La grande pénurie de médicaments en Europe
Selon Le Monde, même si les écarts de comptage selon les pays et le manque de transparence des industriels rendent la situation difficile à évaluer, les ruptures d’approvisionnement sont réelles en Europe, ce qui relance le débat sur la rentabilité du secteur. En Espagne, 672 médicaments sont actuellement en rupture de stock dans les officines. Ils sont 773 en Suisse, 375 en Estonie, plus de 3 000 en Italie – qui inclut également les produits dont la commercialisation a été arrêtée durant la dernière décennie. En France, à la date du 23 janvier, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) recensait sur son site Internet près de 320 médicaments d’intérêt thérapeutique majeur en forte tension. Le phénomène, qui n’est pas nouveau, inquiète de plus en plus les acteurs du secteur, qui voient les ruptures d’approvisionnement se multiplier année après année. « Nous faisons face à des ruptures qui sont exponentielles et qui concernent toutes les classes de médicaments. Anticancéreux, antidiabétiques, antiépileptiques, antalgiques, anti-hypertenseurs… Rien n’est épargné », détaille Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine. Le point d’orgue a été atteint à l’automne 2022, lorsque les versions pédiatriques du paracétamol et de l’amoxicilline, des basiques des armoires à pharmacie, ont commencé à manquer sur les étagères des officines européennes.
Le Monde, 25/01
En bref
Dans son édition Science et Médecine, Le Monde se penche sur la greffe d’utérus. Un premier bébé est né en France en 2021 d’une femme ayant bénéficié d’une transplantation d’utérus. Et, d’ici quelques semaines, cette même femme, Déborah Berlioz devrait accoucher d’un deuxième enfant à l’hôpital Foch (Suresnes, Hauts-de-Seine). Cette solution médicale est encore au stade des essais cliniques mais très prometteuse, explique le journal. Les programmes se sont multipliés dans le monde, en Europe (Italie, Allemagne, République tchèque, Serbie…), aux Etats-Unis, Brésil et Mexique ou encore en Chine, Australie, Corée du Sud… Au total, plus de 90 greffes utérines ont été réalisées, dont 75 % avec un greffon de donneuses vivantes (mère, sœur ou amie proche), et plus de 50 enfants sont nés. A eux seuls, les Etats-Unis et la Suède comptabilisent plus de 50 greffes.
Le Monde, édition Science et Médecine, 25/01
La méditation de pleine conscience a fait son entrée en médecine et en psychologie il y a plus de quarante ans, suscitant autant de passions que de scepticisme. Alors que les études tentant d’évaluer ses effets se multiplient aujourd’hui, la revue mensuelle Epsiloon s’interroge : « Méditation : Peut-elle vraiment soigner ?». L’évaluation des effets thérapeutiques de la méditation souffre d’un manque de rigueur méthodologique : « La qualité [des études] est très inégale, confirme Antoine Lutz, neuroscientifique à l’Inserm, à Lyon. Les protocoles ne sont pas définis avant ; les expériences ne sont pas réalisées en double aveugle ; les statistiques ne sont pas réalisées par des laboratoires indépendants… Difficile de distinguer ce qui est convaincant et ce qui reste à confirmer. » L’Inserm a lancé en décembre le recrutement de cohortes dans le but d’évaluer l’efficacité de la méditation sur l’eczéma et le psoriasis. « Le facteur d’auto-immunité, très lié à l’état psychique, est important pour ces maladies de peau. En réduisant le niveau d’anxiété, en normalisant l’humeur, il y a des chances que ça diminue l’occurrence des crises », analyse Emmanuel Mellet, psychiatre à l’institut des maladies neurodégénératives, à Bordeaux.
Epsiloon, 01/02
Une étude, menée entre 2017 et 2021 sur 12 000 personnes dans 21 centres de traumatologie américains et canadiens, constate qu’avaler de l’aspirine présente la même efficacité pour prévenir les caillots sanguins que les injections d’anticoagulants comme l’héparine souvent reçues par les patients opérés pour des fractures. Aucune différence significative n’apparaît ni dans le nombre de décès (45 contre 47) ni dans celui des embolies pulmonaires observées. Seul écart : des thromboses veineuses profondes apparaissent chez 2,5 % des patients du groupe aspirine et 1,7 % des patients sous héparine.
Le Monde, édition Science et Médecine, 25/01