de découvrir le monde scientifique. Ma prise de poste a été un peu difficile car il n’existait pas de formation d’agent de laverie, mais j’ai été très bien accompagnée lors de ma reconversion. Ma première carrière m’aide encore à accomplir certaines de mes missions, comme la gestion des appels d’offres. »
Aujourd’hui, Nathalie partage son temps entre le centre de recherche des Cordeliers et le service d’anatomo-pathologie de l’hôpital Cochin. Car, depuis 2014, en plus de son travail en laverie, elle prépare des coupes histologiques (tissus humains sains et tumoraux) à Cochin et aux Cordeliers : « Tout en menant en parallèle mes missions au sein de la laverie, et mes missions transversales, mon activité professionnelle a fortement évolué vers un travail d’histologie. À présent, j’interagis beaucoup avec les chercheurs, les chargés de prévention ou les correspondants hygiène et sécurité. C’est ce qui me plaît au quotidien. »