Forte hausse du risque de dengue en France
Selon les experts du Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars), dont l’avis a été remis au ministère de la Santé, les arboviroses transmises par les moustiques invasifs de type Aedes – dengue, Zika et chikungunya – vont devenir un problème de santé publique dans les années à venir. « L’augmentation des cas en France métropolitaine au cours des prochains étés est inéluctable, indique Brigitte Autran, immunologiste et présidente du comité. Il faut s’y préparer par des campagnes de prévention, une meilleure organisation des acteurs de la lutte contre les moustiques, ainsi qu’un soutien à la recherche sur les traitements et vaccins. » Plus de 90 % de la population ont déjà rencontré le virus de la dengue en Martinique et en Guadeloupe ; 70 % en Guyane. « Malheureusement, l’immunité protectrice de la population est très difficile à acquérir dans la mesure où il existe quatre sérotypes du virus », explique l’infectiologue Denis Malvy, membre du Covars. En métropole, les cas sont en forte hausse. En 2022, 272 voyageurs de retour d’une zone de circulation du virus ont ainsi déclaré une dengue. Signal alarmant pour les experts, 65 cas autochtones – dont la transmission s’est faite sur le sol Français – ont été recensés en PACA, en Corse et en Occitanie. « Un scénario avec des foyers multiples sur le territoire n’est plus à écarter, d’autant que la dengue a montré sa capacité à circuler sur des territoires inédits », avertit Xavier de Lamballerie, virologue et membre du Covars. Le comité recommande une sensibilisation du grand public aux symptômes de ces maladies, mais aussi une formation des médecins généralistes et des biologistes libéraux, peu au fait de ce risque émergent. « Les grands événements internationaux programmés en métropole au cours des étés à venir (Coupe du monde de Rugby et Jeux olympiques) sont à surveiller », indique l’avis.
Le Figaro, 06/03
Contamination de l’eau potable en France par les métabolites du chlorothalonil, un pesticide interdit depuis 2019
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) estime, dans un rapport qui doit être rendu public ce jeudi, qu’environ un tiers de l’eau distribuée en France serait non conforme à la réglementation. Depuis plusieurs mois, un peu partout en France, les régies et les sociétés délégataires du service public de l’eau potable s’alarment de découvrir des concentrations élevées d’un produit de dégradation (ou « métabolite ») du chlorothalonil – un pesticide commercialisé par Syngenta, utilisé depuis 1970 et interdit en Europe en 2019. Dans son rapport, l’Anses confirme la présence quasi généralisée du métabolite en question – le R471811 –, dans les eaux de surface et souterraines de métropole. Ce dernier n’était pas recherché jusqu’à tout récemment, les laboratoires agréés n’étant pas tous capables de le mesurer. Plus alarmant encore, les filières de traitement conventionnelles ne parviennent pas à s’en débarrasser : une large part des Français reçoit ainsi au robinet une eau non conforme aux critères réglementaires de qualité du fait de cette seule molécule, c’est-à-dire que la concentration de celle-ci excède la limite prévue par la réglementation de 0,1 microgramme par litre (µg/L). Selon l’Anses, environ 34 % de l’eau distribuée en France serait non conforme à la réglementation – chiffre qui n’est qu’une estimation dépendante des choix d’échantillons opérés par les experts de l’agence. Certaines eaux embouteillées ne seraient pas épargnées.
Lemonde.fr, 05/04
En bref
Science et Vie – Hors Série indique que, depuis le 1er janvier 2023, les établissements de restauration rapide servant plus de 20 couverts simultanément ne peuvent plus utiliser de vaisselle jetable. L’heure est donc au réutilisable avec pour objectif, d’ici à 2040, de mettre fin à l’utilisation des emballages plastique à usage unique, car, même en carton, ces barquettes et gobelets contiennent des substances plastique afin de les rendre étanches. Parmi elles, les PFAS, substances per-et polyfluoroalkylées, qui font l’objet d’une surveillance accrue. L’Anses et l’Inserm ont d’ailleurs coconstruit avec des partenaires européens un programme de biomonitoring, HBM4EU, afin de surveiller l’exposition des personnes à ces substances chimiques.
Science et Vie – Hors Série, 01/05
Courrier International publie des extraits d’un article du New York Times qui se penche sur l’extraordinaire carrière de l’endocrinologue Etienne-Emile Baulieu, l’inventeur de la pilule abortive, qui exerce encore à 96 ans. Etienne-Emile Baulieu explique : « Je voulais que l’avortement ne soit plus un problème ». Le processus qui allait aboutir à la mise au point de la pilule abortive par le Dr Baulieu a commencé en 1961. A Paris, le Dr Baulieu, qui dirigeait une unité de l’Inserm, a refusé une proposition du laboratoire pharmaceutique Roussel-Uclaf de devenir chef de recherche, mais il a accepté un poste de consultant à temps partiel. Ce qui lui permettait d’utiliser certains laboratoires de la société et d’y travailler sur des molécules.
Courrier International, 06/04
Dans une chronique publiée dans L’Express, Alain Fischer, président de l’Académie des sciences et cofondateur de l’Institut des maladies génétiques (Imagine), explique que de nouveaux traitements performants devraient bientôt apporter une réponse durable aux patients atteints d’hémophilie. « Les patients auront bientôt le choix entre plusieurs stratégies performantes. C’est une belle illustration de ce que la recherche peut apporter à la médecine ». L’une des pistes est la thérapie génique dont l’objectif est de guérir les patients. « Des progrès substantiels sont intervenus ces dernières années. Il s’agit d’injecter par voie veineuse un virus anodin (le virus adéno-associé) pour transporter une version ajustée du gène du facteur VIII et permettre sa production par le foie. Il a été montré dans une étude bien menée (en comparaison avec le médicament prophylactique traditionnel) que ce traitement réduisait en moyenne de 85 % le risque d’hémorragies pendant deux ans », explique Alain Fischer.
L’Express, 06/04
L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a fait état, hier, d’un risque léger de malformation fœtale associé à la prise, à dose élevée et lorsque la femme est enceinte, d’hydroxychloroquine, traitement connu pour avoir fait l’objet de spéculations sur son efficacité supposée contre le Covid-19. « Les enfants exposés à l’hydroxychloroquine pendant la grossesse de leur mère courent un risque plus élevé de malformation grave à la naissance », a déclaré l’ANSM. L’agence se base sur une étude publiée en février dans la revue American Journal of Obstetrics and Gynecology. Réalisée en comparant l’issue de quelque 2.000 grossesses sous hydroxychloroquine à un groupe n’ayant pas pris ce traitement, elle conclut à un risque de malformations chez l’enfant. Ce risque reste toutefois très limité (1,33 plus élevé en cas de prise du médicament) et uniquement avéré quand l’hydroxychloroquine est prise sous une forme à haute dose. Ce traitement est surtout utilisé en rhumatologie pour ses propriétés anti-inflammatoires. Il est aussi employé dans la prévention du paludisme.
AFP, 05/04
Un vaccin maternel contre la bronchiolite, qui permet à la mère de transmettre in utero ses anticorps à l’enfant, et un anticorps monoclonal pour les nourrissons devraient être disponibles prochainement. Les derniers résultats du vaccin maternel, développé par Pfizer, ont été publiés hier dans le New England Journal of Medicine (NEJM). Dans cet essai de phase 3, 3 700 femmes enceintes ont été vaccinées et comparées à 3 700 autres recevant un placebo. L’injection administrée entre la 24e et 36e semaine de grossesse a permis de réduire les infections à VRS (virus respiratoire syncytial) sévères chez les bébés de ces volontaires dans les 6 premiers mois de leur vie (19 cas recensés dans les tandems mère-enfant vaccinés, contre 62 dans le groupe placebo). Par ailleurs, sur la même période, 57 bébés ont contracté une bronchiolite non sévère dans le groupe vacciné, contre 117 dans le groupe placebo.
Le Figaro, 06/04