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PsyCOver : Projet national sur la santé mentale des professionnels de santé

L’équipe de recherche en épidémiologie sociale (ERES), de l’Institut Pierre Louis d’Epidémiologie et de Santé Publique (Unité Inserm 1136 / Sorbonne Université) est à l’initiative d’un projet de recherche sur la santé mentale des professionnels et étudiants de santé durant la pandémie de COVID-19. Afin d’en savoir plus sur cette étude et les modalités de participation, Cécile Vuillermoz et Leticia Bertuzzi, membres de l’équipe ERES, ont accepté de répondre à nos questions.

Paris-IDF Centre Est
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Qu’est-ce que le projet PsyCOver ?

La pandémie est survenue en France dans un contexte de tensions hospitalières fortes, avec de nombreuses manifestations, grèves, démissions à la fin de l’année de 2019 où les soignants exprimaient notamment la dégradation de leurs conditions de travail. Pourtant, les études sur la santé mentale des soignants sont assez rares avant la pandémie. En 2020, les premières études sur ce sujet en Chine durant l’épidémie de COVID-19 indiquent, comme les épidémies antérieures, un stress élevé chez les professionnels de santé. Or on sait qu’à la suite d’un stress élevé et/ou continu, peuvent survenir différentes réactions à court terme (modification du sommeil, augmentation du rythme cardiaque et de la respiration, augmentation ou diminution de l’appétit, douleurs corporelles), ou même des troubles de la santé mentale (dépression, anxiété, ou état de stress post-traumatique dans le cas d’un évènement exceptionnellement stressant) à plus long terme.

C’est dans ce contexte que nous avons décidé de mener ce projet. Nous avons reçu le soutien financier de l’ANR dans le cadre d’un appel à projet Flash en 2020.

Ce projet est constitué de deux parties. La première partie est une étude observationnelle qui se déroule en deux vagues, à 1 an puis 2 ans après la première vague de la pandémie (mars-mai 2020) dont le but est d’améliorer la connaissance sur la santé mentale et les inégalités sociales en santé mentale des professionnels et étudiants en santé.

La deuxième partie du projet est une intervention sur 5 semaines qui consiste à évaluer l’efficacité d’un dispositif existant visant à améliorer la capacité à faire face au stress (spécifiquement développé pour les professionnels de santé), mais aussi d’apporter un bénéfice individuel immédiat pour les participants. Si le programme est efficace, ce dispositif pourra être utilisé comme un outil de veille sanitaire tel qu’il l’est utilisé aux Etats-Unis. La méthode de ce projet pourra être utilisée dans d’autres contextes de crise car ce dispositif est transposable dans d’autres pays, ou à d’autres populations (pompiers, secouristes volontaires etc.)

Pouvez-vous nous en dire plus sur cette partie :« Programme de renforcement de la capacité à faire face au stress » ?

L’intervention consiste à utiliser le dispositif PsySTART-Responders® qui est un auto-questionnaire de 21 items permettant au participant d’évaluer rapidement l’exposition à des facteurs de stress dans le cadre de la pandémie de COVID-19.

S’il apparait que le participant est exposé à des facteurs de stress modérés à élevés, il lui est proposé d’utiliser le programme Anticipate.Plan.Deter™ qui comporte 3 phases :

La première phase « Anticipate » correspond à l’introduction sur les facteurs de stress, le participant y reçoit une brève formation sur les facteurs auxquels il peut faire face mais aussi les possibles répercussions de ce stress.

La deuxième phase « Plan » propose l’identification des facteurs de stress que les personnes trouvent difficiles à gérer ainsi que des ressources adaptatives pour y faire face. Cette phase est celle de l’élaboration d’un plan de résilience par le participant lui-même guidé par l’outil.

La troisième phase « Deter » renseigne sur la manière dont le participant devrait mettre en place son plan de résilience pour gérer et atténuer le stress.

Pourquoi avoir utilisé ce dispositif ?

  • C’est un dispositif dont la faisabilité a été testée dans d’autres pays
  • Il est rapide à mettre en place, mobilisable à tout moment et ne requiert pas la présence d’un tiers (ce qui est pratique dans les conditions actuelles)
  • Ensuite, il a été démontré que les facteurs de stress du questionnaire de PsySTART-Responder sont prédicteurs de la survenue d’un état de stress post-traumatique et de symptômes dépressifs
  • Enfin, si cette intervention venait à faire ses preuves lors de notre étude, nous pourrions en faire un outil de veille sanitaire telle qu’il existe aux Etats-Unis.

Comment seront analysés les résultats obtenus de la part des participants ? Sous quelle forme seront-ils diffusés ?

Les données collectées dans l’étude observationnelle de la première partie, permettront d’évaluer la présence et l’évolution de troubles de la santé mentale et d’identifier les déterminants sociaux associés à la présence de ces troubles.

Concernant l’intervention, l’efficacité du dispositif sera évaluée en comparant les scores de dépression, d’anxiété, de stress-post-traumatique et de la capacité de résilience avant/après l’intervention pour ceux qui ont participé à l’intervention. On comparera également les scores entre ceux qui ont participé et ceux qui n’ont pas participé à l’intervention. Une analyse qualitative décrira les stratégies de résilience employées par les participants.

Les résultats seront diffusés via des publications scientifiques mais seront aussi vulgarisés par des articles de blogs et sur les réseaux sociaux, afin que la population cible puisse y avoir accès.