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Alzheimer : vers un diagnostic précoce de la maladie

À l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre la maladie d'Alzheimer du 21 septembre, Florence Rémy, maîtresse de conférences en neurosciences à l'Université Toulouse III - Paul Sabatier et chercheure dans le laboratoire CerCo (CNRS, UT3) nous parle de deux projets aux financements conséquents : Prédicog et Locus-Tau. Leur objectif commun : améliorer le diagnostic précoce de la maladie.

Occitanie Pyrénées
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Interview menée par Solveig Pujol, stagiaire de 3e dans le service « information scientifique et communication » de la délégation régionale Inserm Occitanie Pyrénées.

Quel est votre sujet de recherche ?
Je m’intéresse au vieillissement cognitif et cérébral, normal et pathologique. Je cherche en particulier à mettre en relation les mesures physiologiques (principalement issues de l’imagerie cérébrale) et les mesures cognitives. Mes recherches ont, entre autres, précisé le lien étroit entre altération d’un réseau cérébral fronto-temporal et déficit de mémoire dès le stade précoce de la maladie d’Alzheimer. En France, environ un quart des personnes de plus de 80 ans sont atteintes de la maladie d’Alzheimer. Plus d’un million de personnes sont diagnostiquées à ce jour. On compte 200 000 nouveaux cas par an.

Vous avez obtenu 850 000 euros de la Fondation Vaincre Alzheimer. Pouvez-vous nous parler de votre projet Locus-Tau ?
Ce projet d’une durée de 4 ans a pour objectif d’améliorer le diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer. Il consiste à mesurer certains paramètres physiologiques pouvant potentiellement prédire l’évolution cognitive et l’apparition d’une maladie d’Alzheimer, chez le sujet sain de plus de 60 ans. Ainsi, 100 personnes de la cohorte longitudinale Inspire seront incluses dans l’étude, puis bénéficieront d’un suivi cognitif pendant une dizaine d’années (suivi assuré par le Gérontopôle du CHU de Toulouse). Nous réaliserons également un génotypage : sur les 100 participants, nous souhaitons inclure 50 personnes qui ont un risque génétique de développer la maladie.

C’est dans un noyau du tronc cérébral, à la base du cerveau, appelé le locus coeruleus, qu’ont été identifiées les premières lésions cellulaires caractéristiques de la maladie d’Alzheimer chez des personnes ne présentant aucun symptôme. On parle de la phase silencieuse de la maladie. Ces lésions proviennent d’une forme anormale de la protéine Tau qui s’agrège dans les neurones. Le neurone ne libère plus assez de neurotransmetteur vers le cerveau et finit par dégénérer. La phase silencieuse de la maladie d’Alzheimer peut durer 10 ans, voire plusieurs dizaines d’années. Les lésions cellulaires se transmettent ensuite du tronc cérébral vers le cortex. Cela correspond généralement à l’apparition des premiers troubles cognitifs.

Mes recherches précédentes au CerCo ont montré, à l’aide de l’IRM, une moindre activité de la région du locus coeruleus (LC) chez certains sujets âgés. Dans le projet Locus-Tau, une IRM permettra de mesurer l’intégrité du LC et sa connectivité avec les aires du cerveau. Un examen TEP, utilisant un traceur des lésions Tau, sera réalisé au début de l’étude pour rendre compte des lésions cellulaires dans l’ensemble de l’encéphale. Un oculomètre mesurera la dilatation pupillaire, au repos et lors d’un exercice cognitif qui met en jeu les neurones du LC. En effet, il a été montré que le diamètre pupillaire est étroitement relié à l’activité des neurones du LC. Nos données pilotes acquises au CerCo suggèrent une réponse pupillaire variable entre sujets âgés, et corrélée à la performance cognitive. Par ailleurs on sait que le diamètre pupillaire au repos est plus faible chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer que chez les sujets sains.

L’idée du projet est donc de caractériser, lors de la phase silencieuse de la maladie, l’état du LC à l’aide d’examens TEP, IRM et d’oculométrie. A terme, les mesures pertinentes identifiées dans le projet pourront compléter les marqueurs cliniques actuels, afin de pouvoir détecter de façon plus précoce une personne à risque de développer une maladie d’Alzheimer.

Les 3 partenaires du projet Locus-Tau sont ToNIC (Inserm / UT3), le CerCo et le CHU de Toulouse (Gérontopôle).

  • Porteur du projet : Pierre Payoux, PU-PH, directeur de ToNIC
  • Responsable scientifique : Florence Rémy, maîtresse de conférences
  • Porteur de l’étude clinique : Julien Delrieu, PH

Vous avez également obtenu un financement de l’appel à projets 2021 « recherche et société » de la Région Occitanie pour le projet Prédicog (Prédiction de la cognition) ? En quoi consiste ce projet ?
250 000 euros de la Région et environ 100 000 euros de deux start’ups (Suricog à Paris et Covirtua Healthcare à Colomiers, toutes deux développant des dispositifs médicaux) ont été alloués pour ce projet sur 3 ans.
100 personnes âgées de la cohorte Inspire, sans trouble cognitif, seront incluses. Le projet prévoit davantage de bilans cognitifs que le projet Locus-Tau, avec des exercices ciblant spécifiquement les fonctions cognitives dépendantes du LC (attention, inhibition, mémoire). Il n’y a pas d’examen TEP, mais uniquement des examens IRM et d’oculométrie.

Parmi les hypothèses avancées, une vie très active, socialement et cognitivement, pourrait favoriser la stimulation des neurones du locus coeruleus, et ainsi lutter contre l’accumulation de lésions cellulaires dans le cortex pour préserver les fonctions cognitives. 
Florence Rémy
Porteuse du projet Prédicog

Les outils de Covirtua Healthcare seront utilisés pour implémenter des exercices cognitifs interactifs et très ludiques, ce qui pourra diminuer l’anxiété des personnes âgées qui participent à l’étude. L’oculomètre développé par Suricog sera utilisé pour une mesure très précise des variations du diamètre pupillaire chez les participants.