Une victime du glyphosate indemnisée en France
Pour la première fois en France, le glyphosate, est officiellement considéré comme une cause potentielle de malformations congénitales. Théo Grataloup est porteur de graves malformations après une exposition prénatale à l’herbicide controversé. Près de seize ans après sa naissance, le 10 mars 2022, les experts du Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides (FIVP) ont reconnu « la possibilité du lien de causalité entre la pathologie de l’enfant et l’exposition aux pesticides durant la période prénatale du fait de l’activité professionnelle de l’un ou des deux parents », ouvrant droit à l’indemnisation de la famille, pour près d’un millier d’euros par mois. Jusqu’à présent, l’information a été tenue confidentielle par la famille, déjà médiatiquement exposée depuis qu’elle a assigné, en 2018, les sociétés Novajardin et Monsanto. L’affaire n’a pas encore été jugée : les parties s’échangent toujours leurs conclusions – processus ralenti par la nécessité de fournir une traduction française de tous les documents versés à la procédure. Pour le cas de Théo Grataloup, la Commission d’indemnisation des enfants victimes d’une exposition prénatale aux pesticides, attachée au FIVP et chargée de statuer sur les demandes, était composée de cinq chercheurs et/ou médecins d’université ou d’organismes de recherche publics, spécialistes des effets sanitaires des pesticides, des liens entre santé et environnement ou encore des malformations congénitales. « Juger de la présomption du lien entre l’exposition prénatale à des pesticides et ces malformations n’a pas toujours été facile, souligne Béatrice Béatrice Fervers, membre de la commission et cheffe du département Prévention Cancer Environnement du Centre Léon-Bérard à Lyon. En l’absence d’un tableau de maladie professionnelle, ou d’une classification de tératogénicité [avis collégial d’une institution d’expertise sur la capacité d’une substance à générer des malformations], nous avons dû revenir à l’examen de la littérature scientifique, notamment à l’expertise collective de l’Inserm [parue en juin 2021] ».
RFI, 10/10, Le Monde, 11/10
En bref
L’espoir d’un « vaccin thérapeutique » contre la récidive des cancers n’est plus un simple rêve, souligne Le Monde. En l’espace de quelques mois, début 2023, quatre essais cliniques aux résultats prometteurs sont venus le confirmer. En septembre, Ose Immunotherapeutics a alimenté la chronique avec son vaccin contre les cancers du poumon avancés. « Dans dix ans, on regardera peut-être 2023 comme le début d’une nouvelle révolution en oncologie », pronostique Nicolas Poirier, le directeur général de cette start-up. Avec un atout majeur, que soulignent tous ces essais : de très faibles effets indésirables dans un domaine où les traitements sont souvent toxiques. « Chaque tumeur trouvera son antigène et chaque patient sera vaccinable, veut croire Maha Ayyoub, directrice de l’équipe immunité antitumorale et immunothérapie au Centre de recherches en cancérologie de Toulouse. Il y a des familles d’antigènes que l’on ne connaît pas encore. Charge à nous de les découvrir. ».
Le Monde, édition Science et Médecine, 11/10
Des molécules destinées aux personnes souffrant de diabète, détournées à des fins de perte de poids, peuvent engendrer des effets indésirables parfois graves. Des chercheurs de l’université de Colombie-Britannique (UBC, Canada) ont publié, jeudi 5 octobre dans le JAMA, la première étude épidémiologique montrant un lien entre les médicaments amaigrissants, dont les principes actifs sont le sémaglutide (Ozempic et Wegovy) et le liraglutide (Rybelsus et Saxenda), et des affections gastro-intestinales sévères : pancréatite, obstruction intestinale, pathologies biliaires et gastroparésie – un retard dans le passage des aliments de l’estomac vers l’intestin grêle.
Le Monde, Science et Médecine, 11/10
« La politique familiale que mène l’État a un impact sur le taux de natalité », a affirmé la ministre des solidarités, Aurore Bergé, vendredi 6 octobre sur CNews. Les réformes « entreprises sous le quinquennat Hollande, qui ont limité le quotient familial et baissé les allocations, ont eu une incidence parce que c’est à partir de cette date qu’on voit une baisse progressive de la natalité ». A l’Union nationale des associations familiales (Unaf), on ne fait pas la même analyse. La baisse de la natalité a commencé en 2010 – 2011, et « le détricotage de la politique familiale a débuté avant le quinquennat de François Hollande, en 2009 – 2010, lorsque les pouvoirs publics ont commencé à vouloir faire des économies sur la branche famille, rappelle Guillemette Leneveu, directrice générale de l’Unaf. Il est vrai que la baisse du quotient familial [sur la base duquel est calculée la réduction d’impôts en fonction du nombre d’enfants], puis celle des allocations ont été plus emblématiques, mais à l’Unaf on considère que c’est un ensemble de coups de rabot qui sont à l’origine de la baisse de la natalité. » Le manque de places en crèche aurait une incidence sur le taux de fécondité, selon plusieurs spécialistes. Désormais, les futurs parents, et notamment les mères, veulent être sûrs de pouvoir retourner travailler après la naissance de leur enfant.
La Croix, 11/10
Le Figaro explique que le nombre de bénéficiaires de l’Aide médicale d’Etat (AME), réservée exclusivement aux immigrés clandestins, atteignait le chiffre de 422 686 au 31 mars dernier, contre 403 144 attributaires au 30 septembre 2022. C’est près de 20 000 bénéficiaires de plus en seulement six mois. Or, un nouveau semestre s’est écoulé depuis ce dernier pointage fait par la Caisse primaire d’assurance-maladie (CPAM), dans un contexte de pression migratoire hors norme, ponctué, mi-septembre, par l’affaire de Lampedusa. « Vu la trajectoire prise, le chiffre de 450 000 bénéficiaires de l’AME à la date d’aujourd’hui paraît tout à fait réaliste », estime la députée LR de l’Orne, Véronique Louwagie, rapporteur spécial de la mission santé à l’Assemblée nationale. En vingt ans, le nombre de bénéficiaires de l’AME a augmenté de 134 %. Véronique Louwagie n’hésite pas à décrire l’AME comme « un dispositif coûteux, dont l’évolution ne semble guère maîtrisée ». Au cours de ses travaux parlementaires, elle a pu identifier dix autres dispositifs concourant à l’offre de soins dispensés aux étrangers en situation irrégulière (qu’il s’agisse des soins spécifiques dans l’archipel de Mayotte, du maintien des droits expirés, des soins prodigués dans les centres de rétention administrative ou en détention, par exemple). Avec ces dix autres dispositifs, le budget absorbé par l’Etat dépasse 1,7 milliard d’euros par an, affirme-t-elle. La première ministre, Elisabeth Borne, a annoncé, le 8 octobre, la création d’une mission chargée de déterminer si des « adaptations » de l’AME sont « nécessaires ». La réforme est en bonne voie et le débat promet d’être animé, souligne le quotidien.
Le Figaro, 11/10