Monde de la santé : inquiétude face à l’emprise croissante des fonds d’investissement
Hier les laboratoires de biologie, aujourd’hui les cabinets de radiologie, et peut-être demain les centres de santé : l’emprise croissante des fonds d’investissement sur le système de santé inquiète le monde de la santé, explique l’AFP. La Sécurité sociale a choisi de consacrer à la « financiarisation de l’offre de soins » plusieurs pages de son rapport « Charges et produits » 2023. Le rachat de laboratoires, cabinets et autres lieux de soin par des fonds d’investissement est une « tendance de fond qu’il faut mieux comprendre et réguler », écrit-elle, en réclamant notamment de muscler la « transparence » de ces opérations, face au secret des affaires. « Nous sommes face à un phénomène de financiarisation qui se diffuse, dans de nouveaux domaines comme celui de la radiologie, et pose question », a résumé le directeur général de la Cnam, Thomas Fatôme, dans un entretien aux Echos lundi. Selon Jean-Philippe Masson, le président de la fédération nationale des médecins radiologues, une fois qu’ils ont pris la main sur les cabinets de radiologie, ces fonds financiers imposent des exigences de gestion contradictoires avec le bon fonctionnement du système de soin. « Certains cabinets se voient demander de multiplier certains examens qui sont mieux rémunérés, au détriment d’autres qui le sont moins », poursuit-t-il.
AFP, 11/07
Résultats prometteurs d’une thérapie habituellement réservée aux leucémies
Aujourd’hui en France rend compte des résultats « spectaculaires » d’une thérapie habituellement réservée aux leucémies, dont a bénéficié Maxime, 11 ans, atteint d’un grave trouble métabolique appelé acidurie D‑2 hydroxyglutarique (D‑2-HGA). Des résultats prometteurs qui viennent de faire l’objet d’une publication dans la revue scientifique Nature Medecine. L’enfant a reçu quotidiennement un comprimé d’enasidenib, une thérapie ultraciblée jusqu’à présent réservée aux adultes souffrant d’une certaine forme de leucémie aiguë. « Celles avec une anomalie du gène IDH2. Pour ces patients adultes, on savait que ça marchait », explique la pédiatre oncologue de Roussy, Birgit Geoerger. Or, les malades de D‑2-HGA, comme Maxime, présentent ces mêmes mutations dites IDH2. La docteure Georger et Virginie Penard-Lacronique, une chercheuse de l’Inserm spécialisée dans cette molécule, ont eu raison d’y croire. « Du jour au lendemain, ça a tout changé. Une semaine après avoir débuté les médicaments, la prise de sang de mon fils était normale. Pour nous, c’est spectaculaire », résume Samantha, sa maman. « Aujourd’hui, on ne craint plus tout le temps pour sa vie, et c’est déjà énorme », lancent les deux parents de Maxime. Une enfant de 8 ans avait déjà été traitée en 2021, avec elle aussi de larges améliorations. Bientôt, c’est un bébé de 6 mois qui devrait recevoir l’enasidenib à Gustave-Roussy, avec un vrai espoir en prenant en charge très précocement la maladie.
Aujourd’hui en France, 12/07
En bref
Dans son édition Science et Médecine, Le Monde rend compte d’une étude qui révèle un mécanisme moteur de l’évolution qui fait sauter des séquences ADN entre espèces animales. En se déplaçant puis en s’insérant dans de nouveaux sites des génomes, les « gènes sauteurs » ou « transposons » peuvent modifier en profondeur l’activité des gènes, créer de nouvelles fonctions cellulaires, assurer un transfert de gènes entre espèces. Bref, « ils apportent une très grande plasticité aux génomes des êtres vivants », explique Gael Cristofari, de l’université Côte d’Azur (CNRS-Inserm), à Nice. Ils ont notamment contribué, liste le chercheur, « à l’apparition de l’immunité acquise, et à l’invention du placenta et d’une protéine des synapses ». Une étude, publiée dans la revue Science, explique comment certains gènes sautent d’une espèce à une autre. Un vecteur hybride, nommé Maverick, est « un chaînon manquant entre les virus et les transposons », relève Cedric Feschotte, professeur de génétique à l’université Cornell, dans l’Etat de New York et un de ses découvreurs en 2005. Cet ADN vagabond, en effet, a permis un transfert de gènes entre deux espèces de vers nématodes aussi éloignées que l’espèce humaine l’est des poissons.
Le Monde, édition Science et Médecine, 12/07
Le Monde rend compte d’une alliance de sociétés de gestion qui souhaite peser pour « atténuer l’impact potentiellement négatif de la technologie sur la santé mentale et le bien-être ». Vingt-sept sociétés de gestion, des financiers de la tech, ont donc donné le coup d’envoi, hier, d’une « coalition » pour pousser les sociétés de hautes technologies à prendre des mesures concrètes. Dans le collimateur de ces investisseurs qui revendiquent plus de 2 000 milliards d’euros d’actifs gérés figurent certaines des plus grandes capitalisations mondiales : des fabricants de téléphones portables comme Apple et Samsung, de jeux vidéo comme Microsoft, de contenus comme Netflix, ou encore des géants d’Internet comme Alphabet et Tencent.
Le Monde, 12/07