Pourriez-vous revenir sur l’histoire de MabQi ?
Pierre Martineau : MabQi est une spin-off de l’Institut de Recherche en Cancérologie de Montpellier (IRCM) créée fin 2017 pour valoriser un brevet déposé par l’équipe Inserm « Criblage fonctionnel et ciblage du cancer » (CFCC). L’entreprise capitalise également sur des technologies et des savoir-faire sur les banques synthétiques d’anticorps humains développés en collaboration avec l’équipe CFCC et exploitées parallèlement par la plateforme académique genAc.
L’entreprise opérant en activité de services, sélectionne et transfère à ses clients industriels du domaine de la biopharmacie des anticorps humains directement développables en thérapeutique. MabQi a obtenu son premier contrat au printemps 2018, et compte aujourd’hui une douzaine de partenariats avec des sociétés à l’international.
Le cœur de l’entreprise est installé depuis l’origine dans les locaux de l’IRCM. En 2021, MabQi s’est étendue sur 150 m² supplémentaires à proximité de l’Institut. En ce qui concerne les effectifs, l’entreprise n’a cessé de croître : elle compte à ce jour 11 personnes travaillant à temps plein.
Quelles problématiques avez-vous essayé de résoudre en créant cette spin-off ?
P.M. : Les technologies proposées par MabQi sont également disponibles au sein de l’équipe et de la plateforme académique genAc. Toutefois, beaucoup d’industriels préfèrent interagir avec une entreprise privée pour deux raisons :
- la gestion de la propriété industrielle et la signature de contrats sont plus simples et rapides ;
- les démarches en matière de recrutement et de gestion de locaux sont moins complexes.
Avez-vous des concurrents directs ? Quel est le caractère innovant qui vous différencie ?
P.M. : Nous avons de nombreux concurrents à l’international. La force de MabQi réside dans son savoir-faire sur les anticorps reconnu dans le monde académique, savoir-faire d’origine Inserm ce qui gage de qualité. Nous avons également des approches originales dans la génération d’anticorps humains, avec des propriétés optimisées pour le passage à l’échelle industrielle qui sont fortement appréciées par nos clients.
Comment le projet a‑t-il évolué depuis son lancement ?
P. M. : Une part importante des revenus dégagés par MabQi a été investie dans le développement de projets de R&D en partenariat étroit avec l’équipe Inserm CFCC. Cet effort collaboratif a abouti à la création de banques nouvelles exploitées à la fois par MabQi et par la plateforme publique GenAc.
Le passage de la science produite en laboratoire vers la création d’une spin-off est souvent représenté comme un parcours complexe. Était-ce le cas pour MabQi ? Avez-vous été accompagné ?
P. M. : Dans notre cas, le passage technique a été simple à gérer. Les premiers employés de la société étaient des anciens post-doctorants, PhD, ingénieurs de l’équipe CFCC. Tous les développements ont été réalisés en copropriété. Des accords de collaboration ont été mis en place entre l’équipe CFCC, l’Inserm, l’IRCM et MabQi.
Pour l’accompagnement, nous avons été aidés au démarrage par la SATT AxLR et les incubateurs de l’agglomération. Certaines rencontres ont été déterminantes. Elles nous ont permis de constituer l’équipe qu’il nous fallait avec l’ensemble des compétences que suppose la création d’une start-up. Nous avions bien sûr déjà identifié les compétences « technologiques », mais nous avons dû trouver les compétences « business » complémentaires. C’est à mon avis l’aspect le plus souvent négligé par les chercheurs académiques qui souhaitent se lancer dans la création d’entreprise. La bonne science ne suffit pas à faire fonctionner l’entreprise. Il faut également s’entourer d’une équipe performante sur les questions de management, de commercialisation et de finance.
Créateur d’entreprise et chercheur à l’Inserm. Que vous apporte cette double casquette ?
P. M. : Il y a 2 gains évidents. Premièrement, une accélération des recherches de l’équipe CFCC à travers la collaboration et les financements venant de MabQi, soit directement soit à travers des appels d’offre ciblés entreprise/académique. Deuxièmement, une concrétisation de nos projets avec une perspective claire de voir certains de nos anticorps devenir des médicaments dans les toutes prochaines années.
Comment voyez-vous l’avenir de MabQi sur le moyen-long terme ?
P.M. : Comme pour toutes les jeunes entreprises, l’avenir de MabQi est incertain. Nous devons continuer de croître, ce qui demande une activité business développement importante. Nous croyons et espérons toutefois que le rythme de croissance ne diminuera pas, ce qui permettrait d’envisager une société solide avec environ 25 employés d’ici 2 ans.