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VIH/sida : Pierre Delobel fait le point sur l’épidémie

A l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida du 1er décembre, Pierre Delobel, chef du service des maladies infectieuses et tropicales du CHU de Toulouse et chercheur à Infinity, fait le point sur l’épidémie de VIH/sida en 2022.

Occitanie Pyrénées
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Où en est la pandémie aujourd’hui ?
A ce jour, 38 millions de personnes vivent avec le VIH dans le monde. Le nombre de nouveaux cas et le nombre de décès diminuent, mais lentement. L’accès aux traitements antirétroviraux s’est beaucoup amélioré, en particulier dans les pays du Sud. Il faut rappeler que les personnes traitées avec une charge virale indétectable ne sont plus contagieuses. Si tous les patients étaient dépistés, traités et en succès thérapeutique (charge virale indétectable), il n’y aurait plus d’épidémie.
En France, 180 000 personnes sont infectées par le VIH dont 150 000 qui ont connaissance de leur statut virologique. On atteint un plateau de nouveaux cas de contamination (5 000 en 2021). Avec la crise sanitaire liée au Covid, les personnes à risque ont eu moins recours au dépistage, donc moins de nouveaux cas d’infection ont été comptabilisés. 


Quelles sont les populations atteintes en France ?
Le nombre de nouveaux cas dans la population homosexuelle masculine a diminué ces 5 dernières années grâce notamment à la prophylaxie pré-exposition (PrEP) qui est une bithérapie efficace pour des personnes qui ont des pratiques à risque. Mais, en France, il y a une épidémie à deux vitesses avec des inégalités sociales de santé évidentes. Il faudrait étendre la cible de la PrEP aux populations qui n’y ont pas accès, souvent par manque d’information sur ce moyen de prévention. A noter aussi qu’un quart à un tiers des découvertes de contamination ont lieu à un stade avancé de la maladie. On peut encore mourir du sida en France en cas de prise en charge tardive. Ce qui est fondamental c’est un dépistage précoce qui permet, dans les cas les plus favorables, d’avoir une espérance de vie normale.

Une fraction non négligeable de migrants se contamine après leur arrivée en France faute d’accès à la prévention. En effet, souvent dans une situation très précaire, ils n’ont pas accès aux moyens de prévention et notamment à la PrEP. L’Office français de l’immigration propose un dépistage systématique du VIH et des hépatites. Mais seules celles et ceux qui font une demande de titre de séjour en bénéficient. Puis il faut attendre 3 mois pour avoir une aide médicale d’État sauf situation d’urgence. Dans mon service, nous prenons en charge des personnes sans papier pour lesquelles il est impératif de maintenir un accès aux soins.

On peut encore mourir du sida en France en cas de prise en charge tardive 
Pierre Delobel
chef de service des maladies infectieuses et tropicales du CHU de Toulouse
chercheur à Infinity


En quoi consiste vos recherches à Infinity ?
Je m’intéresse à la persistance du virus dans l’intestin, un des réservoirs les plus importants du VIH. Une étude de cohorte soutenue par l’ANRS est en cours (EP61 GALT) : 42 patients infectés versus 42 témoins sont inclus. L’objectif est de caractériser finement ce réservoir grâce à des biopsies obtenues par endoscopie digestive. On caractérise de façon moléculaire le réservoir viral, et notamment les virus intacts capables de se répliquer. Ce sont ces virus qui se multiplieraient en cas d’arrêt du traitement. On se penche sur les aspects immunologiques de la muqueuse intestinale, son altération et sa non-reconstitution sous traitement. On identifie également les interactions avec le microbiote intestinal. La persistance du virus et d’une certaine inflammation muqueuse intestinale ont également des conséquences sur tout l’organisme chez les patients, avec notamment des liens entre inflammation chronique et troubles métaboliques.
Côté clinique, je coordonne par ailleurs l’actualisation des recommandations françaises sur la prise en charge du VIH/sida sous l’égide de la Haute Autorité de Santé. 

Quelles sont les avancées récentes sur le plan thérapeutique ?
Une nouvelle formule thérapeutique a été mise sur le marché : il s’agit de traitements injectables intramusculaires administrés tous les deux mois. Plus de comprimés à prendre tous les jours pour les patients ! Cela va dans le sens d’une amélioration de leur vie quotidienne. 

Dans les pays du Sud, l’accès aux traitements augmente avec une disparité entre les pays, mais, en ce qui concerne l’accès à la surveillance virologique, il reste beaucoup à faire.