La France à la recherche d’une stratégie sur les vaccins à ARNm
Pour cerner ce à quoi l’ARNm est le plus adapté, et mettre au point une stratégie nationale, les ministères de la Santé et de la recherche ont saisi en septembre le comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars), qui vient de rendre ses conclusions, expliquent Les Echos. Le comité conclut à un intérêt variable selon les types de maladies et lance un avertissement : la France est en retard dans cette technologie, et va devoir se réveiller. Le Covid a montré que les vaccins ARNm réduisaient de 70 % la mortalité avec une « très bonne tolérance, donc la capacité à être utilisés par la femme enceinte, ce qui permet de transmettre des anticorps au nouveau-né », note la présidente du Covars, Brigitte Autran. Mais comme les vaccins Covid classiques, l’ARNm n’empêche ni l’infection ni la transmission et ne suscite un taux élevé d’anticorps que sur une faible durée. Il peut aussi entraîner une allergie immédiate et a un coût élevé. La technologie de l’ARNm continuant d’évoluer, « ce ne sont pas des inconvénients définitifs », tempère la présidente. Mais pour concurrencer les vaccins classiques existants, « il faudra que l’ARNm soit plus efficace et moins cher », prévient Xavier de Lamballerie, virologue et membre du Covars, en citant le cas de la fièvre jaune, où le vaccin classique procure une immunité à vie.
Les Echos, 15/02
Procès en appel du Mediator : Irène Frachon réclame « justice »
Au procès en appel du Mediator, la pneumologue Irène Frachon a appelé hier la cour d’appel de Paris à « poser les bornes » face au « cynisme » des laboratoires Servier, « au nom des victimes du monde entier ». « Je vous supplie de faire justice », a‑t-elle déclaré. Campée à la barre, le médecin du CHU de Brest qui a révélé l’ampleur du scandale sanitaire du Mediator a retracé « probablement pour la dernière fois devant une juridiction pénale » son combat pour faire interdire ce médicament puis pour aider les victimes à obtenir réparation. Commercialisé comme antidiabétique en 1976 mais indûment prescrit comme coupe-faim jusqu’à son interdiction en 2009, le Mediator a entraîné de graves effets cardiovasculaires sur des milliers de patients, entraînant parfois leur mort. Depuis le 9 janvier, la cour d’appel de Paris rejuge Servier et son ex-directeur général, deux ans après la condamnation du laboratoire à 2,7 millions d’euros d’amende pour « tromperie aggravée » et « homicides et blessures involontaires ».
AFP, 14/02
En bref
Michèle Leduc, physicienne, directrice de recherche CNRS émérite au Laboratoire Kastler Brossel à l’École normale supérieure à Paris, et Zoë Hammatt, avocate, toutes deux membres du Conseil français de l’intégrité scientifique au Hcéres, publient une tribune dans Le Monde intitulée : « La France doit se mobiliser contre le harcèlement moral dans les laboratoires ». Elles formulent plusieurs suggestions parmi lesquelles « faire une analyse des procédures en vigueur pour gérer le harcèlement moral dans l’ensemble des établissements de recherche et mettre systématiquement en place des cellules d’écoute et de veille facilement accessibles et permettant un signalement anonyme (comme au CNRS et à l’Inserm) ».
Le Monde, édition Science et Médecine, 15/02
Le Sénat a transformé la garantie du droit à l’avortement dans la Constitution en « liberté » de recourir à l’IVG. Pour Nathalie Bajos, sociologue et directrice de recherche Inserm, EHESS, Camille Froidevaux-Metterie, philosophe et professeure de science politique à l’université de Reims, et Stéphanie Hennette-Vauchez, juriste et professeur à l’université Paris-Nanterre, ce changement confine à la malhonnêteté intellectuelle. Elles publient une tribune dans Le Monde intitulée : « Si elle inscrivait vraiment une garantie du droit à l’IVG dans sa Constitution, la France ferait œuvre pionnière ».
Le Monde, 15/02