Essais cliniques : vers un code de bonne conduite pour le recours aux volontaires sains
Dans un article publié dans Nature Medicine, des personnalités plaident pour une initiative internationale afin de limiter le risque de voir des « cobayes professionnels » se faire exploiter, mettre leur santé en danger et polluer les résultats des études. Signée par neuf personnalités de la recherche médicale des quatre coins du monde (France, Etats-Unis, Afrique du Sud, Malaisie, Argentine, etc.), cette tribune relaie une initiative pour établir un code de bonne conduite. L’initiative, baptisée « VolREthics » (pour volunteers in research and ethics), a été lancée par l’Inserm en février 2022, au sortir de la pandémie de Covid-19. La rapidité de la mise sur le marché des vaccins n’avait été possible que grâce à des « challenges vaccinaux » dans lesquels des volontaires ont accepté de recevoir un vaccin dont on ne savait pas grand-chose avant d’être confrontés à un virus que l’on savait incontrôlable. La France a instauré un plafond de rémunération (6 000 euros annuels) pour limiter les risques. Aux Etats-Unis, certains volontaires peuvent gagner de 30 000 à 40 000 dollars (27 400 à 36 600 euros) par an, souligne François Hirsch, coordinateur de VolREthics et ancien secrétaire général du comité d’éthique de l’Inserm. Le code de bonne conduite devrait, dans un premier temps, mettre en avant ce que les auteurs de l’article appellent « l’approche 4R », pour « respect, reduce [« réduire »], refine [« affiner »] and replace [« remplacer »] ». Alors que près de neuf essais cliniques sur dix seraient réalisés dans le monde pour tester des génériques par rapport au médicament de référence, les régulateurs nationaux pourraient par exemple s’accorder afin de mutualiser les études qu’ils exigent séparément à un même laboratoire pour une mise sur le marché.
Lemonde.fr, 16/08
Un rein de porc continue de fonctionner sur un humain après plus d’un mois
Un rein de porc génétiquement modifié continue à fonctionner 32 jours après sa transplantation sur un humain en état de mort cérébrale, un record et une étape clé vers une possible solution à la pénurie chronique de dons de cet organe, a annoncé hier une équipe scientifique américaine. Cette transplantation a eu lieu à l’hôpital NYU Langone de New York le 14 juillet sur un homme de 57 ans en état de mort cérébrale et placé sous respirateur artificiel, après avoir fait don de son corps à la science. Ces 32 jours représentent « la plus longue période durant laquelle un rein de porc génétiquement modifié a fonctionné chez un humain », s’est félicité l’hôpital dans un communiqué, indiquant prévoir de continuer l’expérience durant un mois supplémentaire. Les médecins ont également transplanté le thymus du porc, une glande jouant un rôle important dans la réponse immunitaire. L’idée est que le thymus aide les cellules du receveur à identifier celles du porc comme étant les siennes, aidant ainsi également à éviter un rejet, a expliqué lors d’une conférence de presse le Dr. Adam Griesemer, impliqué dans l’opération.
AFP, 16/08
En bref
Une équipe de chercheurs américains, dont les travaux sont publiés dans Nature Medicine, a mis au point une thérapie génique pour soigner l’alcoolisme, basée sur la modification des circuits de la récompense dans le cerveau. Plus l’addiction se développe, plus des altérations des voies nerveuses cérébrales se multiplient. Cela entraîne une réduction des niveaux de dopamine. Pour les scientifiques, cet état « hypodopaminergique » peut pousser les consommateurs excessifs d’alcool à recommencer à boire après des périodes d’abstinence. Les chercheurs ont utilisé un groupe de primates afin de « montrer que la libération prolongée du facteur neurotrophique dérivé de la glie (hGDNF) dans une région du cerveau appelée la zone tegmentale ventrale (VTA) peut empêcher un retour à une consommation excessive d’alcool après une période d’abstinence ». Leurs conclusions montrent que l’administration de cette thérapie génique a permis de réduire la consommation d’alcool chez les singes, même après des cycles d’abstinence puis de réintroduction de l’alcool.
Pourquoidocteur.fr, 16/08
L’Allemagne ouvre la voie à la légalisation du cannabis récréatif. Le texte doit encore être débattu et voté par le parlement. Il sera bientôt possible d’acheter et de posséder jusqu’à 25 grammes de cannabis à partir de 18 ans. Il faudra passer par un cannabis social club dont le fonctionnement sera contrôlé par les autorités. Les Allemands pourront aussi cultiver jusqu’à 3 plants par personne. Marie Jauffret-Roustide, sociologue à l’Inserm, a été interrogée par RMC Info concernant les avantages et limites de la légalisation du cannabis.
RMC Info, 17/08
Dans une étude publiée dans le New England Journal of Medicine (NEJM), des chercheurs du Massachusetts General Hospital (Boston, Etats-Unis) ont découvert qu’un petit organe souvent considéré comme inutile pouvait en réalité aider à lutter contre le cancer. Ce petit organe, situé entre les poumons, est le thymus. Cette petite glande joue un rôle essentiel pour l’immunité, selon l’Inserm : elle assure la « production de nouvelles cellules T », ou lymphocytes T, qui aident l’organisme à combattre les infections. Les scientifiques ont voulu évaluer l’incidence d’une thymectomie (ablation du thymus) et notamment sur le risque « de décès, de cancer et de maladie auto-immune » chez les adultes. Ils ont recruté 2.292 personnes. « En étudiant les personnes ayant subi une ablation du thymus, nous avons découvert que le thymus est absolument nécessaire à la santé. S’il n’est pas là, le risque de décès et de cancer est au moins doublé », explique David Scadden, auteur principal des travaux. En effet, cinq ans après l’opération, 7,4 % des patients ayant eu une thymectomie ont déclaré un cancer, contre 3,7 % des patients du groupe témoin.
Femmeactuelle.fr, 16/08
Dans un entretien à L’Obs, George Church, ponte américain du génie génétique, souligne que la biologie synthétique va complètement transformer la médecine, l’agriculture et l’industrie de demain. La biologie synthétique est « un terme qui recouvre largement le champ de l’ingénierie génétique. Cela consiste à « éditer » l’ADN d’organismes vivants, en coupant et collant de façon précise des gènes… mais aussi désormais à « designer » et à fabriquer de l’ADN entièrement en laboratoire ». Et d’ajouter : « Avec l’ADN, on peut programmer n’importe quel système vivant ! »
L’Obs, 17/08
En comparant des cellules de baleines et humaines, des chercheurs américains pourraient avoir trouvé la défense anticancer des baleines. Celle-ci tiendrait dans deux protéines, CIRBP et RPA2. Présentes chez tous les mammifères, elles ont pour fonction de réparer l’ADN. « Le départ d’un cancer se fait dans l’ADN, qui peut muter ou se casser », décrit Julien Marie, directeur de recherche à l’Inserm. Les cellules peuvent alors proliférer anormalement. Chez les baleines, CIRBP et RPA2 semblent exprimées en très grande quantité : elles répareraient ainsi l’ADN avec une incroyable efficacité. La température corporelle basse des cétacés, 33,8°C, pousserait à leur grande production.
Science-et-Vie.com, 16/08