Qu’est-ce que les organes lymphoïdes ?
Il existe deux types d’organes lymphoïdes, qui œuvrent pour l’immunité de notre organisme :
- Les organes lymphoïdes primaires (OLPs) : le thymus et la moelle osseuse.
- Les organes lymphoïdes secondaires (OLSs) : les ganglions lymphatiques & la rate ainsi que des tissus lymphoïdes associés aux muqueuses (MALT sur l’image).
Les OLPs sont le lieu du développement et de la maturation des cellules immunitaires de l’immunité adaptative : les lymphocytes T & les lymphocytes B. Les OLSs, quant à eux, permettent l’activation d’un petit nombre de ces cellules, de façon spécifique d’un pathogène ou d’une tumeur, assurant la production d’anticorps et de cellules tueuses. Pour en savoir plus sur l’immunité – Dossier Inserm
Les cellules stromales lymphoïdes (CSLs) sont d’importants organisateurs de la réponse immunitaire au sein des OLSs, en régulant le recrutement, la survie, et la sélection des lymphocytes. Il existe plusieurs types de CSLs, notamment les cellules fibroblastiques réticulaires (CFRs) et les cellules folliculaires dendritiques (CFDs) qui assurent l’organisation anatomique fine des OLSs. Cependant si ces CSLs ont été récemment caractérisées chez la souris elles restent très mal connues chez l’homme du fait de leur rareté et de leur difficulté d’accès et de purification. Les travaux de l’UMR 1236 menés à la fois in vitro et dans des modèles animaux laissent supposer une implication de ces CSLs dans le développement des lymphomes folliculaires.
Qu’est-ce qu’un lymphome folliculaire ?
Le lymphome folliculaire (LF) correspond à une catégorie de cancers affectant les cellules du système immunitaire, et plus particulièrement les lymphocytes B. Cette pathologie correspond à l’accumulation d’un clone de lymphocytes B dans les ganglions et la moelle osseuse, au contact d’une niche de soutien formée de cellules immunitaires et stromales. La compréhension du rôle de cette niche permettrait de proposer des stratégies thérapeutiques nouvelles dans une pathologie fréquente et encore incurable.
Le manque de données concernant les CSLs humaines en situation normale, ainsi que leur possible implication dans le LF, a motivé le travail réalisé dans le cadre de cette publication.
Quels sont les résultats de l’étude ?
Pour la première fois, l’étude, réalisée in situ, a décrit les caractéristiques et le fonctionnement des CSLs, et a cherché à comprendre comment elles pourraient intervenir dans le cadre d’un LF, à l’aide d’approches technologiques innovantes, incluant des tissus obtenus à partir de larges séries de patients atteints de LF.
Les résultats montrent que les CSLs humaines peuvent être distinguées en trois sous-ensembles qui se différencient tant par les marqueurs biologiques qu’ils portent, mais aussi par leurs fonctions propres. Ainsi, les travaux permettent de mettre en évidence les CFDs, les CFRs et leurs précurseurs locaux localisés autour des vaisseaux.
Les données ont par ailleurs révélé que les CSLs interagissent avec les lymphocytes B tumoraux de LF, en favorisant leur survie. De plus, ces interactions entrainent, en retour, une modification des CSLs par le biais de molécules produites par les lymphocytes B malins (TNF et TGFB notamment). On assiste en particulier à une induction de la molécule CCL21 qui va favoriser la dissémination des cellules tumorales. Ces dernières sont donc capables d’éduquer les CSLs environnantes pour les rendre capables de favoriser plus efficacement leur croissance.
Dans le cadre d’un LF, toutes ces données laissent entrevoir une possible thérapie en ciblant les CSLs, notamment en favorisant l’action des immunothérapies actuellement utilisées dans ce contexte.
(*) Immunofluorescence : Cette technique permet de révéler des sous-types de populations cellulaires particuliers. Elle se fonde sur la reconnaissance spécifique d’un marqueur présent sur les cellules d’intérêt. On dirige ainsi des anti-corps contre ce marqueur biologique. Ces anti-corps sont soit directement couplés à une molécule détectable en microscopie, soit reconnus par d’autres anti-corps qui, eux, sont associés à une molécule détectable. Pour en savoir davantage.