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Maladies rénales, maladies silencieuses

A l'occasion de la semaine nationale du rein du 4 au 11 mars, Julie Bellière, MCU-PH, néphrologue au CHU de Toulouse et chercheure à l'I2MC dans l'équipe de Joost-Peter Schanstra, fait le point sur la recherche sur cet organe.

Occitanie Pyrénées
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En France, combien de personnes sont-elles atteintes d’une maladie du rein ?

Julie Bellière : Près de 3 millions de personnes souffrent d’une dégradation des capacités de filtration des reins, ou maladie rénale chronique. Près de 90 000 patients sont au stade le plus grave de l’insuffisance rénale chronique (le stade V) qui nécessite une transplantation rénale ou la mise en place d’un traitement de suppléance par hémodialyse ou dialyse péritonéale. Ces chiffres sous-estiment probablement le nombre de personnes concernées car malheureusement les maladies rénales sont le plus souvent silencieuses et ne sont pas diagnostiquées au stade précoce, d’où l’importance de la prévention et du dépistage. 

Quelles sont les maladies les plus fréquentes ?

Julie Bellière : Les maladies rénales les plus fréquentes sont les néphropathies dites « secondaires » à une ou plusieurs maladies, avec en tête de file l’hypertension (24 %) et le diabète (23 %). Par ailleurs, au sein des maladies rénales « primitives » les maladies auto-immunes qui touchent les glomérules, les unités de filtration des reins, sont les plus fréquentes (11 %). La maladie rénale génétique la plus répandue, la polykystose, concerne 6 % des patients ayant besoin d’une suppléance. Pour 20 % des patients, la maladie responsable de la dysfonction rénale n’est pas identifiable, car diagnostiquée trop tardivement, ce qui souligne encore la nécessité d’une identification précoce de la maladie (1). 


Quelles sont les sous-populations les plus touchées ?

Julie Bellière : La prévalence est plus élevée chez les femmes que chez les hommes et augmente avec l’âge (2). Les sous-populations les plus touchées sont les personnes à haut risque cardio-vasculaire, hypertendues et diabétiques. 


En quoi consistent vos recherches ?

Julie Bellière : Notre équipe se concentre sur la détection précoce, la compréhension et la découverte de molécules potentiellement capables de ralentir la progression de la maladie rénale et de ses complications cardiovasculaires. En particulier, nous cherchons à mieux comprendre ce qui se passe à la phase initiale d’une agression du rein par un phénomène « aigu » pour prévenir la survenue de cicatrices, qui sont à risque d’évoluer vers une maladie rénale « chronique ».
Pour ma part, je consacre mes recherches à l’étude du rôle du système immunitaire dans les phénomènes d’agression rénale aiguë. Je travaille tout particulièrement sur une situation qui représente 10 % des causes d’insuffisance rénale aiguë, à savoir la « rhabdomyolyse ». Ce phénomène survient après un traumatisme musculaire, par exemple, et conduit à la dysfonction des reins par accumulation de déchets et une activation « inappropriée » du système immunitaire. J’ai notamment contribuer à la mise en évidence du rôle des macrophages dans le pronostic de cette atteinte rénale dans un modèle animal (3). Nous continuons à étudier la diversité de ces cellules immunitaires pour essayer de bloquer leurs actions délétères en proposant de nouvelles approches plus ciblées. Nous avons obtenu des résultats préliminaires indiquant que ces cellules pouvaient souffrir d’un vieillissement accéléré. Nos projets sont actuellement tournés vers la sénescence des cellules immunitaires au cours de l’agression rénale aiguë. 

Quelle a été l’avancée majeure de ces dernières années sur cet organe ?

Julie Bellière : En néphrologie, l’avancée majeure de ces dernières années est l’arrivée en clinique d’une nouvelle classe de médicaments, les inhibiteurs de Sodium glucose co-transporter ou SGLT2. Ces médicaments à tropisme rénal, sont efficaces dans le ralentissement de la progression de la maladie rénale chronique, l’insuffisance cardiaque, et diminuent le risque de défaillance rénale et la mortalité chez des personnes diabétiques de type 2 avec une maladie rénale chronique. Fait nouveau, ces médicaments semblent également bénéfiques chez des patients atteints de maladie rénale chronique, même en l’absence de diabète (4). Cette classe thérapeutique, très bien tolérée, ouvre un espoir considérable dans la prévention de l’aggravation d’une maladie rénale chronique identifiée précocement. 

Références :

  1. Registre REIN Réseau Épidémiologique et Information en Néphrologie, 2021.
  2. Prévalence de la maladie rénale chronique en France, Néphrologie & Thérapeutique, 2021, vol. 17, n°. 7, p. 526 – 531.
  3. Specific macrophage subtypes influence the progression of rhabdomyolysis-induced kidney injury. JASN 2015 ; 26(6), 1363 – 77.
  4. Prescribing SGLT2 Inhibitors in Patients With CKD : Expanding Indications and Practical Considerations. Kidney Int Rep 2022 ; 7, 1463 – 1476.

Jeudi 9 mars 2023, ne manquez pas les animations de l’équipe de recherche de Joost-Peter Schanstra et des cliniciens du Département de néphrologie et transplantation d’organes du CHU de Toulouse (Pr Kamar) pour promouvoir le dépistage des maladies rénales !