Des recherches à Harvard sur des macaques suscitent l’indignation
Des travaux, menés au sein de l’école médicale de l’université américaine Harvard, au cours desquels les paupières de bébés macaques ont été suturées, pour étudier les conséquences neurobiologiques de la cécité, ont fait l’objet d’une lettre de protestation signée par 250 scientifiques, depuis la publication, mi-septembre, d’un article présentant les résultats de ces recherches, dans Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS). Lundi 17 octobre, 250 scientifiques – éthologues et primatologues pour la plupart – ont écrit à la publication pour lui demander de rétracter l’article. Les travaux contestés ont été conduits par la professeure Margaret Livingstone, du département de neurobiologie de Harvard. Elle a publié les résultats de ses observations de primates séparés de leur bébé : elle y relate que des femelles se sont attachées à leur « doudou » par le toucher, avec une préférence pour les peluches douces par rapport aux jouets durs. L’article de PNAS cite aussi des travaux antérieurs menés par la même équipe sur la perte de vision, qui impliquaient une suture temporaire des paupières de macaques nouveau-nés. Cette privation visuelle n’est plus en cours à l’université Harvard, mais la séparation maternelle continue, elle, d’être pratiquée. Hervé Chneiweiss, médecin neurologue français et président du comité d’éthique de l’Inserm, rappelle que « la sensibilité à la souffrance animale a beaucoup évolué depuis les expériences pionnières de Torsten Wiesel pratiquées chez le chaton au début des années 1960 ». Avec l’Américain David Hubel, Torsten Wiesel, neurobiologiste suédois, avait soumis des chatons à une privation visuelle de plusieurs mois et étudié ses effets sur le cortex visuel. En 1981, ces chercheurs avaient reçu le prix Nobel de médecine. Aujourd’hui, « la science ne peut s’exonérer de la perception sociale de nos pratiques et des solutions alternatives doivent être trouvées », insiste Hervé Chneiweiss.
Le Monde, 23/10
En bref
Science-et-Vie.com présente « six thérapies porteuses d’espoir ». Le site explique notamment que des dizaines de nouveaux médicaments « radiopharmaceutiques » sont actuellement en tests cliniques plus ou moins avancés, et des essais sont également en cours pour traiter une variété plus large de cancers, comme ceux affectant les sphères ORL, pulmonaire, digestive… L’efficacité des traitements existants pourrait même encore être dopée, en utilisant l’actinium-225, un émetteur de rayonnement alpha, en complément ou en remplacement du 177Lu, un émetteur bêta. « Le rayonnement alpha a une portée plus courte que le bêta, de l’ordre de 0,1 mm contre 1 mm, et délivre une énergie supérieure par unité de volume. Il pourrait donc détruire les cellules tumorales de façon encore plus ciblée et efficace, pourvu que le ciblage soit optimal afin de ne pas endommager les tissus sains environnants », résume Manuel Bardiès, directeur de recherche Inserm à l’Institut de recherche en cancérologie de Montpellier. Les scientifiques espèrent à terme personnaliser les traitements.
Science-et-Vie.com, 21/10
Les Echos consacrent un article à la biotech lyonnaise Orixha, fondée par des chercheurs de l’école vétérinaire de Maisons-Alfort (Val-de-Marne), de l’Inserm et de l’université canadienne de Sherbrooke, qui intègre le cercle fermé des lauréats de l’accélérateur du Conseil européen de l’Innovation (EIC), le programme d’aide aux entreprises innovantes qui lui apporte 7,5 millions d’euros. Depuis 2018, Orixha a mis au point une déclinaison pour les soins après un arrêt cardiaque. Baptisée Vent2Cool, la machine ventile et refroidit les patients afin d’améliorer leur pronostic vital après un arrêt cardiaque. Grâce à une subvention de 2,5 millions, Orixha entamera en 2023 la phase II des études cliniques sur des patients des hôpitaux Cochin, à Paris, et Erasme, à Bruxelles.
Les Echos, 23/10