Les risques sanitaires majeurs à Mayotte
Suite au passage dévastateur du cyclone Chido le 14 décembre, l’île de Mayotte fait face à une situation sanitaire préoccupante, détaillée par le Dr Éric d’Ortenzio, épidémiologiste à l’ANRS-Maladies infectieuses émergentes (Inserm). Les dommages aux infrastructures d’eau potable et d’assainissement exposent la population à des risques élevés de gastro-entérites, dues à la contamination des eaux par des agents pathogènes. Cette situation est d’autant plus alarmante pour les jeunes enfants, très vulnérables aux effets déshydratants de ces maladies. Le choléra, avec une épidémie récente ayant touché 220 personnes, représente une menace constante, particulièrement en raison de souches résistantes aux traitements. Les infections respiratoires aiguës sont aussi un risque accru par le regroupement des personnes dans des abris temporaires. Les conditions météorologiques ont également favorisé la prolifération de moustiques, vecteurs de maladies comme la dengue et le chikungunya. Enfin, la leptospirose, transmise par les eaux contaminées par les urines de rongeurs, est une préoccupation constante. Cette combinaison de facteurs met en évidence l’urgence de mesures de prévention et de contrôle pour protéger la santé des habitants de Mayotte.
Ménopause : vers une meilleure prise en charge et fin du tabou
En France, moins de 10 % des femmes ménopausées bénéficient d’un traitement hormonal, un chiffre en nette baisse par rapport à vingt ans auparavant. Cette réticence s’explique notamment par des craintes liées à des études antérieures associant le traitement hormonal de la ménopause (THM) à un risque accru de cancer du sein et de maladies cardiovasculaires. Cependant, un consensus émerge sur les bienfaits du THM contre les symptômes de la ménopause et en tant que protecteur face à certaines maladies. L’étude américaine de 2002, qui a contribué à la méfiance envers le THM, présentait plusieurs biais, notamment l’âge avancé des participantes et le retard dans l’initiation du traitement. Aujourd’hui, des études plus récentes et l’Inserm soulignent l’efficacité du THM dans la réduction des symptômes et la prévention de maladies osseuses ou cardio-vasculaires, avec une baisse significative de la mortalité globale. Les recommandations actuelles mettent l’accent sur une approche individualisée du THM, préconisant une évaluation personnalisée des risques et des bienfaits. Malgré une évolution des mentalités et une meilleure information, le défi reste de lever le tabou sur la ménopause et d’améliorer l’accompagnement des femmes durant cette période, notamment par la proposition de consultations spécifiques et la sensibilisation à un traitement adapté.
Le Monde
En bref
L’augmentation de l’anxiété chez les jeunes depuis la pandémie
La pandémie de Covid-19 a marqué un tournant dans la prise de conscience de la détérioration de la santé mentale des jeunes, avec une hausse notable de l’anxiété et des symptômes dépressifs. Une étude de l’Inserm et de l’université de Bordeaux révèle qu’en 2023, 41% des étudiants bordelais souffraient de symptômes dépressifs, une augmentation significative par rapport aux 26% avant la crise. L’isolement social dû au confinement et la transition vers l’enseignement à distance ont été particulièrement difficiles, exacerbant le sentiment de solitude. Malgré la fin du confinement, l’aggravation de la santé mentale des jeunes continue, influencée par des facteurs tels que la crise climatique, les conflits internationaux, et une économie incertaine. Michel Barnier a souligné l’importance de cette question, la désignant comme une grande cause nationale pour 2025. De plus, les jeunes femmes semblent être plus touchées, avec des taux plus élevés de pensées suicidaires et d’hospitalisations pour automutilation ou tentatives de suicide. Les professionnels de la psychiatrie alertent depuis longtemps sur le besoin urgent d’améliorer la prise en charge et le traitement de ces populations, mettant en garde contre une réponse trop centrée sur les médicaments. Le rapport de 2023 du Haut Conseil à la famille souligne une augmentation alarmante de la consommation de psychotropes chez les jeunes. La prévention précoce est essentielle, nécessitant une approche multisectorielle pour adresser les différents déterminants de la santé mentale.
Le Figaro
Inauguré en décembre 2021, PariSanté Campus se révèle comme un écosystème dynamique dédié à la santé numérique, situé en bordure de Paris et d’Issy-les-Moulineaux. Dirigé par le professeur Antoine Tesnière, ce campus ambitionne de rivaliser avec des institutions de renom telles que le MIT, en favorisant la collaboration entre le monde académique, les institutions publiques et les start-up innovantes. Fondé par cinq acteurs institutionnels, dont l’Inserm, l’Inria et l’université Paris Sciences et Lettres, le site de 20.000 mètres carrés accueille plus de 300 étudiants et 600 chercheurs dans divers domaines tels que les maladies infectieuses et l’intelligence artificielle. Il héberge également 83 start-up spécialisées dans un large éventail de domaines de la santé numérique, avec une forte proportion issues du milieu académique. Le financement du campus mélange contributions publiques et privées, avec un budget annuel avoisinant les 10 millions d’euros. Trois ans après son ouverture, PariSanté Campus envisage de déménager sur le site de l’ancien hôpital d’instruction des armées du Val-de-Grâce pour doubler sa superficie d’ici à 2030, projet soutenu par un budget de plus de 360 millions d’euros. Cette expansion vise à renforcer les liens avec le secteur hospitalier parisien et augmenter sa visibilité auprès du grand public.
Les Echos
Naviguer dans l’univers des influenceurs santé sur les réseaux sociaux est devenu un réel défi, notamment en raison de l’augmentation des informations de mauvaise qualité, particulièrement sur des sujets sensibles tels que la vaccination, la nutrition et les cancers. Laurent Cordonier, sociologue et directeur de la recherche à la Fondation Descartes, révèle dans une étude que les Français s’informant régulièrement sur YouTube concernant la santé sont plus susceptibles de renoncer à des traitements médicaux au profit de thérapies alternatives. Plus alarmant encore, les utilisateurs fréquents de TikTok ont montré une propension plus élevée à refuser des vaccins recommandés. Cependant, au milieu de cette jungle d’informations parfois douteuses, certains influenceurs, comme Lorie Pester ou Miel Abitbol, utilisent leur notoriété pour briser des tabous ou promouvoir la prévention, en collaboration avec des professionnels de santé. Ces initiatives soulignent l’importance d’une approche équilibrée et informée de la santé sur les plateformes numériques, où la vérification des sources et le discernement sont essentiels face à la profusion d’informations disponibles.
Le Figaro
Dans une étude récente publiée dans la revue Nature, Michel Milinkovitch, professeur de génétique et évolution à l’université de Genève, révèle des découvertes surprenantes concernant la croissance des écailles sur la gueule du crocodile du Nil. Contrairement à la croyance répandue que les écailles proviennent d’un processus génétique de spécialisation cellulaire, comme c’est le cas pour les plumes des oiseaux ou les poils des rongeurs, les écailles du crocodile résultent de simples contraintes physiques. L’étude met en évidence que les écailles ne sont pas une “unité développementale” génétique mais se forment par des contraintes mécaniques entraînant la formation de sillons, puis de polygones sur la peau. À travers une série d’expériences, notamment l’injection d’un facteur de croissance dans un œuf, l’équipe de recherche a observé une accélération de la formation des plis et des polygones, suggérant que la différence de vitesse de croissance entre l’épiderme, le derme et l’os est un facteur clé. Cette découverte, qui a fait la couverture de la revue Science en 2013, remet en question la place prédominante du génétique dans la formation des caractéristiques biologiques, suggérant un rôle crucial de la mécanique. Marie-Emilie Terret, directrice de recherche à l’Inserm, souligne l’importance de replacer ces recherches dans un contexte évolutif, notant que des expériences supplémentaires ont montré que des variations dans le traitement peuvent produire des écailles ressemblant à celles d’autres espèces, comme le caïman. Cette découverte illustre la rencontre entre les principes de Darwin et de Newton dans l’évolution des espèces.
Le Monde