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Elles sont l’Inserm 2022 #2 – Portrait de Cécile Bonnet

Rencontre avec une cheffe de projets informatiques Inserm au parcours inspirant. De quoi susciter les vocations des jeunes filles et femmes intéressées par un métier peut-être encore trop genré.

Occitanie Méditerranée
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Quel est votre parcours professionnel ? Comment êtes-vous arrivée à l’Inserm ?

Cécile Bonnet : Je suis entrée à l’Inserm complètement par hasard. Après mon baccalauréat, j’ai intégré l’École des hautes études en sciences de l’information et de la communication (CELSA) à Paris, section journalisme, puis j’ai obtenu une maîtrise en sciences politiques. Je me destinais à une carrière dans la presse écrite. Entre 2 contrats on m’a proposé un mois de vacation au siège de l’Inserm, non renouvelable. C’était il y a 25 ans !

Pendant mes 3 premières années au sein de l’Institut, j’ai occupé différents postes, principalement au département des affaires financières (DAF). Cela m’a permis d’appréhender l’environnement administratif de l’Inserm. En 2001, j’ai intégré le tout nouveau projet de réalisation de l’application informatique de gestion financière SAFIr, en qualité de cheffe de projet « conduite du changement ». L’application a été mise en production en 2003, et je suis restée au DAF avec toute l’équipe SAFIr pour en assurer l’administration fonctionnelle au quotidien. En 2013, je suis devenue responsable du bureau. Après 4 années, j’ai réalisé une mobilité à Montpellier pour me rapprocher de ma région d’origine et évoluer sur le plan professionnel. J’ai ainsi intégré le service des projets (SSDUN) du département des systèmes d’informations (DSI) de l’Inserm.

En quoi consiste votre activité professionnelle ? Quel est l’enjeu de votre travail ?

C. B. : Je suis tout d’abord responsable d’une équipe de 4 personnes chargée de traduire les besoins des services administratifs de l’Inserm en solutions informatiques. Je supervise l’activité générale. En parallèle, je pilote moi-même des projets informatiques.

Pour bien comprendre la nature de ce métier, je dirais que nous sommes un peu des chefs d’orchestre. Nous avons une partition à suivre avec un déroulé de projet très codifié, des phases à déployer et un tempo à respecter.

Nous devons coordonner de façon harmonieuse les travaux des différents acteurs impliqués dans le projet :

  • Les « métiers » qui vont bénéficier de la solution informatique. Nous procédons auprès d’eux au recueil minutieux des besoins fonctionnels et cadrons leurs demandes ;
  • Les prestataires informatiques qui vont réaliser les développements. Nous vérifions tout au long du process la bonne adéquation entre le besoin « métier » et la réalisation informatique ;
  • Les équipes du DSI qui pilotent les aspects techniques, apportent leur expertise et garantissent que la solution développée respecte bien l’architecture globale du système d’informations de l’Inserm. Sur certains projets elles peuvent également prendre en charge une part plus ou moins importante des développements.

Au déroulement de notre partition s’ajoutent 2 exigences : la maîtrise du temps et la maîtrise des coûts. Finalement, être un bon chef de projet c’est réussir à mettre à disposition des utilisateurs une application informatique utile, qui répond à leurs besoins et améliore leur quotidien.

Quels sont les principaux défis que vous cherchez à relever ?

C. B. : En tant que cheffe de projet ce qui m’intéresse c’est de moderniser les processus, identifier et automatiser les actions redondantes ou à faible valeur ajoutée, proposer des fonctionnalités nouvelles permettant aux métiers d’améliorer leurs activités de pilotage et apporter du confort et de la plus-value aux utilisateurs.

Qu’appréciez-vous le plus dans votre travail ?

C. B. : Les deux phases les plus intéressantes d’un projet sont pour moi la phase d’étude des besoins fonctionnels, car c’est là que l’on découvre les métiers de nos interlocuteurs, leurs enjeux et leurs difficultés. C’est une phase d’écoute active importante, voire d’accouchement quelquefois.
La seconde phase est la conduite du changement en elle-même. C’est à la fois l’antithèse et la synthèse de la phase d’étude. On présente notre compréhension de l’environnement métier, nos solutions, nos idées, et on entraine doucement les utilisateurs vers leur nouvel environnement de travail. C’est une phase de transmission, d’accompagnement et de pédagogie.

Ce que j’aime plus généralement dans mon métier c’est la liberté qu’il me procure : je ne suis pas dans le carcan d’un travail défini et répétitif. Je change de collègues, d’interlocuteurs, de sujets, et de problématiques au gré des projets.

Pour finir je suis heureuse d’être utile à la communauté Inserm : travailler au service des autres et participer à la modernisation des procédures est pour moi un moteur important. Savoir que mon activité améliore le quotidien des collègues me permet de penser que j’apporte ma toute petite pierre au grand édifice qu’est l’Inserm.

Vous êtes chef de projet au sein du Département des Systèmes d’information de l’Inserm. Diriez-vous que vous travaillez dans un environnement où les femmes manquent à l’appel ?

C. B. : Incontestablement ! Nous sommes environ 20% de femmes au DSI, et 6% d’entre nous occupent des postes à responsabilité ou d’encadrement. Paradoxalement dans mon équipe nous sommes 3 femmes et 1 homme, mais nous représentons très clairement une exception.

Qu’est ce qui explique selon vous ce déséquilibre ? Quels leviers activer pour réduire cette inégalité ?

C. B. : Il me semble tout d’abord que l’on envisage beaucoup trop les postes de chefs de projets comme des postes techniques nécessitant des compétences informatiques. On recrute alors dans les filières mathématiques qui aujourd’hui encore sont majoritairement composées d’hommes. Cette stratégie ne me parait pas la plus opportune. Un chef de projet est avant tout au service d’un « client » et dans le cas du DSI nos « clients » sont nos interlocuteurs « métiers » administratifs et scientifiques. Les compétences premières du chef de projet sont l’écoute, l’esprit de synthèse et l’organisation. Ces compétences n’ont pas de genre.



Je crois dans le fond et de manière générale qu’il faut d’avantage faire confiance aux femmes. Certains sont trop prompts à penser que nous n’avons pas les capacités pour diriger une équipe ou prendre des décisions fermes lorsque nécessaire.

Il faudrait selon moi favoriser la parité au moment des recrutements. Mon expérience sur des postes antérieurs m’a montré que c’est dans l’équilibre que chacun trouve sa juste place. 

© Freepik

Au cours de votre parcours, vous êtes-vous heurtée à des remarques sexistes ou en avez-vous été témoin ?

C. B. : Oui bien sûr, plusieurs fois même ! Quelle femme n’a pas vécu ça ? Jamais rien de grave ou de déterminant, mais plutôt des remarques ou comportements à priori sans conséquence qui mis bout à bout discréditent les femmes. Comme être par exemple la seule femme autour d’une table et se faire appeler par son prénom quand les hommes eux sont tous qualifiés de « Monsieur » ; entendre un bruyant « Bonjour Messieurs » ou « Salut les gars » alors qu’il y a aussi des femmes dans l’assistance ; être oubliée à un tour de table ; soumettre une idée, ne pas être écoutée et entendre son voisin reprendre l’idée et être félicité à votre place.

Quand on a les ressources pour passer outre et s’imposer, on fait malheureusement avec. Mais pour celles d’entre nous qui sont plus réservées, ça peut finir par être difficile.

Que représente pour vous la journée internationale des droits des femmes ?

C. B. : Mon avis est mitigé sur cette journée. C’est l’occasion de rappeler des évidences, de prendre conscience de ce qu’il nous reste à accomplir, de pointer du doigt au moins pendant une journée, les propos, gestes et comportements rétrogrades que nous subissons encore. En même temps, c’est vraiment malheureux d’avoir dû instituer cette journée. C’est un peu comme si nous étions une espèce en péril !

Si vous n’aviez pas embrassé cette carrière, qu’auriez-vous aimé faire ?

C. B. : J’aurais a priori été journaliste. Ce qui me plaisait cependant dans le journalisme, à savoir le contact, la découverte, l’écoute, la transmission, je le retrouve dans mon métier actuel. Il me manque toutefois l’écriture.

Un mot de la fin ?

C. B. : Je suis heureuse du travail que j’exerce au DSI, fière de mon équipe et des projets que l’on met en œuvre. Je tiens à préciser que je travaille en parfaite harmonie avec mes collègues hommes les plus proches, et que je ne les échangerais pour rien au monde.