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Nouveaux appels internationaux Inserm : les lauréats de l’Occitanie Méditerranée

Occitanie Méditerranée
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En 2020, l’Inserm a lancé deux nouveaux appels à projets pour favoriser les collaborations internationales : L’appel First step qui permet à de jeunes chercheuses / chercheurs, ou de jeunes équipes d’explorer des pistes de collaboration avec une équipe étrangère, et le dispositif International Research Project (IRP) destinés aux équipes confirmées pour soutenir des partenariats émergeants ou déjà établis.

Quatre projets portés par des chercheurs de l’Occitanie Méditerranée ont été sélectionnés.

» Appel First Step

- Steeve Bourane, unité DéTROI, La Réunion + Neuro physiology Division of Bioscience, University College in London.
Projet : Mécanismes somatosensoriels et neuropathie diabétique périphérique (DSCCDN)

Stephanie Trouche, IGF, Montpellier + Friedrich Miescher Institute for Biomedical Research, Bâle.
Projet : Dopamine et détection des disparités : analyse comparative entre les mouches et les souris (DopaMisMatch)

» Appel International Research Project

- Farida Djouad, IRMB, Montpellier + Laboratory of Nanoregenerative Medicine, University of Los Andes, Santiago (Chili).
Projet : Etude des microARN intra-mitochondriaux comme nouveaux médiateurs des fonctions immunorégulatrices des cellules souches mésenchymateuses (PRI-MitoMIR)

- Philippe Rondard, IGF, Montpellier + Huazhong University, Wuhan (Chine).
Projet : Laboratoire sino-français Cerveau et signalisation (BrainSignal)

Voici l’interview « 3 questions » aux « 4 lauréats » :

1/ Sur quoi travaillez-vous précisément ?

Steeve Bourane

Je travaille sur la neuropathie diabétique périphérique. Cette pathologie s’attaque au système nerveux et altère considérablement la perception des sensations de douleur, de toucher et de démangeaison. La perte progressive de la capacité à détecter et à répondre à des stimuli nocifs présents dans notre environnement quotidien entraîne des dommages au niveau des tissus périphériques (mains, pieds). A plus long terme, cette maladie entraine chez les patients diabétiques de sévères ulcères pénétrants, et dans le pire des cas une amputation du membre. Au sein de mon équipe, nous cherchons à mieux comprendre comment le diabète entraine un dysfonctionnement des circuits somatosensoriels. Nous nous focalisons en particulier sur les sous-populations de neurones sensoriels et les interneurones de la moelle épinière dorsale.

Stéphanie Trouche

Mes recherches à l’Institut de Génomique fonctionnelle de Montpellier portent sur l’étude des mémoires appétitives et aversives. Plus précisément, nous cherchons à comprendre où, et comment ces mémoires se forment et interagissent dans le cerveau de souris. Avec Christina-Anna Vallianatou, doctorante depuis Octobre 2020 sur le projet ANR DYNAFEAR, nous examinons le rôle de certains sous-ensembles de neurones appelés « engrammes de peur » dans l’expression et le maintien d’une mémoire de peur pathologique, retrouvée par exemple dans le syndrome de stress post-traumatique.

Farida Djouad

Nous étudions le processus naturel de transfert intercellulaire des mitochondries pour traiter les maladies inflammatoires. Ce processus permet aux cellules hôtes de réguler les dommages tissulaires, l’inflammation, et d’améliorer la progression des maladies inflammatoires. Dans le cadre du projet PRI-MitoMIR, nous étudions avec Maroun Khoury (Université de Los Andes, Santiago du Chili), Patricia Luz-Crawford (Université de Los Andes, Santiago du Chili) et Isabelle Duroux-Richard (IRMB, Montpellier), le rôle des mitochondries dérivées de cellules souches mésenchymateuses préconditionnées et leurs microARN spécifiques dans des modèles expérimentaux de maladie du greffon contre l’hôte, et d’arthrite.

Philippe Rondard

Notre équipe a une longue expérience dans le domaine de la neuropharmacologie et l’étude des récepteurs couplés aux protéines G. Ils constituent des cibles majeures pour le développement de médicaments (30% d’entre eux agissent sur ces récepteurs), en particulier pour le traitement des maladies du cerveau. Nous avons réalisé d’importantes découvertes concernant les récepteurs du glutamate (mGlu) et le récepteur GABAB, qui modulent la transmission synaptique. Nous avons découvert que les mGlu forment des hétérodimères en plus des mGlu homodimériques, ce qui offre de nouvelles possibilités de modulation de la transmission synaptique. Nous développons également des anticorps simples chaînes de lama (nanobodies ou nanocorps), comme outils thérapeutiques pour cibler ces récepteurs dans la schizophrénie, l’épilepsie et la maladie d’Alzheimer.

2/ En répondant à l’appel à projet first step et International Research Project vous lancez de nouveaux partenariats / consolidez des partenariats déjà existants avec des organismes de recherche étrangers. Que vont vous apporter ces collaborations ?

Steeve Bourane

Une expertise que je n’ai pas au laboratoire. En m’associant à l’une des spécialistes de l’enregistrement de l’activité électrique des neurones de la moelle épinière dorsale, j’espère disséquer les mécanismes pathologiques qui s’opèrent à ce niveau du circuit, très important dans la transmission des informations sensorielles. Le travail collaboratif de nos deux équipes devrait aboutir à une meilleure compréhension de la manière dont le diabète altère la transmission de sensations périphériques vers le cerveau.

Stéphanie Trouche

Notre projet DopaMismatch soutenu par l’Inserm va me permettre d’amorcer une collaboration avec Johannes Felsenberg, qui a monté récemment son équipe au Friedrich Miescher Institute for Biomedical Research en Suisse. J’ai rencontré Johannes à Oxford où nous étions tous deux post-doctorants dans deux équipes différentes, travaillant sur des thématiques très proches, mais utilisant des modèles animaux différents : lui la mouche drosophile et moi, la souris. Ce financement permettra d’étudier et comparer chez ces deux espèces les circuits dopaminergiques impliqués pendant la reconsolidation et l’extinction de la mémoire de peur, ces deux modèles animaux présentant chacun des avantages très forts.

Farida Djouad

Notre partenariat avec l’équipe de l’Université de Los Andes à Santiago du Chili est très ancien et a été renforcé grâce à la création d’un Laboratoire International Associé (LIA) « Programme de recherche translationnelle en thérapie cellulaire » coordonné par Christian Jorgensen, Florence Apparailly et Fernando Figueroa.
Sur ce projet LIA, nous avons obtenu des financements ECOS-Sud-CONICYT qui nous ont permis de financer des échanges de personnels entre nos 2 laboratoires. Cette fructueuse collaboration de longue date a par ailleurs conduit à 20 publications originales dans des journaux internationaux à fort facteur d’impact et un brevet partagé entre les deux laboratoires.

Philippe Rondard

Depuis 2004, notre équipe collabore avec l’équipe de Prof. Jianfeng Liu (Huazhong University, Wuhan, Chine) experte dans l’étude moléculaire et cellulaire des récepteurs mGlu et GABAB. Ensemble, nous pilotons une équipe collaborative Sino-française implantée à Wuhan composée de plusieurs doctorants chinois. Le programme IRP est un soutien fort pour développer trois nouveaux objectifs avec des résultats préliminaires prometteurs : 1) déterminer la structure 3D des récepteurs mGlu et GABAB en complexe avec les protéines G par la technique de microscopie électronique ; 2) étudier l’importance fonctionnelle des récepteurs mGlu hétérodimériques dans le cerveau ; 3) développer des nanocorps pour cibler spécifiquement ces récepteurs mGlu, et les valider comme anticorps d’intérêt thérapeutique, en particulier dans la schizophrénie.

3/ Comment envisagez-vous d’utiliser les financements octroyés ?

Steve Bourane

Ils permettront de réaliser des expériences préliminaires afin de vérifier notre hypothèse de travail. Ces données nous serviront ensuite de tremplin pour de futurs projets de grande envergure entre nos deux équipes.

Stéphanie Trouche

Nous allons pouvoir disséquer les sous-circuits dopaminergiques en important une lignée de souris transgénique qui n’est pas sur Montpellier, et en la combinant avec l’achat de nouveaux vecteurs viraux. Cette stratégie nous permettra de visualiser, puis d’enregistrer et manipuler l’activité d’une population de neurones dopaminergiques spécifiques pendant la reconsolidation et/ou l’extinction d’une mémoire de peur.

Farida Djouad

Le financement octroyé sera utilisé essentiellement pour les échanges de personnels (étudiants, chercheurs ou ingénieurs statutaires) entre nos 2 laboratoires et l’organisation de réunions/meetings.

Philippe Rondard

Le budget accordé nous permettra d’accueillir en France, au sein de notre équipe, des doctorants chinois pendant plusieurs mois chaque année. Il permettra également de financer les missions en Chine de deux chercheurs de l’équipe, et si possible d’un jeune chercheur.